Samedi 12 octobre dernier, les banquiers et spécialistes de la finance de la place togolaise se sont réunis à Lomé pour un rendez-vous d’échanges baptisé « Loft du week-end », consacré à la gestion des risques bancaires. Cet atelier, organisé dans un hôtel à Baguida, a été animé par Khalid Yacoubou-Boukari, Responsable des Engagements à IB Bank Togo et consultant spécialiste en gestion des risques. À travers cet événement, les participants ont pu approfondir leur compréhension des dispositifs régulant la gestion des risques, en particulier ceux contenus dans la Circulaire N°04-2017/CB/C, un texte central dans l’arsenal réglementaire de l’UEMOA.

La gestion des risques, une priorité réglementaire

La Circulaire N°04-2017/CB/C, publiée par la Commission bancaire de l’UEMOA, impose des standards rigoureux aux établissements de crédit et compagnies financières opérant dans la zone. L’objectif de ce cadre réglementaire est de renforcer la résilience des institutions financières face aux risques croissants auxquels elles sont confrontées dans un contexte économique mondial marqué par l'incertitude.

Khalid Yacoubou-Boukari a présenté de manière détaillée les principales dispositions de cette circulaire. Parmi celles-ci, la nécessité pour chaque institution de mettre en place un dispositif de gestion des risques couvrant les quatre grands domaines suivants : le crédit, le marché, la liquidité et le risque opérationnel. « Les organes de gouvernance doivent jouer un rôle de premier plan en définissant une stratégie claire en matière de gestion des risques, appuyée par une politique d'appétence au risque et des limites opérationnelles strictes », a expliqué l’expert.

La circulaire impose également aux établissements financiers de l’UEMOA de se doter de systèmes de gestion des risques indépendants, suffisamment outillés en ressources humaines et techniques, pour une surveillance efficace des différents risques auxquels ils sont exposés. « Ce cadre repose sur une approche holistique, où la gestion des risques est une composante transversale, liée à toutes les opérations de la banque », a-t-il indiqué.

Cartographie des risques et appétence au risque

L'un des points majeurs abordés lors de l’atelier est l’exigence de la cartographie des risques, un document que chaque banque doit régulièrement actualiser. Selon la circulaire, cette cartographie doit inclure une identification claire des principaux risques encourus par l'institution, classés par secteur d'activité et par zone géographique, et validée par les organes de gouvernance au moins une fois par an. La mise à jour régulière de cette cartographie permet de garantir que les risques émergents sont identifiés en temps réel et intégrés dans le système de gestion des risques de l’établissement, détaille le formateur passé notamment par la BOA Togo.

Il a aussi insisté sur la politique d'appétence au risque, un document essentiel qui définit les limites globales et opérationnelles de risque que l'institution est prête à accepter. Il s'agit notamment des seuils de tolérance en matière de crédits, de concentration des engagements ou encore des transactions hors bilan. « Toute infraction à ces limites doit faire l'objet d'une remontée immédiate aux organes délibérants pour des mesures correctives », a rappelé Khalid Yacoubou-Boukari.

Renforcement des équipes et simulations de crise

Pour répondre aux exigences croissantes de la gestion des risques, la circulaire impose aux établissements financiers de renforcer leurs équipes spécialisées. Khalid Yacoubou-Boukari a souligné l’importance de la formation continue du personnel dédié, en mentionnant les efforts de la Commission bancaire. Il a précisé que celle-ci a mis en place des programmes de formation, notamment via le COFEB, avec des cursus tels que le Parcours Bâle II-III, qui deviendra, selon lui, une étape obligatoire pour tout banquier de l’Uemoa aspirant à une responsabilité de gestionnaire de risque.   Le partenariat avec HEC Paris avec les certifications Management - Stratégique Bancaire 1 & 2, subventionnés pour les banquiers de la sous-région, renforce ce cadre. « Une direction des risques bien staffée, avec une autorité suffisante, est importante pour que l’institution puisse couvrir efficacement l’ensemble des risques auxquels elle est exposée », a-t-il expliqué.

En parallèle, la circulaire exige la mise en place de simulations de crise, visant à tester la robustesse des dispositifs de gestion des risques en cas de situations imprévues. Ces simulations doivent permettre aux institutions d'anticiper les chocs potentiels et de préparer des plans d’action correctifs, afin de répondre de manière adéquate aux crises financières ou aux perturbations opérationnelles. Les établissements doivent aussi se doter d'un système de surveillance continue pour détecter les écarts par rapport aux limites de risque fixées, et alerter les organes de gouvernance en cas de besoin, apprend-on. 

Le rôle des organes de gouvernance

La gouvernance des risques est au cœur des recommandations de la Circulaire. Selon l’expert, les comités des risques, émanant des conseils d'administration des banques, doivent s'assurer que toutes les politiques et procédures relatives à la gestion des risques sont bien mises en œuvre. Ces comités ont la responsabilité de surveiller les risques de manière active et de rendre des comptes régulièrement à la Commission bancaire.

Dans cette optique, Khalid Yacoubou-Boukari a insisté sur l’importance de la séparation des tâches entre les directions opérationnelles, notamment celles en charge des activités génératrices de revenus, et les directions des risques. Cette indépendance est primordiale pour éviter tout conflit d’intérêt et garantir une gestion objective des risques.

Les établissements sont également tenus de soumettre semestriellement à leurs organes de gouvernance, un rapport détaillé sur leur gestion des risques. Ce rapport doit inclure des informations sur la nature et le niveau d’exposition aux risques, les besoins en fonds propres et en liquidités, ainsi que sur la qualité du portefeuille de crédits et les provisions associées. Des revues régulières doivent également être faites pour les risques de concentration, en particulier pour les expositions significatives à un secteur ou à une région géographique spécifique.

Une dynamique de modernisation

L’atelier a également été l’occasion pour Khalid Yacoubou-Boukari de rappeler que la gestion des risques dans l’UEMOA ne doit pas se limiter à répondre aux exigences réglementaires, mais doit aussi s'inscrire dans une dynamique de modernisation. Dans la circulaire, les établissements financiers sont encouragés à adopter des outils technologiques permettant une meilleure collecte et analyse des données, notamment en ce qui concerne les événements de pertes opérationnelles.

De plus, l’introduction de nouveaux produits financiers doit être accompagnée d’une évaluation minutieuse des risques inhérents. « Chaque produit, chaque processus doit être scruté sous l’angle du risque, avec des mesures d’atténuation adaptées », a expliqué le formateur. L’objectif est de faire en sorte que les innovations financières ne fragilisent pas les institutions, mais contribuent à leur solidité.

Fiacre E. Kakpo

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Simplice Toyi Assih vient d'être nommé Directeur Général de l'Union Togolaise de Banque (UTB), la dernière banque entièrement détenue par l’État, et qui fait face à des défis significatifs, notamment une faible capitalisation, des fonds propres déficitaires et un portefeuille de prêts à haut risque.

Avec plus de 23 ans de carrière, le nouveau DG apporte des compétences pointues en gestion financière, analyse des risques et stratégie bancaire, acquises à travers ses différentes expériences en Afrique de l'Ouest et Centrale (Bénin, Sénégal, Cap-Vert, Mali, Togo, Cameroun). Il prend les commandes d'une banque confrontée à des exigences croissantes de restructuration et de privatisation, sous l’œil vigilant du Fonds Monétaire International (FMI). 

Si ces difficultés ont incité le FMI à recommander une privatisation, une direction que l'État a partiellement suivie en choisissant une stratégie qui inclut aussi un soutien financier direct pour tenter de restaurer la viabilité de la banque, depuis 2017, plusieurs acheteurs potentiels ont dû retirer leurs offres suite à des audits de due diligence qui ont révélé des déficiences financières critiques. Que ce soit Ecobank, Coris Bank ou même Vista Bank.

Dans la loi de finances en cours d’exécution, l’État togolais prévoyait encore d’injecter au moins 13 milliards de FCFA à travers un plan de sauvetage pour stabiliser la banque et un autre plan de 66,9 milliards FCFA est annoncé, financé sur ressources publiques pour acquérir les sièges et infrastructures de l’UTB et de l’ex-BTCI. Simplice Toyi Assih pourrait-il être l’homme providentiel de cette banque, autrefois la pierre angulaire de l’économie togolaise, qui aujourd’hui, ayant connu bien des remous à sa tête ces dernières années, continue de souffrir d’une exposition accrue aux secteurs nécessitant une redynamisation, comme le coton et les phosphates ? Environ un tiers de ses crédits totaux sont liés au gouvernement et aux industries du coton et du phosphate.

L’homme d’Ecobank à la tête de l’UTB

Simplice Assih débute sa carrière après des études en économie à l'Université de Lomé, complétées par un diplôme en gestion bancaire du Conservatoire National des Arts et Métiers en France, ainsi qu'un Global Executive MBA de l'IE Business School. Avant de rejoindre Ecobank, où il a principalement tracé son chemin professionnel, Assih a d'abord travaillé à la Société Nationale d'Investissement, actuellement Orabank - Togo, où il a été responsable de la gestion des relations avec des clients corporatifs, et chez Cauris Management SA à Lomé, où il a géré des portefeuilles d’investissements et participé à des analyses de rentabilité et à des due diligences. 

Fort de cette expérience, il rejoint Ecobank Transnational Incorporated (ETI), où il gravit rapidement les échelons. Après des débuts en tant qu’assistant du CFO du groupe en 2004, il prend des responsabilités plus élevées comme CFO pour Ecobank au Bénin (2006), dans les régions de l’UEMOA (2009) et de la CEMAC (2009). Puis à partir de 2010, il doit implémenter les priorités stratégiques en matière de finances et de risques dans l'ensemble du groupe, ce qui fera d’Ecobank, l’un des pionniers dans la mise en œuvre du système d'information de gestion, socle de la digitalisation dans les années qui vont suivre. Une fois cette mission terminée, il prend la direction générale adjointe d’Ecobank Cap-Vert et, quatre ans plus tard, devient directeur exécutif à Ecobank Mali, où il est chargé de superviser des opérations bancaires d’entreprise et la gestion des risques. Courant 2021, Simplice Toyi Assih revient au Togo pour prendre la tête de la branche corporate de la filiale.

De grosses attentes

C'est donc avec cette solide expérience régionale en gestion financière et une compréhension approfondie des défis spécifiques aux marchés émergents que Simplice Toyi Assih s'apprête à faire face aux défis de l'UTB. À la tête de l'UTB, créée en juin 1964 et ayant compté dans son actionnariat des entités telles que Crédit Lyonnais, Deutsche Bank et Banca Commerciale Italiana avant de devenir une institution étatique, il ne s'agira pas seulement de redresser une banque, mais de redéfinir le rôle d'une institution financière nationale dans un contexte économique en rapide mutation, ou, à tout le moins, de mener à bien sa privatisation, à l'instar de la BTCI devenue IB Bank en 2021, tombée entre les mains de Mahamadou Bonkoungou, le magnat du BTP. Les espoirs sont grands et les attentes encore plus.

Fiacre E. Kakpo

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En réponse aux nouvelles directives de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) exigeant un capital minimum de 20 milliards F CFA et accompagnées d’un moratoire de 3 ans, la Bank of Africa (BOA) se prépare à se mettre aux normes. Le groupe bancaire vient d'annoncer une opération imminente d'augmentation de capital pour ses filiales cotées à la BRVM, mais également pour sa filiale togolaise, BOA Togo, qu'il détient à travers BOA West Africa à 94,46 %, depuis 2017. Cette année-là, le capital était déjà passé de 10 milliards de F CFA à 15,5 milliards F CFA. 

Le reste est détenu par un pool d’investisseurs privés, comprenant l'homme d'affaires burkinabé, président du Conseil d'administration, Lassiné Diawara (5 %), Abdoulaye Seydi (0,47 %), Paul Derreumaux (0,04 %), président de la BOA de sa création jusqu’en 2011 et d'autres petits actionnaires, dont l'ancien PCA Paulin Laurent Cossi. Cette démarche intervient à un moment où la solidité financière des banques est plus que jamais au cœur des préoccupations économiques régionales.

Selon le mécanisme décrit dans son communiqué, l'opération se fera par l'émission de nouvelles actions gratuites, un mécanisme fréquemment utilisé par les entreprises cherchant à renforcer leur capital sans diluer la valeur des actions existantes. Pour les actionnaires existants, cela signifie qu'ils recevront des actions supplémentaires proportionnellement à leurs parts actuelles, sans devoir investir de capital supplémentaire.

De plus, le groupe indique que ces nouvelles actions sont émises par incorporation de réserves, c'est-à-dire que les filiales convertiront une partie de leurs réserves accumulées en capital. Ce processus est essentiel pour renforcer le bilan de la banque sans affecter sa liquidité. Les actions émises porteront jouissance à partir du 1er janvier 2024, ce qui signifie que les nouveaux actionnaires auront droit aux dividendes et autres droits à partir de cette date.

Cependant, dans le cas de la filiale togolaise, la stratégie d'augmentation de capital par incorporation des réserves soulève des interrogations. Avec un historique de pertes accumulées ayant entraîné un report à nouveau négatif de plus de 1,5 milliard F CFA en 2022, et des réserves quasi inexistantes selon les rapports financiers examinés par les équipes de Togo First (tous les rapports disponibles de 2015 à 2022), l'équation semble plus que complexe. La stratégie soulève des interrogations quant à sa faisabilité étant donné l'absence de réserves suffisantes pour soutenir une telle opération.

La banque n’a toujours pas communiqué sur son résultat net de l’année 2023, et même si son PNB a encore connu une progression remarquable, il faudrait au moins un bénéfice non distribuable de plus de 4,5 milliards F CFA pour réaliser l’opération.

Cependant, l'augmentation de capital de BOA-Togo intervient à un moment où la banque montre des signes forts de croissance et de résilience. Entre 2015 et 2023, la banque a affiché une progression notable de ses indicateurs financiers, comme en témoigne l'évolution de son Produit Net Bancaire (PNB). Passant de 2,7 milliards F CFA en 2015, sa première année d'activités, à 12,8 milliards l'année dernière, la banque a réalisé une croissance régulière à deux chiffres chaque année, signe d'une expansion solide de ses activités. Le total du bilan de 217,5 milliards de F CFA est nettement supérieur aux 196 milliards de F CFA de 2022. Sous la direction de Youssef Ibrahimi, arrivé en 2021, la banque a amorcé un redressement de ses profits. Après avoir franchi la barre des 2 milliards F CFA en 2021, le 8e actif du secteur a continué sur sa lancée avec un bénéfice atteignant 2 420 millions de F CFA en 2022.

Pour BOA-Togo, cette augmentation de capital n'est pas seulement une réponse à une exigence réglementaire. Elle est aussi le reflet d'une ambition plus large : celle de consolider ses acquis et de se positionner comme un acteur majeur du secteur bancaire togolais, alors qu'elle a lancé l'année dernière d'importants programmes de financement des PME avec une enveloppe disponible de plusieurs centaines de milliards de FCFA.

Cette opération de BOA-Togo lance ainsi la saison des augmentations de capital pour d'autres institutions financières togolaises - plus de la moitié - qui doivent se mettre en conformité avec les nouvelles normes de la Banque Centrale.

Fiacre E. Kakpo

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Ce panorama du marché du mobile money au Togo montre un secteur en pleine croissance, marqué par une compétition féroce et une capacité d'adaptation qui seront déterminantes pour le futur du paiement numérique dans le pays. Les deux services connaissent des fortunes diverses. 

Au premier trimestre de 2024, le secteur du mobile money au Togo a présenté un bilan contrasté, caractérisé par des performances divergentes entre les deux principaux opérateurs du pays. Tandis que Moov Africa Togo a enregistré une baisse significative de la valeur de ses transactions, Togo Cellulaire (Tmoney) a vu ses transactions et son nombre d'abonnés augmenter. 

Selon les données de l’ARCEP, Moov Africa Togo, avec son service Flooz, a enregistré une baisse de 12% de la valeur de ses transactions par rapport au premier trimestre de 2023, s'établissant à 269 milliards FCFA, tandis que le nombre de transactions (volume) est resté stable à 22 millions. 

Cette performance contraste avec une légère amélioration par rapport au quatrième trimestre de 2023, où une augmentation de 7% de la valeur des transactions avait été observée. Tmoney, quant à lui, est en tête avec une augmentation de 11% de la valeur des transactions, atteignant 649 milliards FCFA, et un bond de 25% du nombre de transactions. 

Ce dynamisme lui permet de contrôler 61% du marché des abonnés, contre 39% pour Moov Africa Togo. La valeur totale des transactions sur le marché du mobile money a atteint 917 milliards FCFA au premier trimestre 2024, marquant une augmentation de 3% par rapport au dernier trimestre de 2023.

Cette période a également vu une augmentation significative des abonnés au service de mobile money. Moov Africa Togo a vu ses abonnés augmenter de 9% pour atteindre 1 398 546, tandis que Togo Cellulaire a enregistré une augmentation toujours plus importante de 18% de ses abonnés pour arriver à 2 155 326. 

Ces performances s'accompagnent d'une augmentation du taux de pénétration du mobile money, qui est passé de 38,1% à 42,4% d'une année sur l'autre, signe d'une adoption croissante des services de paiement mobile parmi la population togolaise. Ce niveau de pénétration montre également un potentiel de croissance que les acteurs cherchent de plus en plus à conquérir, qu'il s'agisse des opérateurs de téléphonie mobile, leaders historiques du marché, des banques, qui restaient jusqu'ici des partenaires (comme Coris Money), ou des fintechs.

Ces derniers mois, le paysage togolais du mobile money a connu une transformation rapide avec le lancement de plusieurs services innovants par des acteurs clés du marché. En mai 2024, Orabank Togo et Togocom ont consolidé leur collaboration par le biais d'un nouveau service, Pass TMoney, qui simplifie les transactions financières en permettant aux clients de transférer des fonds, de consulter les soldes et les relevés de compte directement depuis leur mobile, éliminant ainsi la nécessité de déplacements physiques pour ces opérations bancaires. 

Le dynamisme du secteur s'est poursuivi en juin 2024, lorsque la filiale togolaise d'Orabank, en partenariat avec Moov Africa Togo, a lancé PASS MONEY FLOOZ, un service de mobile banking qui permet également des transferts de fonds entre les comptes Flooz et Orabank même en l'absence de connexion internet, un progrès significatif dans l'accessibilité des services financiers. 

En parallèle, en juillet, l'initiative Move Money GAB, fruit de la collaboration entre Moov Africa et Ecobank, propose des retraits d'argent sans nécessité de carte bancaire aux guichets d’Ecobank.

Fiacre E. Kakpo

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Après des années de turbulence, IB Bank Togo (ex-BTCI) a réalisé un bénéfice net de plus de 3 milliards de francs CFA, un redressement important par rapport aux 8,8 milliards de perte de l’année précédente. L'information a été partagée par Khalid Yacoubou Boukari, Directeur des engagements de la banque, sur sa page LinkedIn, sans plus de détails.

Finalisé en 2021, le processus de privatisation de la banque faisait partie d'une stratégie visant à renforcer la santé financière de cette banque ainsi que sa contribution à l'économie nationale. L'État conserve une participation de 10 %, tandis qu'IB Holding détient les 90 % restants. L’opération, conclue par Mahamadou Bonkoungou, magnat des BTP et patron d'IB Holding, était censée redessiner les contours de l'institution et renforcer ses assises.

Cette performance représente une évolution majeure pour la banque et rompt avec des années de pertes consécutives depuis 2013.

2022, année charnière

Avant ce rebond, 2022 avait déjà vu IB Bank s'agiter dans le tumulte financier. Malgré les tempêtes, les actifs de la banque avaient grimpé, passant de 292 à 418 milliards FCFA, selon les états financiers de la banque scrutés par Togo First. Cette hausse avait été principalement alimentée par un doublement des créances sur la clientèle, qui s'élevaient à 250 milliards de FCFA contre seulement 111 milliards de FCFA en 2021. Sans qu’on ait de détails sur ce qui a induit ces augmentations, la banque étant en phase de restructuration, on peut se demander si cela relève d'une opération de revalorisation des actifs. Mais derrière ces chiffres, la réalité est moins rose, marquée par un risque accru et des provisions en hausse pour parer aux créances douteuses.

Le produit net bancaire de la banque a augmenté, passant de 8,6 milliards de FCFA en 2021 à 13,4 milliards de FCFA en 2022, soutenu par une hausse des intérêts et produits assimilés ainsi que des commissions. Cependant, cette augmentation des revenus n'a pas suffi à compenser l'impact des charges d'exploitation et du coût du risque.

IB Bank Togo affichait une perte nette de 8,8 milliards de FCFA cette année-là, une aggravation par rapport à la perte de 1,3 milliard de FCFA en 2021, due en grande partie à une augmentation significative du coût du risque, qui est passé de 221 millions de FCFA en 2021 à 11,9 milliards de FCFA en 2022.

Confiance des clients

Malgré les remous, la confiance des clients ne semble pas ébranlée. Les dépôts ont bondi à 409 milliards de FCFA en 2022 contre 275 milliards de FCFA un an plus tôt, un signal de solidité qui contraste avec des fonds propres toujours dans le rouge à -4,5 milliards de FCFA. Une équation financière que la direction doit encore résoudre pour solidifier ses bases.

Réduire les reports à nouveau négatifs 

Les 3 milliards de FCFA de bénéfice de 2023 devraient sans doute servir à apurer les reports à nouveau négatifs accumulés depuis plus d’une décennie, une stratégie envisagée pour renforcer la position de la banque. Si les détails restent encore voilés, on attend les rapports de 2023 pour en savoir davantage sur les indicateurs de l’ex-BTCI.

Fiacre E. Kakpo

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Le Camerounais Alain Nkontchou a passé le flambeau au Sénégalais Papa Madiaw Ndiaye, neuf ans après son arrivée au conseil d'administration d'Ecobank Transnational Incorporated (ETI), le jeudi 6 juin à Lomé, lors de la 36e édition des assemblées générales de la banque panafricaine.

Papa Madiaw Ndiaye, le nouveau président du conseil d'administration (PCA) d’Ecobank, est principalement connu comme le directeur général et le fondateur d’AFIG Funds, mais son expérience s'étend bien au-delà de cette casquette. Avant de fonder AFIG Funds, il a été directeur des investissements chez Emerging Markets Partnership (EMP) à Washington. Là, il a joué un rôle clé dans la levée de 407 millions USD pour le Fonds d’infrastructure africain AIG en 2000, qui était à l'époque le plus grand fonds panafricain. 

Avant de rejoindre EMP, Papa Madiaw Ndiaye est passé notamment par la Société financière internationale (SFI), où il dirigeait les investissements en actions et en dettes pour des institutions financières africaines entre 1996 et 2000.

Ses débuts professionnels chez Salomon Brothers et plus tard au sein du groupe des marchés émergents de JP Morgan en 1992 ont jeté les bases de son expertise dans le trading de titres en Afrique et au Moyen-Orient, qu'il a lancé en 1994.

En 2000, Ndiaye est devenu conseiller spécial pour les Affaires Économiques et Financières auprès du président de la République du Sénégal. Il a également été président du Conseil consultatif économique et financier à la présidence au Sénégal. Dans la même période, il a lancé MIDROC BVI, un véhicule d'investissement direct pour le Cheikh Mohammed Al-Amoudi, du milliardaire saoudo-éthiopien. 

Le parcours académique de Ndiaye est tout aussi prestigieux, avec un MBA de la Wharton School of Business, un MA en Affaires Internationales de l’Institut Lauder de l’Université de Pennsylvanie, et un BA en économie de Harvard College. 

Au-delà de ses responsabilités dans le monde des affaires, Ndiaye est également au conseil d'administration de plusieurs entités, notamment celui de l'AVCA, l'association des private equity en Afrique. 

Papa Madiaw Ndiaye prend la tête du conseil d'administration d’un groupe bancaire qui sort “d’une période difficile”, comme l’a souligné son Ceo, Jeremy Awori, et devra travailler au retour des dividendes. De plus, il devra s'atteler à la résolution des problèmes rencontrés par la filiale nigériane du groupe, qui traverse une période particulièrement difficile.

Fiacre E. Kakpo

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Au Togo, Bank Of Africa (BOA) a signé une convention de financement vendredi 17 mai dernier avec la Fédération des Femmes Entrepreneures et Femmes d’Affaires du Togo (FEFA-Togo), prévoyant un soutien financier de 1 milliard de francs CFA sur 12 mois pour booster les affaires des femmes entrepreneures.

L'accord a été formalisé à Lomé par Youssef Ibrahimi, directeur général de BOA-Togo, et Candide Bamezon-Leguede, présidente de FEFA-Togo.

« Ce partenariat marque le début d’une collaboration significative entre deux acteurs majeurs de l’économie togolaise. En unissant nos forces, nous aspirons à stimuler le développement économique et social du Togo », a déclaré Youssef Ibrahimi.

De son côté, Candide Bamezon-Leguede voit dans ce partenariat, une occasion d'offrir un financement flexible adapté aux besoins spécifiques des entrepreneures. « Cette initiative est une première dans la région et vise à créer des opportunités réelles et durables pour les femmes », a-t-elle précisé.

Le programme de financement s'articule autour de trois axes stratégiques. D'abord, un soutien pré-financement pour lever les obstacles bureaucratiques souvent rencontrés par les entrepreneures. Ensuite, une assistance dans le montage des dossiers. Enfin, un accompagnement post-financement pour s'assurer que les fonds soient utilisés efficacement, pour maximiser l'impact sur le terrain. Aussi le programme prévoit-il des formations en entrepreneuriat, couvrant l'éducation financière et la gestion des affaires, enrichies de coaching et de mentorat par des pairs.

Candide Bamezon-Leguede reste optimiste quant à l'impact de ce financement : « Ensemble, nous pouvons briser les barrières, éliminer les inégalités et créer un monde où toutes les femmes ont la possibilité de réaliser leurs rêves entrepreneuriaux », a-t-elle ajouté, reconnaissante envers tous les contributeurs de ce projet.

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Face au déficit criant de logements au sein de l'Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), une initiative d'envergure a été lancée à Lomé, au Togo, le 17 mai 2024. Il s'agit de la Garantie de Prêts au Logement (GPL), développée conjointement par le Fonds de solidarité africain (FSA) et la Caisse régionale de refinancement hypothécaire de l'UEMOA (CRRH-UEMOA). Ce mécanisme est destiné à faciliter l'accès aux financements pour les promoteurs immobiliers. Selon les deux institutions, l’attractivité de l’offre est renforcée par la solide notation 'investment grade' des deux institutions, signe de sécurité et de crédibilité.

« La garantie de prêts au logement est conçue pour partager les risques de crédit et diminuer le coût net du risque, tout en réduisant la consommation de fonds propres des banques. Elle rend ainsi le financement du logement plus accessible et durable, avec des impacts positifs sur la stabilité économique et le développement social de notre région », souligne Yedau Ogoundele, directrice générale de la CRRH-UEMOA. 

Dans les faits, la GPL autorisera les institutions financières de l'UEMOA à obtenir des garanties jusqu'à 5 milliards de francs CFA par entité, avec une couverture de 80% en cas de défaut de paiement. « En activant cette garantie 'silencieuse', nous prenons en charge 80% du risque de chaque prêt en défaut. Nous interviendrons en première demande à hauteur de 50%, les institutions ayant par la suite trois ans pour récupérer les fonds, avant que nous ne réglions le reste », détaille Abdourahmane Diallo, directeur général du FSA.

La GPL ne se substituera pas aux hypothèques traditionnelles mais servira plutôt de complément. « Cette garantie offre aux futurs propriétaires des conditions de prêt plus favorables et permet aux institutions bancaires d'optimiser leurs fonds propres tout en augmentant leur capacité de prêt », soutient Diallo.

Le lancement de cette garantie intervient alors que le déficit de logement s'élève à 3,5 millions d'unités pour les huit pays de l'UEMOA, avec un besoin annuel estimé à 251 000 nouvelles unités pour répondre à la croissance démographique et à l'urbanisation accélérée. « Confrontée à ces défis structurels, la CRRH-UEMOA se devait de réagir en proposant des solutions novatrices et adaptées », insiste Yedau Ogoundele.

Les deux institutions prévoient un roadshow dans les huit pays de l'UEMOA pour rencontrer les banques et les systèmes financiers décentralisés (SFD) et ajuster l'offre de garantie à leurs besoins spécifiques. « Nous invitons toutes les banques et les SFD intéressés à nous rejoindre pour développer leur portefeuille de prêts au logement. C'est un processus évolutif où nous adapterons notre offre en fonction des retours reçus », conclut Y. Ogoundele.

Fiacre E. Kakpo

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Dans le cadre de ses opérations monétaires régulières d’injection de liquidités, la BCEAO a injecté en début de semaine 511 milliards FCFA à un taux de 5,5% dans les coffres des banques togolaises. Au total, 7 400 milliards FCFA ont été accordés lors de cette adjudication qui s'est tenue le 30 avril 2024 avec la participation de 110 entités financières venues des 8 pays de l’UEMOA. Ce sont les banques ivoiriennes qui s’en sortent en tête avec 1 741 milliards FCFA, suivies des banques burkinabè avec 1 312 milliards FCFA.

Ces injections de liquidités sont essentielles pour les économies de la région, notamment pour permettre aux banques de maintenir des réserves suffisantes en vue de répondre aux besoins de leurs clients, sans compromettre leurs obligations à court terme.

Cependant, le coût de la mobilisation de ces ressources pose quelques enjeux pour les banques. Alors que ce taux de 5,5% se maintient depuis le premier trimestre, il contraste fortement avec la moyenne de 3,2% observée en décembre dernier, signalant une montée des coûts de financement qui pourrait changer la dynamique du crédit dans l’Union. Les institutions financières, face à ces taux élevés, ont légèrement ajusté leurs offres de prêt pour préserver leurs marges. Pour les Etats, le coût d’accès au financement sur le marché régional devrait rester aussi élevé, réduisant les marges de manœuvre budgétaires. 

Fiacre E. Kakpo

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Réunie le 22 mars 2024, la Commission Bancaire de l'UMOA, gendarme du secteur, a sévi contre des dérives dans le secteur financier togolais. Une banque locale et un haut dirigeant ont été les cibles de ses mesures disciplinaires.

La première sanction a ciblé une banque togolaise, qui a écopé d'un blâme et d'une amende de 300 millions de francs CFA. La raison ? L'établissement, pris en défaut pour non-respect des exigences de capitalisation et diverses infractions réglementaires, a été particulièrement épinglé pour ses lacunes en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, a indiqué la commission bancaire.

Le même jour, une sanction disciplinaire a frappé un administrateur de système financier décentralisé (microfinance). Il se voit interdit de diriger, d’administrer ou de gérer un établissement financier soumis au contrôle de la Commission pour une durée de dix ans. Cette décision est motivée par des actes de gestion jugés anormaux, notamment l’appropriation de sommes d'argent et d'avantages indûment à son profit, au détriment de l'institution qu'il était censé protéger, précise le gendarme des banques.

Lors de cette session du 22 mars, un blâme a également été prononcé à l’encontre d’un établissement basé au Sénégal, assorti d'une amende de 151 millions de FCFA pour des manquements et infractions relevés sur son dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Fiacre E. Kakpo

Publié dans Finance

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