Le cabinet d’expertise comptable, d’audit et de conseil HLB Togo - DYK Audit & Advisory a été nommé Commissaire aux Comptes du groupe Ecobank pour une durée de six (6) ans. Cette décision a été entérinée lors de l’Assemblée Générale du groupe, tenue le 28 mai 2025 à Lomé. Le cabinet sera représenté dans cette mission par Dr Yawo Félix Djidotor, Expert-Comptable Diplômé, Senior Partner du cabinet, titulaire d’un Executive Doctorate in Business Administration (EDBA), et ancien président de l’Ordre national des experts-comptables et comptables agréés du Togo (ONECCA-Togo), fonction qu’il a occupée jusqu’en 2023.
La mission confiée à HLB Togo court jusqu’à l’Assemblée Générale qui statuera sur les comptes de l’exercice clos au 31 décembre 2030.
Cette nomination s’inscrit dans le cadre du respect de la réglementation de l’OHADA (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires), qui exige que les sociétés anonymes désignent au moins un commissaire aux comptes inscrit dans l’État où se trouve leur siège social. C’est le cas d’Ecobank Transnational Incorporated, la holding du groupe dont le siège est basé à Lomé.
Le cabinet togolais, inscrit au Tableau de l’Ordre des Experts-Comptables et Comptables Agréés du Togo (ONECCA-Togo), est, depuis 2024, membre du réseau international HLB, présent dans plus de 150 pays et regroupant plus de 40 000 collaborateurs au sein de 750 cabinets à travers le monde. Il intervient auprès d’acteurs publics et privés, notamment dans les secteurs bancaire et financier de la zone UEMOA. Il a notamment été désigné récemment comme commissaire aux comptes suppléant de FICAO Grant Thornton Togo S.A., aux côtés du cabinet Crowe TG ICAAF SARL, pour également six (06) années, mandat qui prendra fin à l’issue de l’assemblée générale appelée à statuer sur les comptes de l’exercice 2027, selon les informations de Togo First.
HLB Togo rejoint ainsi les commissaires aux comptes du groupe Ecobank, fonction jusque-là assurée par des cabinets internationaux tels que Deloitte Nigeria et Grant Thornton Côte d’Ivoire, qui resteront associés à l’audit des comptes du groupe. Toutefois, bien que ces cabinets soient enregistrés dans leurs pays respectifs, ils ne sont pas inscrits au tableau de l’Ordre des experts-comptables du Togo, et ne pouvaient donc à eux seuls satisfaire à l’obligation légale imposée par l’OHADA.
Fiacre E. Kakpo
Le gouvernement togolais vient de franchir une nouvelle étape dans sa coopération avec le Fonds monétaire international (FMI). Un accord technique, dit « au niveau des services », a été conclu entre les deux parties au terme de la deuxième revue du programme économique appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC). Cet accord, obtenu après plusieurs semaines de discussions à Lomé et à Washington, ouvre la voie à un nouveau décaissement de 58,4 millions de dollars (environ 44 millions de droits de tirage spéciaux), sous réserve de validation par le Conseil d’administration du FMI.
Des fondamentaux économiques jugés solides
Le FMI se montre globalement satisfait de la trajectoire économique du Togo. Le pays a enregistré une croissance estimée à 5,3 % en 2024, portée par la performance des secteurs agricole et des services. L’inflation, quant à elle, a fortement reculé, pour s’établir à 2,6 % en avril 2025, après un pic post-pandémique qui dépassait les 7 %.
Toutefois, un point de friction demeure : le non-respect du critère de performance budgétaire, déjà soulevé lors de la précédente mission. Selon le gouvernement togolais, la hausse imprévue des dépenses publiques – liées à la gestion des inondations et à la subvention d’engrais agricoles – a contribué à un creusement du déficit et à une accélération de l’endettement.
Réformes structurelles et engagement en matière de gouvernance
Malgré ce défi budgétaire, le FMI salue les progrès réalisés sur le plan des réformes structurelles. Lomé a renforcé l’évaluation des risques budgétaires dans le cadre du budget de l’État et procédé à la recapitalisation de la dernière banque publique, qui répond désormais aux normes du régulateur bancaire de l’UEMOA.
Sur le volet gouvernance, plusieurs engagements ont été pris : révision du cadre légal des marchés publics, obligation de publier les bénéficiaires effectifs des contrats publics, et lancement d’un diagnostic de gouvernance en partenariat avec le FMI, dont les résultats seront rendus publics. Selon le FMI, le processus est enclenché.
Pour rappel, le programme FEC, d’un montant total de 390 millions de dollars sur trois ans, vise à restaurer la viabilité de la dette et à renforcer les capacités de l’État à soutenir une croissance inclusive. Prochaine étape : la troisième revue, prévue pour le second semestre 2025.
Fiacre E. Kakpo
Au Togo, le groupe de mésofinance Cofina (Compagnie financière africaine) a lancé le jeudi 15 mai à Lomé, une nouvelle offre d’épargne destinée à une cible premium. Dénommé ‘CofiPrivilège’, le nouveau produit a été présenté à des dirigeants, cadres exécutifs et entrepreneurs à fort potentiel.
Concrètement, la nouvelle solution se veut un outil de gestion patrimoniale sécurisé comportant des services sur mesure pour une clientèle haut de gamme. Dans le détail, CofiPrivilège intègre des fonctionnalités telles que les transferts d’argent rapides vers les pays dans lesquels intervient le groupe bancaire, des cartes prépayées internationales, et des services bancaires pensés pour les professionnels en mouvement. A cela, s’ajoutent des services de ‘conciergerie premium’, de compléments d’avis médical et d’assurance, ou encore de solutions de financement sur mesure, apprend-on.
“Il s’agit d’un produit unique en son genre, pensé pour répondre aux besoins spécifiques des entrepreneurs modernes”, a expliqué Pascal Kové, le nouveau patron de la filiale togolaise, en poste depuis début mars.
Présente au Togo (son 9ème pays) depuis 2020, Cofina revendique à ce jour un encours de crédit dépassant les 30 milliards FCFA. Avec plus de 200 collaborateurs, la branche nationale entend renforcer son offre de services financiers et poursuivre son développement.
Octave A. Bruce
Après avoir obtenu, en novembre 2024, une garantie de 200 millions d’euros de la Banque africaine de développement (BAD), le Togo prévoit de mobiliser deux prêts commerciaux pour un total de 350 millions d’euros auprès de banques internationales, selon les informations confirmées par S&P.
Ce montage, inédit pour le pays, permettra à Lomé de lever des fonds sur les marchés à des conditions bien plus avantageuses, grâce à la solidité de la couverture offerte par la BAD via le Fonds africain de développement (FAD). Objectif : financer une série de projets verts et sociaux, tout en réduisant la dépendance du pays au marché régional de la dette, devenu plus coûteux et plus volatil.
Ces prêts s’inscrivent dans le Cadre de financement durable publié par le gouvernement togolais en octobre 2024, validé par l’agence S&P. Ils serviront à financer des initiatives dans l’agriculture durable, la gestion de l’eau, la protection sociale, l’inclusion numérique et les infrastructures résilientes au changement climatique.
L’opération intervient dans un contexte de transition stratégique pour les finances publiques togolaises. Alors que les taux régionaux sur le marché de l’UEMOA se sont envolés depuis 2022, raccourcissant les maturités et alourdissant les coûts de refinancement, Lomé cherche à rééquilibrer son portefeuille de dette. Selon S&P, la part du financement hors UEMOA pourrait atteindre 50 % du portefeuille d’ici à 2026, contre 42 % fin 2024.
Pour 2025, le Togo a déjà sécurisé un prêt de 200 millions de dollars auprès de la Banque mondiale et entend finaliser ces deux nouveaux prêts adossés, notamment à la garantie de la BAD. Si l’agence de notation américaine S&P Global Ratings mentionne plusieurs institutions multilatérales comme garantes potentielles des deux opérations envisagées, seule la garantie de 200 millions d’euros accordée par la Banque africaine de développement a été rendue publique à ce jour. On sait toutefois que, dans le cadre de son nouveau Cadre de partenariat pays (CPP), la Banque mondiale a indiqué que le Togo pourrait recourir à des instruments innovants de financement, notamment via l’IDA – son guichet concessionnel – et sa nouvelle plateforme de garanties, soutenue par la MIGA.
L’opération pourrait aussi servir de précédent pour d’autres pays de la région qui cherchent à combiner emprunts commerciaux et soutiens multilatéraux pour obtenir de meilleures conditions de financement.
Fiacre E. Kakpo
Dans un contexte régional marqué par une tension monétaire silencieuse, les banques togolaises affichent une posture de prudence. Selon les dernières données de la BCEAO arrêtées à février 2025, les établissements financiers du pays ont constitué 164,9 milliards FCFA de réserves bancaires, alors que le niveau requis par la réglementation n’est que de 66,7 milliards FCFA.
Autrement dit, les banques togolaises détiennent près de 2,5 fois les réserves exigées par l’autorité monétaire – un ratio de 2,47, parmi les plus élevés de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Ce niveau d’excédent, qui s’élève à 98,2 milliards FCFA, s’inscrit dans un mouvement caractérisé par plus d'accumulation de liquidités, observé à l’échelle de la région.
À titre de comparaison, la Côte d’Ivoire, avec un système bancaire beaucoup plus établi, affiche un multiplicateur de 3,46 fois, tandis que le Bénin atteint 1,82 fois et le Niger – seul pays en déficit – enregistre un ratio de 0,94.
Cette stratégie défensive ne résulte pas d’un excès de confiance, mais bien d’une anticipation d’un environnement plus contraint. Depuis le retour aux adjudications à taux variables décidé par la BCEAO en février 2023, l’accès à la liquidité est devenu moins fluide, et plus coûteux. Même si le principal taux directeur reste officiellement à 3,5 %, les banques se financent à un taux plafond de 5,5 % auprès de la Banque centrale, tandis que le taux interbancaire à une semaine dépasse 6 %.
Préserver ses marges, sécuriser son bilan
Face à ces signaux de resserrement monétaire implicite, les banques préfèrent constituer en excédents leurs réserves, plutôt que de s’exposer à des tensions de refinancement. Cette dynamique est également alimentée par une exigence prudentielle plus stricte : depuis décembre 2023, le capital social minimum exigé pour les banques dans l’UEMOA a été doublé, passant de 10 à 20 milliards FCFA. En renforçant leurs fonds propres, les établissements cherchent à consolider leur solidité dans un environnement incertain.
Une liquidité thésaurisée, mais pas immobile
Cette prudence n’empêche pas les banques togolaises de continuer à financer l’économie, mais avec discernement. En 2024, les nouveaux crédits bancaires ont progressé de 10 %, pour s'établir à 645 milliards FCFA, selon les données du Comité national de crédit. Cette hausse s’inscrit dans un contexte économique porteur : la croissance du PIB réel est estimée à 5,3 %, portée par la vitalité des secteurs secondaire et tertiaire, et la résilience du secteur agricole.
Dans les faits, les établissements bancaires privilégient une croissance encadrée de leurs encours, afin de préserver la qualité de leur portefeuille plutôt que d’augmenter leur exposition dans un cycle encore incertain.
Fiacre E. Kakpo
Au Togo, les banques semblent avoir choisi leur camp. Selon les dernières données de la BCEAO, le commerce, le BTP et les services captent l’essentiel des crédits bancaires, laissant l’industrie et l’agriculture loin derrière. Un arbitrage qui reflète les choix des établissements de crédit.
Le commerce et le BTP en tête des financements
Avec près de 200 milliards de francs CFA des crédits à court terme en septembre 2024, le commerce reste le grand gagnant. Le commerce de gros domine largement avec 141 milliards de FCFA, tandis que le commerce de détail et la restauration se partagent le reste. Un signal clair : les banques préfèrent financer l’importation et la distribution, plutôt que la production locale.
Derrière, le BTP continue d’attirer les financements, avec 153 milliards de FCFA à court terme et 30 milliards à moyen et long terme. Une manne soutenue par les projets d’infrastructures publics et privés, dans un pays où la construction reste un levier de croissance important.
Enfin, les services aux entreprises et aux particuliers progressent fortement. Les prêts aux ménages atteignent 173 milliards de FCFA en août, signe d’un marché du crédit dynamique.
L’agriculture, le grand oublié du financement
Alors que le secteur agricole emploie plus de 60 % de la population togolaise, il demeure le parent pauvre du crédit bancaire. En septembre, l’ensemble du secteur n’a reçu que 698 millions de FCFA de financements à court terme, soit moins de 0,2 % du total des crédits. Même à long terme, les montants restent modestes (11 milliards de FCFA en septembre), loin derrière le commerce et les services.
Cette faiblesse s’explique en partie par le risque perçu par les banques, qui jugent le secteur agricole trop vulnérable aux aléas climatiques et aux fluctuations des prix. Mais elle souligne aussi un manque de mécanismes de financement adaptés aux exploitants agricoles, qui peinent à accéder aux ressources nécessaires pour moderniser leur production.
L’industrie ne fait guère mieux. Les crédits accordés aux industries manufacturières chutent à 49 milliards de FCFA à court terme, tandis que l’industrie extractive peine à mobiliser 1,6 milliard. Pourtant, ces secteurs sont stratégiques pour la transformation locale et la création de valeur ajoutée.
Pourquoi un tel déséquilibre ? D’un côté, les banques privilégient la rentabilité immédiate. Le commerce et les services offrent des rotations de capitaux rapides et des marges confortables, ce qui limite le risque de défaut. De l’autre, l’industrie nécessite des investissements lourds et un horizon de retour sur investissement plus long, un pari que les établissements financiers hésitent à prendre sans garanties solides.
Avec des banques focalisées sur l’importation, la consommation et l’immobilier, le Togo risque de renforcer sa dépendance aux importations. Faut-il réorienter le crédit bancaire vers des secteurs plus stratégiques ? La question est posée.
Fiacre E. Kakpo
Au Togo, 303 entreprises affichent un chiffre d’affaires annuel supérieur à 1,7 million de dollars (1 milliard FCFA), selon un rapport de l’IFC publié en 2023.
Ces entreprises opèrent dans des secteurs stratégiques tels que la banque, l’assurance, l’industrie, la logistique, les télécommunications et la distribution pétrolière. Parmi elles, 66 sont membres de l’Association des Grandes Entreprises du Togo (AGET). On y retrouve notamment Ecobank, Orabank, NSIA (banques), SUNU Assurances (assurance), CIMTOGO, Brasserie BB Lomé (industrie), Africa Global Logistics (logistique), Togocom et Moov Africa (télécoms), ainsi que TotalEnergies et Vivo Energy (distribution de carburant).
La capitale togolaise, Lomé, concentre plus de 60 % des entreprises et 71 % des emplois formels, notamment grâce à la présence du Port Autonome de Lomé (PAL), seul port en eau profonde de la sous-région, qui joue un rôle central dans les échanges commerciaux avec les pays voisins. L’environnement financier et les infrastructures modernes expliquent également l’implantation des sièges sociaux des grandes entreprises dans la ville.
Face à cette concentration, les autorités togolaises misent sur le développement de nouveaux pôles économiques en dehors de la capitale. Des agropoles à Kara, Oti et Haut-Mono sont en cours de développement pour renforcer la filière agricole et agro-industrielle.
Investissements et financement du secteur privé
Le secteur privé togolais bénéficie d’un environnement de plus en plus favorable aux investissements. Les investissements privés représentaient en moyenne 14 % du PIB entre 2012 et 2019, et ont progressé à plus 20% depuis 2022 tandis que les investissements directs étrangers (IDE) atteignent 2,5 % du PIB ces dernières années. Le crédit au secteur privé a progressé de 4,5 % en 2023, pour s’établir à 1 738 milliards FCFA, selon les données officielles.
Une intégration progressive des PME
Si les grandes entreprises dominent l’économie, les PME et TPME, qui constituent 96,9 % des entreprises, peinent encore à s’imposer dans l’économie formelle. 85,5 % d’entre elles évoluent encore dans l’informel, ce qui limite leur accès aux financements et aux marchés publics. Plusieurs initiatives ont été mises en place pour faciliter leur intégration, notamment des incitations fiscales. Lomé a lancé récemment une charte des PME. Cette charte, approuvée en 2021, classe les entreprises en quatre catégories distinctes en fonction de leur chiffre d'affaires annuel, allant de 5 millions à 1 milliard de FCFA
Le Togo s’attaque à un chantier très attendu : réorganiser ses entreprises publiques stratégiques pour améliorer leur performance et réduire les risques budgétaires. Sous programme du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement s’est lancé dans une série de réformes visant des entités clés comme la Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT), le Port Autonome de Lomé (PAL) et la Compagnie Énergie Électrique du Togo (CEET).
D’après un rapport de la Cour des comptes largement relayé, ces entreprises, censées être des piliers économiques, font face à des défis majeurs en matière de gouvernance, de transparence et d’efficience. Elles ne contribueraient qu’à la marge à l’effort budgétaire national. En 2022, seulement 15,5 milliards FCFA ont été encaissés par l’État au titre des dividendes provenant de ses participations dans une vingtaine de sociétés. À fin octobre 2023, ce montant s’élevait à 14,8 milliards FCFA, selon les chiffres communiqués à la commission des finances de l’Assemblée nationale, avec des prévisions qui atteignaient 21 milliards FCFA pour l’année 2023. Côté Impôts sur les sociétés, on tournait sous la barre des 30 milliards FCFA à fin octobre 2023, d’après la même source (Parlement).
Pour remédier à cette situation, le gouvernement togolais mise sur un cadre législatif en cours d’adoption, avec l’ambition de transformer ces entités en de véritables leviers de développement économique.
Big bang prévu dans le secteur des entreprises publiques
La pierre angulaire de ces réformes est l’introduction d’audits obligatoires pour les entreprises publiques, une première. Selon nos informations, les premiers audits devraient être finalisés cette année. Si cette mesure cible initialement six entités stratégiques, elle devrait s’étendre progressivement à d’autres entreprises. Les institutions concernées sont le Port Autonome de Lomé (PAL), la Compagnie Énergie Électrique du Togo (CEET), la Togolaise des Eaux (TdE), l’Union Togolaise de Banque (UTB), la Loterie Nationale Togolaise (LONATO) et la Société Nouvelle des Phosphates du Togo (SNPT).
En parallèle, Lomé veut resserrer l’étau sur la gestion des entreprises publiques. Un projet de loi, soumis au Parlement, entend refondre leur gouvernance et leur supervision en profondeur. Objectif : tourner la page de certaines pratiques peu optimales. Ce texte propose un cadre législatif renforcé, assorti d’une politique de propriété claire pour ces entreprises, attendue entre septembre et décembre 2025. Parmi les innovations prévues, figure également l’obligation pour ces six entreprises stratégiques de publier leurs états financiers audités dans un délai de six mois après la clôture de l’exercice fiscal. Ces documents devront être intégrés au rapport sur les risques budgétaires annexé au projet de loi de finances. Les premiers rapports financiers audités conformes à la nouvelle législation devraient être produits en 2026, pour l’exercice fiscal de 2025. Le projet de loi prévoit également l’établissement de critères de compétence pour les nominations aux postes stratégiques, dans le but de professionnaliser la gestion des entreprises publiques et de limiter les interventions politiques. En outre, ce texte introduit des contrats de performance fixant "des objectifs précis, mesurables et soumis à évaluation", indique-t-on.
L’enjeu est double : améliorer la transparence et la gestion financière des entreprises publiques, tout en renforçant la supervision parlementaire pour mieux cerner les risques budgétaires qu’elles représentent. Une réforme ambitieuse qui, si elle est adoptée, pourrait redéfinir les contours de la gestion publique au Togo, dans un contexte où le pays a récemment sollicité le FMI pour un examen diagnostique de gouvernance. Selon des sources proches du dossier au sein de l’institution de Bretton Woods, un audit complet des comptes publics et de gouvernance est en préparation, sur demande des autorités togolaises elles-mêmes. Cependant, les premiers rapports ne devraient être disponibles qu’en 2026, en raison de contraintes liées à la mobilisation des équipes du FMI, ont-elles confié à Togo First.
UTB : une restructuration qui pourrait fait école
L’Union Togolaise de Banque, en proie à des difficultés financières depuis plusieurs années, représente un exemple emblématique des défis auxquels ces réformes tentent de répondre. En 2024, l’État a procédé à une recapitalisation équivalant à 1,5 % du PIB pour stabiliser l’établissement. Un audit externe a permis d’identifier les faiblesses de sa gestion et un plan de restructuration est en cours de mise en œuvre.
"Le redressement de l’UTB est essentiel pour montrer que ces réformes peuvent produire des résultats tangibles", souligne un économiste basé à Lomé. Une privatisation partielle de la banque pourrait être envisagée à partir de 2025, à condition que sa rentabilité soit rétablie, apprend-on. La restructuration de l’UTB pourrait faire cas d’école, apprend-on. Mais il reste encore du chemin.
La CEET et la TdE, au centre de la batterie de réformes attendue
La réforme touche également la CEET et la TdE, deux entreprises essentielles pour fournir l’électricité et l’eau à la population. Ces entités devront ajuster leurs tarifs pour refléter les coûts réels de production. Toutefois, des mécanismes de soutien sont prévus pour protéger les ménages les plus vulnérables.
Le gouvernement mise également sur des projets d’investissement pour améliorer l’accès à l’énergie et diversifier les sources d’approvisionnement. Des projets solaires de 130 MW et le développement du barrage de Titira font partie des investissements clés que le gouvernement est en train de déployer.
Un tableau de bord pour surveiller la performance
Et pour garantir une meilleure gestion des entreprises publiques, un tableau de bord est déjà en train d’être mis en place pour suivre leur performance financière et opérationnelle en temps réel. Ce dispositif devrait permettre d’identifier rapidement les problèmes et d’ajuster les politiques en conséquence, promettent les autorités togolaises. De plus, les projets d’investissement des entreprises publiques seront intégrés au budget national afin d’améliorer la coordination et de limiter les redondances dans l’utilisation des ressources publiques.
Un pari sous haute surveillance
Le FMI, qui accompagne le Togo dans ce processus, surveille de près l’avancée des réformes. L’institution a salué les progrès réalisés tout en rappelant l’importance d’une mise en œuvre rigoureuse, et dit s’attendre à ce que les choses s’accélèrent, d’autant que ces réformes font partie intégrante du programme de financement de 390 millions $ sur 42 mois au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) en cours avec l’institution de Washington.
Fiacre E. Kakpo
Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé vendredi 20décembre dernier, le déblocage d’environ 58,7 millions de dollars au bénéfice du Togo, dans le cadre de la première revue de son programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC).
Cette somme, destinée au soutien budgétaire, s’inscrit dans un accord de 42 mois conclu en mars 2024, d’un montant total 390 millions de dollars. L’objectif est de renforcer la résilience économique du Togo face aux chocs successifs, notamment la pandémie de COVID-19 et l’envolée des prix mondiaux des denrées alimentaires et des carburants.
Selon le FMI, la croissance économique togolaise a atteint 5,6 % en 2023 et devrait se maintenir à 5,3 % en 2024-2025. L’inflation globale a, par ailleurs, reculé à 3,3 % en octobre 2024, contre des niveaux beaucoup plus élevés les années précédentes.
Cependant, le pays reste confronté à des défis majeurs, notamment une insécurité persistante dans le nord, où des attaques terroristes, quoique sporadiques, continuent. Ces tensions exercent une pression croissante sur les finances publiques, ce qui complique les efforts de réduction des déficits et d’amélioration de la viabilité de la dette.
« Les autorités togolaises ont montré une forte mise en œuvre du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC). Malgré des défis sécuritaires et des conditions de financement difficiles, elles ont atteint tous les objectifs quantitatifs et ont progressé dans les réformes structurelles pour renforcer la mobilisation des recettes, l'inclusion et la gestion des finances publiques », a déclaré Bo Li, directeur général adjoint du FMI.
Le FMI recommande au gouvernement de poursuivre ses réformes structurelles, notamment dans le secteur financier, avec la restructuration en cours de la dernière banque publique. L’institution salue également l’engagement des autorités à renforcer la transparence dans la gestion des marchés publics.
« Il sera également essentiel de poursuivre les efforts pour renforcer la gouvernance. La récente demande des autorités pour un diagnostic de gouvernance du FMI est bienvenue, de même que leur engagement à renforcer les déclarations de propriété effective pour les entreprises bénéficiant des marchés publics », se satisfait le fonds monétaire.
Fiacre E. Kakpo
Les investisseurs ivoiriens occupent la première place parmi les détenteurs de la dette intérieure togolaise sur le marché des titres publics (compartiment adjudication), avec 24,8 % de l’encours total, selon les dernières données d’Umoa-Titres à fin septembre. Avec un encours de 513 milliards de FCFA, la Côte d'Ivoire devance largement ses homologues régionaux en termes de participation au financement du budget de l’Etat togolais.
Les investisseurs sénégalais et togolais arrivent ensuite, avec respectivement 22,8% et 22,7 % de l'encours, soit environ 473 et près de 471 milliards de FCFA. Ces trois pays concentrent près de 70 % des titres publics émis par le Togo.
Derrière ce trio de tête, le Bénin et le Burkina Faso affichent des encours de 269 et 240 milliards de FCFA, représentant 13 % et 11,6 % du total. En revanche, les autres pays de l’UEMOA, comme le Mali, le Niger et la Guinée-Bissau, se situent loin derrière, avec des parts cumulées inférieures à 5 %.
À fin octobre 2024, l’encours total de la dette togolaise vis-à-vis des investisseurs régionaux s’élevait à 2 074 milliards de FCFA. Cette forte concentration de créanciers, principalement en Côte d'Ivoire, au Sénégal et au Togo, assure une source de financement stable pour Lomé, mais expose également le pays à la conjoncture économique de ces grandes économies et de la zone UEMOA ainsi qu’aux tensions de liquidités sur leur marché.
Les principaux détenteurs de cette dette sont des banques commerciales, des compagnies d'assurance, des fonds de pension et des Sociétés de Gestion et d'Intermédiation (SGI) de la région. En Côte d'Ivoire, des acteurs majeurs tels que Société Générale Côte d'Ivoire, Banque Atlantique et la Banque Nationale d'Investissement (BNI) et Ecobank mènent la danse. Au Sénégal, la Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Sénégal (BICIS) et la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) sont des investisseurs clés, tandis qu’au Togo, Orabank Togo et Ecobank Togo, Coris bank occupent des positions significatives dans le portefeuille des titres publics.
Fiacre E. Kakpo