Au Togo, la dette extérieure continue d’offrir des conditions de financement plus favorables que la dette intérieure. Selon les dernières données du ministère de l’Économie et des Finances, le taux d’intérêt moyen de la dette extérieure s’élevait à 1,58 % à fin 2024, contre 6,65 % pour la dette contractée sur le marché régional.
Cette différence de coût s’explique par la nature des partenaires extérieurs. Le Togo s’appuie principalement sur des bailleurs multilatéraux comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque africaine de développement (BAD) ou encore la BOAD. Ces institutions représentent près de 70 % de l’encours de la dette extérieure et proposent des prêts à long terme, à taux réduit, souvent accompagnés de périodes de grâce. Les créanciers bilatéraux, comme la France, la Chine ou l’Inde, ainsi que des fonds arabes (Koweït, Arabie Saoudite), complètent le portefeuille. Les prêts commerciaux, eux, sont plus coûteux et restent minoritaires.
Malgré cela, la dette intérieure continue de dominer. Elle représente près de 58 % de l’encours total à fin 2024. Une situation qui va à l’encontre de la stratégie d’endettement à moyen terme du pays, qui prévoit d’inverser cette tendance d’ici à fin 2025, avec un objectif de 55 % de dette extérieure.
L’une des raisons de cette dépendance au marché régional est la facilité d’accès aux financements. Le Trésor public peut mobiliser rapidement des ressources via des Bons Assimilables du Trésor (BAT), mais à de taux d’intérêt élevés. À fin juin 2025, ces titres à court terme affichaient un rendement de 8,04 %, contre environ 6 % pour les obligations à plus longue maturité. Selon le FMI, le rendement moyen des titres publics togolais est passé à 7,4 % en 2024, contre 6,1 % sur 2019–2023.
Cette structure génère une forte pression sur le refinancement : les BAT représentent encore 89 % des titres émis par le Togo, contraignant l’État à des renouvellements fréquents. Recourir davantage à la dette extérieure permettrait d’étaler les échéances, réduire les charges d’intérêt et renforcer la soutenabilité de la dette. Les partenaires semblent pleinement au rendez-vous : la Banque mondiale a validé coup sur coup ces derniers mois une enveloppe de 200 millions $ pour l’électricité, une autre de 300 millions $ pour l’agriculture, 75 millions $ dédiés à la gouvernance et à l’administration. Plusieurs projets sont encore dans le pipe alors même que le FMI supervise un projet FEC de près de 400 millions $.
Fiacre E. Kakpo
Le plan de réorganisation opérationnelle de l’Union Togolaise de Banque (UTB) prendra plus de temps que prévu. Le FMI a accordé au Togo un délai supplémentaire pour finaliser cette réforme jugée vitale.
La restructuration complète de l’Union Togolaise de Banque (UTB), inscrite dans le programme soutenu par le FMI, ne sera pas finalisée avant fin 2026. Initialement attendue cette année, l’adoption du plan de réorganisation opérationnelle de la banque publique a été repoussée à mars 2026, avec une mise en œuvre désormais prévue pour décembre de la même année. En cause : des diagnostics jugés incomplets.
L’UTB, établissement sous contrôle public représentant près de 9 % des actifs bancaires nationaux, avait bénéficié en décembre dernier d’une recapitalisation de 15,2 milliards FCFA. Cette opération visait à porter ses fonds propres au seuil réglementaire de 20 milliards FCFA, conformément aux exigences de la Commission bancaire de l’UMOA. Si cette injection de capital a permis de stabiliser provisoirement la situation prudentielle de la banque, le FMI estime que le cœur des déséquilibres structurels n’est pas encore résolu.
« L’audit initial a mis en lumière certaines failles, mais ne permet pas encore de fonder un plan crédible de redressement opérationnel », précise le rapport publié ce mois par l’institution de Bretton Woods. Trois normes prudentielles sont toujours violées par la banque, dont le ratio de solvabilité et la concentration des risques. L'encours de créances douteuses reste élevé, bien qu’en baisse (8,6 % des actifs fin 2024 contre 13,2 % un an plus tôt).
Le FMI a conditionné la suite du programme FEC à une restructuration plus ambitieuse, fondée sur des données vérifiables. Selon le Fonds, le plan attendu devra garantir l’indépendance de la gestion, restaurer la rentabilité et réduire les risques budgétaires. Il accompagne un agenda de réformes bancaires et de gouvernance publique mené par les autorités togolaises, avec notamment une clarification en cours des passifs liés à d’anciennes banques privatisées et un meilleur reporting de la dette des entreprises publiques.
« Cette prolongation de calendrier ne remet pas en cause l’engagement du gouvernement à assainir le secteur », commente une source gouvernementale. Les autorités se veulent rassurantes, insistant sur le fait que les fonds injectés dans l’UTB n’ont pas été dilapidés, mais doivent désormais produire des effets durables en matière de transformation opérationnelle.
La réforme de l’UTB s’annonce donc comme un test de crédibilité budgétaire à l’heure où le pays veut concilier soutien à l’économie, consolidation fiscale et réduction des vulnérabilités du secteur public.
Fiacre E. Kakpo
Ecobank met fin à son service de coffres-forts bancaires à compter du 1er août 2025. Une décision qui reflète une tendance globale du secteur, confronté à des contraintes économiques, réglementaires et à l’évolution des usages des clients.
À compter du 1er août 2025, Ecobank Togo n’offrira plus à ses clients la possibilité de louer de coffres-forts dans ses agences. Dans une note transmise à ses clients, la banque panafricaine les invite à retirer leurs effets personnels avant le 31 juillet, faute de quoi ceux-ci seront confiés à un cabinet mandaté.
L’arrêt de ce service, encore marginalement utilisé par une frange de la clientèle aisée et patrimoniale, s’inscrit dans une tendance globale de retrait de ce segment d’activité, considéré comme peu rentable, risqué juridiquement et de moins en moins en phase avec les usages.
Un service jugé coûteux et marginal
Le stockage de biens physiques dans des compartiments sécurisés, autrefois considéré comme un pilier des services bancaires aux particuliers, est progressivement abandonné par les établissements financiers. En cause : une rentabilité très faible du service, combinée à des coûts d’exploitation fixes élevés, qu’il s’agisse des dispositifs de sécurité, de l’entretien des infrastructures ou du personnel mobilisé.
À cela s’ajoutent les risques juridiques et réglementaires, notamment en matière de responsabilité en cas de vol ou de sinistre, mais aussi de conformité dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux (LBC) et le financement du terrorisme (FT). Les coffres-forts bancaires peuvent en effet être utilisés à des fins opaques, ce qui accroît la pression réglementaire sur les banques.
Un retrait amorcé au niveau international
Ecobank rejoint ainsi un mouvement déjà bien entamé dans les marchés développés. Des banques comme JP Morgan Chase, Wells Fargo, HSBC, Barclays ou Capital One ont mis fin à la location de coffres-forts dans certaines agences. En Suisse, bien que les coffres-forts bancaires restent largement répandus – avec près de 350 000 compartiments recensés dans les grandes banques – la tendance est également à la sélectivité et au désengagement progressif, avec une montée en puissance d’acteurs privés spécialisés comme Swiss Gold Safe. En Europe centrale, plusieurs banques ferment progressivement leurs services de stockage sécurisé, préférant orienter leurs clients vers des prestataires externes. En Afrique du Sud, Absa a clos ce service en septembre 2024, tandis que FNB l’avait abandonné dès 2017, après une série d’incidents sécuritaires.
Selon une étude relayée par le Wall Street Journal, près de 20 % des banques américaines ont supprimé ce service au cours des six dernières années.
L’Afrique n’échappe pas à la transition
Le phénomène touche désormais le continent africain. Si certains établissements continuent de proposer des coffres-forts, ils sont de plus en plus concurrencés par des solutions privées, souvent plus technologiques, personnalisées et assurées. Des sociétés comme Knox, en Afrique du Sud, proposent des services haut de gamme, avec accès biométrique et couverture d’assurance sur mesure.
En parallèle, les ventes de coffres domestiques ont explosé dans plusieurs pays, notamment au Maroc, sur fond de crise de confiance et de thésaurisation post-Covid. Le mouvement est aussi favorisé par la digitalisation : les documents sensibles sont de plus en plus conservés dans des coffres numériques sécurisés.
Fiacre E. Kakpo
A Lomé, le crédit bancaire affiche une reprise vigoureuse au premier trimestre 2025. Les autorités y voient le reflet d’une économie résiliente et d’un engagement renforcé envers le secteur privé.
Les banques togolaises ont accordé 286 milliards de francs CFA de nouveaux crédits au premier trimestre 2025, selon les chiffres présentés vendredi 27 juin, lors de la réunion du Conseil National du Crédit (CNC), présidée par le ministre de l’Économie et des Finances, Essowè Georges Barcola. Ce volume représente une hausse de 19 % par rapport aux mises en place de crédits sur la même période l’année précédente.
Ces données traduisent un regain de confiance des institutions financières envers l’économie nationale, dans un contexte de croissance soutenue, malgré un environnement mondial incertain. Selon le ministre, cette dynamique est particulièrement favorable aux Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (TPME), qui bénéficient désormais de 44 % des nouveaux crédits bancaires, contre 37 % un an plus tôt.
Une croissance projetée à 6,2 %
Réunis à Lomé, les membres du CNC ont dressé un état des lieux de la situation économique, monétaire et financière au 31 mars 2025. Ils notent une trajectoire toujours robuste pour l’économie togolaise, avec une croissance attendue à 6,2 % cette année, après 6,3 % en 2024. Tous les secteurs devraient y contribuer, en particulier les services marchands dont le chiffre d’affaires a progressé de 6,3 % au premier trimestre.
Le secteur des bâtiments et travaux publics (BTP) reste en zone positive, avec un indice d’activité supérieur de 0,9 point à la moyenne de long terme, selon les données régionales compilées par la BCEAO.
Inflation maîtrisée, crédit en progression
Autre indicateur au vert : le taux d’inflation qui s’est replié à 0,8 % en avril, après 1,8 % en mars, grâce notamment à la baisse des prix des produits alimentaires et à une offre locale renforcée. Cette maîtrise des prix offre des conditions propices à la mobilisation du crédit.
Selon la BCEAO, l’encours total des crédits bancaires à l’économie au Togo atteignait 1788,3 milliards FCFA à fin mars 2025, en hausse de 5,5 % en un an.
Les taux débiteurs pratiqués par les banques togolaises restent contenus, autour de 7,56 % en moyenne en mars, un niveau proche de la moyenne sous-régionale. En revanche, la rémunération des dépôts a légèrement baissé, à 5,67 %, traduisant une politique monétaire prudente.
Microfinance et inclusion financière à l’agenda
Le CNC a également examiné une note spécifique sur les mécanismes innovants de recouvrement dans les institutions de microfinance. Ce secteur, essentiel pour l’accès au financement des populations vulnérables, reste exposé à un risque élevé de créances douteuses. Des réformes sont envisagées pour renforcer la viabilité de ces structures.
Au total, cette réunion semestrielle du Conseil du crédit confirme une tendance générale : le système financier togolais joue pleinement son rôle de soutien à l’économie, tout en consolidant sa stabilité. Dans un contexte sous-régional où la croissance de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est attendue à 7,3 % au deuxième trimestre, le Togo s’affirme comme l’un des pôles de résilience et d’inclusion financière.
Fiacre E. Kakpo
La filiale togolaise du groupe bancaire panafricain Ecobank a clôturé son exercice 2024 sur une forte progression de ses résultats. Dans un environnement bancaire de plus en plus concurrentiel, la banque renforce ses fondamentaux et affirme son rôle dans le financement de l’économie togolaise.
C’est une année de consolidation et d’accélération pour Ecobank Togo qui a tenu le vendredi 13 juin 2025, son Assemblée Générale Ordinaire à Lomé. L’établissement bancaire a présenté aux actionnaires, des résultats en nette progression, marqués par une hausse de 47 % du bénéfice net, qui s’établit à 15,8 milliards de FCFA pour l’exercice clos au 31 décembre 2024, contre 10,8 milliards un an plus tôt.
Cette performance est portée par plusieurs leviers. D’abord, une hausse du produit net bancaire (PNB) qui atteint 41,6 milliards de FCFA, en légère progression de 3,3 %, dans un contexte de pression sur les marges d’intermédiation. Si les revenus d’intérêts – produits générés par les crédits et placements – ont progressé de 3,5 % à 33,18 milliards FCFA, représentant 79,7 % du produit net bancaire, les commissions nettes, issues des services rendus aux clients, ont légèrement reculé de 3,3 %, à 6,1 milliards FCFA.
Ensuite, une maîtrise des charges d’exploitation et la reprise partielle d’une provision fiscale constituée en 2023, qui a mécaniquement amélioré le résultat net. Cette gestion rigoureuse a permis d’absorber un environnement encore marqué par des risques de taux dans le système bancaire régional.
Du côté du bilan, les signaux sont également au vert. Le total des actifs progresse de 6 %, à 690,7 milliards de FCFA, tiré par la dynamique du portefeuille crédit qui atteint 319,3 milliards de FCFA, en hausse de 13,8 %. Les dépôts de la clientèle s’élèvent à 525,3 milliards FCFA, en progression de 2,4 %, tandis que les fonds propres atteignent 69,9 milliards, en progression de 18 %, ce qui renforce le ratio de solvabilité de la banque.
Face à cette performance, les actionnaires ont validé la distribution d’un dividende brut de 7,5 milliards FCFA, soit 37 500 FCFA par action. Le reste du résultat a été affecté à la réserve spéciale (2,37 milliards FCFA) et à la réserve facultative (5,95 milliards FCFA).
Ecobank Togo maintient également une position de liquidité solide en 2024. La trésorerie nette de la banque s’établit à 46 milliards FCFA, en légère progression (+2,4 %) par rapport à l’exercice précédent. Cette évolution s’appuie notamment sur une hausse des avoirs auprès de la BCEAO (+21 % à 34,7 milliards FCFA) et une amélioration des encaissements en caisse (+14 %, à 10,7 milliards FCFA). En revanche, les soldes auprès des correspondants internationaux affichent une contraction marquée, passant de 7,2 milliards FCFA à 825 millions FCFA, reflet d’un recentrage stratégique sur les liquidités locales. Malgré cette baisse, les indicateurs globaux de liquidité semblent bien orientés, soutenus par la croissance modérée des dépôts (+2,4 %) et un pilotage rigoureux du besoin en fonds de roulement.
Sur le plan de la gouvernance, l’Assemblée a marqué un tournant avec la nomination d’Estelle Fafa Akue Komlan comme administratrice et sa confirmation au poste de Directrice Générale. Elle remplace Souleymane Touré, qui a pris la tête de la filiale malienne du groupe.
« Nous allons poursuivre les efforts d’adaptation commerciale et de réorganisation de la force de vente, en mettant l’accent sur l’écoute client et l’agilité stratégique », a déclaré Estelle Fafa Akue Komlan, promettant de faire d’Ecobank Togo, un levier bancaire de référence au service des PME, des femmes entrepreneures et du financement de la chaîne de valeur agricole.
Fiacre E. Kakpo
Le cabinet d’expertise comptable, d’audit et de conseil HLB Togo - DYK Audit & Advisory a été nommé Commissaire aux Comptes du groupe Ecobank pour une durée de six (6) ans. Cette décision a été entérinée lors de l’Assemblée Générale du groupe, tenue le 28 mai 2025 à Lomé. Le cabinet sera représenté dans cette mission par Dr Yawo Félix Djidotor, Expert-Comptable Diplômé, Senior Partner du cabinet, titulaire d’un Executive Doctorate in Business Administration (EDBA), et ancien président de l’Ordre national des experts-comptables et comptables agréés du Togo (ONECCA-Togo), fonction qu’il a occupée jusqu’en 2023.
La mission confiée à HLB Togo court jusqu’à l’Assemblée Générale qui statuera sur les comptes de l’exercice clos au 31 décembre 2030.
Cette nomination s’inscrit dans le cadre du respect de la réglementation de l’OHADA (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires), qui exige que les sociétés anonymes désignent au moins un commissaire aux comptes inscrit dans l’État où se trouve leur siège social. C’est le cas d’Ecobank Transnational Incorporated, la holding du groupe dont le siège est basé à Lomé.
Le cabinet togolais, inscrit au Tableau de l’Ordre des Experts-Comptables et Comptables Agréés du Togo (ONECCA-Togo), est, depuis 2024, membre du réseau international HLB, présent dans plus de 150 pays et regroupant plus de 40 000 collaborateurs au sein de 750 cabinets à travers le monde. Il intervient auprès d’acteurs publics et privés, notamment dans les secteurs bancaire et financier de la zone UEMOA. Il a notamment été désigné récemment comme commissaire aux comptes suppléant de FICAO Grant Thornton Togo S.A., aux côtés du cabinet Crowe TG ICAAF SARL, pour également six (06) années, mandat qui prendra fin à l’issue de l’assemblée générale appelée à statuer sur les comptes de l’exercice 2027, selon les informations de Togo First.
HLB Togo rejoint ainsi les commissaires aux comptes du groupe Ecobank, fonction jusque-là assurée par des cabinets internationaux tels que Deloitte Nigeria et Grant Thornton Côte d’Ivoire, qui resteront associés à l’audit des comptes du groupe. Toutefois, bien que ces cabinets soient enregistrés dans leurs pays respectifs, ils ne sont pas inscrits au tableau de l’Ordre des experts-comptables du Togo, et ne pouvaient donc à eux seuls satisfaire à l’obligation légale imposée par l’OHADA.
Fiacre E. Kakpo
Le gouvernement togolais vient de franchir une nouvelle étape dans sa coopération avec le Fonds monétaire international (FMI). Un accord technique, dit « au niveau des services », a été conclu entre les deux parties au terme de la deuxième revue du programme économique appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC). Cet accord, obtenu après plusieurs semaines de discussions à Lomé et à Washington, ouvre la voie à un nouveau décaissement de 58,4 millions de dollars (environ 44 millions de droits de tirage spéciaux), sous réserve de validation par le Conseil d’administration du FMI.
Des fondamentaux économiques jugés solides
Le FMI se montre globalement satisfait de la trajectoire économique du Togo. Le pays a enregistré une croissance estimée à 5,3 % en 2024, portée par la performance des secteurs agricole et des services. L’inflation, quant à elle, a fortement reculé, pour s’établir à 2,6 % en avril 2025, après un pic post-pandémique qui dépassait les 7 %.
Toutefois, un point de friction demeure : le non-respect du critère de performance budgétaire, déjà soulevé lors de la précédente mission. Selon le gouvernement togolais, la hausse imprévue des dépenses publiques – liées à la gestion des inondations et à la subvention d’engrais agricoles – a contribué à un creusement du déficit et à une accélération de l’endettement.
Réformes structurelles et engagement en matière de gouvernance
Malgré ce défi budgétaire, le FMI salue les progrès réalisés sur le plan des réformes structurelles. Lomé a renforcé l’évaluation des risques budgétaires dans le cadre du budget de l’État et procédé à la recapitalisation de la dernière banque publique, qui répond désormais aux normes du régulateur bancaire de l’UEMOA.
Sur le volet gouvernance, plusieurs engagements ont été pris : révision du cadre légal des marchés publics, obligation de publier les bénéficiaires effectifs des contrats publics, et lancement d’un diagnostic de gouvernance en partenariat avec le FMI, dont les résultats seront rendus publics. Selon le FMI, le processus est enclenché.
Pour rappel, le programme FEC, d’un montant total de 390 millions de dollars sur trois ans, vise à restaurer la viabilité de la dette et à renforcer les capacités de l’État à soutenir une croissance inclusive. Prochaine étape : la troisième revue, prévue pour le second semestre 2025.
Fiacre E. Kakpo
Au Togo, le groupe de mésofinance Cofina (Compagnie financière africaine) a lancé le jeudi 15 mai à Lomé, une nouvelle offre d’épargne destinée à une cible premium. Dénommé ‘CofiPrivilège’, le nouveau produit a été présenté à des dirigeants, cadres exécutifs et entrepreneurs à fort potentiel.
Concrètement, la nouvelle solution se veut un outil de gestion patrimoniale sécurisé comportant des services sur mesure pour une clientèle haut de gamme. Dans le détail, CofiPrivilège intègre des fonctionnalités telles que les transferts d’argent rapides vers les pays dans lesquels intervient le groupe bancaire, des cartes prépayées internationales, et des services bancaires pensés pour les professionnels en mouvement. A cela, s’ajoutent des services de ‘conciergerie premium’, de compléments d’avis médical et d’assurance, ou encore de solutions de financement sur mesure, apprend-on.
“Il s’agit d’un produit unique en son genre, pensé pour répondre aux besoins spécifiques des entrepreneurs modernes”, a expliqué Pascal Kové, le nouveau patron de la filiale togolaise, en poste depuis début mars.
Présente au Togo (son 9ème pays) depuis 2020, Cofina revendique à ce jour un encours de crédit dépassant les 30 milliards FCFA. Avec plus de 200 collaborateurs, la branche nationale entend renforcer son offre de services financiers et poursuivre son développement.
Octave A. Bruce
Après avoir obtenu, en novembre 2024, une garantie de 200 millions d’euros de la Banque africaine de développement (BAD), le Togo prévoit de mobiliser deux prêts commerciaux pour un total de 350 millions d’euros auprès de banques internationales, selon les informations confirmées par S&P.
Ce montage, inédit pour le pays, permettra à Lomé de lever des fonds sur les marchés à des conditions bien plus avantageuses, grâce à la solidité de la couverture offerte par la BAD via le Fonds africain de développement (FAD). Objectif : financer une série de projets verts et sociaux, tout en réduisant la dépendance du pays au marché régional de la dette, devenu plus coûteux et plus volatil.
Ces prêts s’inscrivent dans le Cadre de financement durable publié par le gouvernement togolais en octobre 2024, validé par l’agence S&P. Ils serviront à financer des initiatives dans l’agriculture durable, la gestion de l’eau, la protection sociale, l’inclusion numérique et les infrastructures résilientes au changement climatique.
L’opération intervient dans un contexte de transition stratégique pour les finances publiques togolaises. Alors que les taux régionaux sur le marché de l’UEMOA se sont envolés depuis 2022, raccourcissant les maturités et alourdissant les coûts de refinancement, Lomé cherche à rééquilibrer son portefeuille de dette. Selon S&P, la part du financement hors UEMOA pourrait atteindre 50 % du portefeuille d’ici à 2026, contre 42 % fin 2024.
Pour 2025, le Togo a déjà sécurisé un prêt de 200 millions de dollars auprès de la Banque mondiale et entend finaliser ces deux nouveaux prêts adossés, notamment à la garantie de la BAD. Si l’agence de notation américaine S&P Global Ratings mentionne plusieurs institutions multilatérales comme garantes potentielles des deux opérations envisagées, seule la garantie de 200 millions d’euros accordée par la Banque africaine de développement a été rendue publique à ce jour. On sait toutefois que, dans le cadre de son nouveau Cadre de partenariat pays (CPP), la Banque mondiale a indiqué que le Togo pourrait recourir à des instruments innovants de financement, notamment via l’IDA – son guichet concessionnel – et sa nouvelle plateforme de garanties, soutenue par la MIGA.
L’opération pourrait aussi servir de précédent pour d’autres pays de la région qui cherchent à combiner emprunts commerciaux et soutiens multilatéraux pour obtenir de meilleures conditions de financement.
Fiacre E. Kakpo
Dans un contexte régional marqué par une tension monétaire silencieuse, les banques togolaises affichent une posture de prudence. Selon les dernières données de la BCEAO arrêtées à février 2025, les établissements financiers du pays ont constitué 164,9 milliards FCFA de réserves bancaires, alors que le niveau requis par la réglementation n’est que de 66,7 milliards FCFA.
Autrement dit, les banques togolaises détiennent près de 2,5 fois les réserves exigées par l’autorité monétaire – un ratio de 2,47, parmi les plus élevés de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Ce niveau d’excédent, qui s’élève à 98,2 milliards FCFA, s’inscrit dans un mouvement caractérisé par plus d'accumulation de liquidités, observé à l’échelle de la région.
À titre de comparaison, la Côte d’Ivoire, avec un système bancaire beaucoup plus établi, affiche un multiplicateur de 3,46 fois, tandis que le Bénin atteint 1,82 fois et le Niger – seul pays en déficit – enregistre un ratio de 0,94.
Cette stratégie défensive ne résulte pas d’un excès de confiance, mais bien d’une anticipation d’un environnement plus contraint. Depuis le retour aux adjudications à taux variables décidé par la BCEAO en février 2023, l’accès à la liquidité est devenu moins fluide, et plus coûteux. Même si le principal taux directeur reste officiellement à 3,5 %, les banques se financent à un taux plafond de 5,5 % auprès de la Banque centrale, tandis que le taux interbancaire à une semaine dépasse 6 %.
Préserver ses marges, sécuriser son bilan
Face à ces signaux de resserrement monétaire implicite, les banques préfèrent constituer en excédents leurs réserves, plutôt que de s’exposer à des tensions de refinancement. Cette dynamique est également alimentée par une exigence prudentielle plus stricte : depuis décembre 2023, le capital social minimum exigé pour les banques dans l’UEMOA a été doublé, passant de 10 à 20 milliards FCFA. En renforçant leurs fonds propres, les établissements cherchent à consolider leur solidité dans un environnement incertain.
Une liquidité thésaurisée, mais pas immobile
Cette prudence n’empêche pas les banques togolaises de continuer à financer l’économie, mais avec discernement. En 2024, les nouveaux crédits bancaires ont progressé de 10 %, pour s'établir à 645 milliards FCFA, selon les données du Comité national de crédit. Cette hausse s’inscrit dans un contexte économique porteur : la croissance du PIB réel est estimée à 5,3 %, portée par la vitalité des secteurs secondaire et tertiaire, et la résilience du secteur agricole.
Dans les faits, les établissements bancaires privilégient une croissance encadrée de leurs encours, afin de préserver la qualité de leur portefeuille plutôt que d’augmenter leur exposition dans un cycle encore incertain.
Fiacre E. Kakpo