Le Camerounais Alain Nkontchou a passé le flambeau au Sénégalais Papa Madiaw Ndiaye, neuf ans après son arrivée au conseil d'administration d'Ecobank Transnational Incorporated (ETI), le jeudi 6 juin à Lomé, lors de la 36e édition des assemblées générales de la banque panafricaine.
Papa Madiaw Ndiaye, le nouveau président du conseil d'administration (PCA) d’Ecobank, est principalement connu comme le directeur général et le fondateur d’AFIG Funds, mais son expérience s'étend bien au-delà de cette casquette. Avant de fonder AFIG Funds, il a été directeur des investissements chez Emerging Markets Partnership (EMP) à Washington. Là, il a joué un rôle clé dans la levée de 407 millions USD pour le Fonds d’infrastructure africain AIG en 2000, qui était à l'époque le plus grand fonds panafricain.
Avant de rejoindre EMP, Papa Madiaw Ndiaye est passé notamment par la Société financière internationale (SFI), où il dirigeait les investissements en actions et en dettes pour des institutions financières africaines entre 1996 et 2000.
Ses débuts professionnels chez Salomon Brothers et plus tard au sein du groupe des marchés émergents de JP Morgan en 1992 ont jeté les bases de son expertise dans le trading de titres en Afrique et au Moyen-Orient, qu'il a lancé en 1994.
En 2000, Ndiaye est devenu conseiller spécial pour les Affaires Économiques et Financières auprès du président de la République du Sénégal. Il a également été président du Conseil consultatif économique et financier à la présidence au Sénégal. Dans la même période, il a lancé MIDROC BVI, un véhicule d'investissement direct pour le Cheikh Mohammed Al-Amoudi, du milliardaire saoudo-éthiopien.
Le parcours académique de Ndiaye est tout aussi prestigieux, avec un MBA de la Wharton School of Business, un MA en Affaires Internationales de l’Institut Lauder de l’Université de Pennsylvanie, et un BA en économie de Harvard College.
Au-delà de ses responsabilités dans le monde des affaires, Ndiaye est également au conseil d'administration de plusieurs entités, notamment celui de l'AVCA, l'association des private equity en Afrique.
Papa Madiaw Ndiaye prend la tête du conseil d'administration d’un groupe bancaire qui sort “d’une période difficile”, comme l’a souligné son Ceo, Jeremy Awori, et devra travailler au retour des dividendes. De plus, il devra s'atteler à la résolution des problèmes rencontrés par la filiale nigériane du groupe, qui traverse une période particulièrement difficile.
Fiacre E. Kakpo
Au Togo, Bank Of Africa (BOA) a signé une convention de financement vendredi 17 mai dernier avec la Fédération des Femmes Entrepreneures et Femmes d’Affaires du Togo (FEFA-Togo), prévoyant un soutien financier de 1 milliard de francs CFA sur 12 mois pour booster les affaires des femmes entrepreneures.
L'accord a été formalisé à Lomé par Youssef Ibrahimi, directeur général de BOA-Togo, et Candide Bamezon-Leguede, présidente de FEFA-Togo.
« Ce partenariat marque le début d’une collaboration significative entre deux acteurs majeurs de l’économie togolaise. En unissant nos forces, nous aspirons à stimuler le développement économique et social du Togo », a déclaré Youssef Ibrahimi.
De son côté, Candide Bamezon-Leguede voit dans ce partenariat, une occasion d'offrir un financement flexible adapté aux besoins spécifiques des entrepreneures. « Cette initiative est une première dans la région et vise à créer des opportunités réelles et durables pour les femmes », a-t-elle précisé.
Le programme de financement s'articule autour de trois axes stratégiques. D'abord, un soutien pré-financement pour lever les obstacles bureaucratiques souvent rencontrés par les entrepreneures. Ensuite, une assistance dans le montage des dossiers. Enfin, un accompagnement post-financement pour s'assurer que les fonds soient utilisés efficacement, pour maximiser l'impact sur le terrain. Aussi le programme prévoit-il des formations en entrepreneuriat, couvrant l'éducation financière et la gestion des affaires, enrichies de coaching et de mentorat par des pairs.
Candide Bamezon-Leguede reste optimiste quant à l'impact de ce financement : « Ensemble, nous pouvons briser les barrières, éliminer les inégalités et créer un monde où toutes les femmes ont la possibilité de réaliser leurs rêves entrepreneuriaux », a-t-elle ajouté, reconnaissante envers tous les contributeurs de ce projet.
Face au déficit criant de logements au sein de l'Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), une initiative d'envergure a été lancée à Lomé, au Togo, le 17 mai 2024. Il s'agit de la Garantie de Prêts au Logement (GPL), développée conjointement par le Fonds de solidarité africain (FSA) et la Caisse régionale de refinancement hypothécaire de l'UEMOA (CRRH-UEMOA). Ce mécanisme est destiné à faciliter l'accès aux financements pour les promoteurs immobiliers. Selon les deux institutions, l’attractivité de l’offre est renforcée par la solide notation 'investment grade' des deux institutions, signe de sécurité et de crédibilité.
« La garantie de prêts au logement est conçue pour partager les risques de crédit et diminuer le coût net du risque, tout en réduisant la consommation de fonds propres des banques. Elle rend ainsi le financement du logement plus accessible et durable, avec des impacts positifs sur la stabilité économique et le développement social de notre région », souligne Yedau Ogoundele, directrice générale de la CRRH-UEMOA.
Dans les faits, la GPL autorisera les institutions financières de l'UEMOA à obtenir des garanties jusqu'à 5 milliards de francs CFA par entité, avec une couverture de 80% en cas de défaut de paiement. « En activant cette garantie 'silencieuse', nous prenons en charge 80% du risque de chaque prêt en défaut. Nous interviendrons en première demande à hauteur de 50%, les institutions ayant par la suite trois ans pour récupérer les fonds, avant que nous ne réglions le reste », détaille Abdourahmane Diallo, directeur général du FSA.
La GPL ne se substituera pas aux hypothèques traditionnelles mais servira plutôt de complément. « Cette garantie offre aux futurs propriétaires des conditions de prêt plus favorables et permet aux institutions bancaires d'optimiser leurs fonds propres tout en augmentant leur capacité de prêt », soutient Diallo.
Le lancement de cette garantie intervient alors que le déficit de logement s'élève à 3,5 millions d'unités pour les huit pays de l'UEMOA, avec un besoin annuel estimé à 251 000 nouvelles unités pour répondre à la croissance démographique et à l'urbanisation accélérée. « Confrontée à ces défis structurels, la CRRH-UEMOA se devait de réagir en proposant des solutions novatrices et adaptées », insiste Yedau Ogoundele.
Les deux institutions prévoient un roadshow dans les huit pays de l'UEMOA pour rencontrer les banques et les systèmes financiers décentralisés (SFD) et ajuster l'offre de garantie à leurs besoins spécifiques. « Nous invitons toutes les banques et les SFD intéressés à nous rejoindre pour développer leur portefeuille de prêts au logement. C'est un processus évolutif où nous adapterons notre offre en fonction des retours reçus », conclut Y. Ogoundele.
Fiacre E. Kakpo
Dans le cadre de ses opérations monétaires régulières d’injection de liquidités, la BCEAO a injecté en début de semaine 511 milliards FCFA à un taux de 5,5% dans les coffres des banques togolaises. Au total, 7 400 milliards FCFA ont été accordés lors de cette adjudication qui s'est tenue le 30 avril 2024 avec la participation de 110 entités financières venues des 8 pays de l’UEMOA. Ce sont les banques ivoiriennes qui s’en sortent en tête avec 1 741 milliards FCFA, suivies des banques burkinabè avec 1 312 milliards FCFA.
Ces injections de liquidités sont essentielles pour les économies de la région, notamment pour permettre aux banques de maintenir des réserves suffisantes en vue de répondre aux besoins de leurs clients, sans compromettre leurs obligations à court terme.
Cependant, le coût de la mobilisation de ces ressources pose quelques enjeux pour les banques. Alors que ce taux de 5,5% se maintient depuis le premier trimestre, il contraste fortement avec la moyenne de 3,2% observée en décembre dernier, signalant une montée des coûts de financement qui pourrait changer la dynamique du crédit dans l’Union. Les institutions financières, face à ces taux élevés, ont légèrement ajusté leurs offres de prêt pour préserver leurs marges. Pour les Etats, le coût d’accès au financement sur le marché régional devrait rester aussi élevé, réduisant les marges de manœuvre budgétaires.
Fiacre E. Kakpo
Réunie le 22 mars 2024, la Commission Bancaire de l'UMOA, gendarme du secteur, a sévi contre des dérives dans le secteur financier togolais. Une banque locale et un haut dirigeant ont été les cibles de ses mesures disciplinaires.
La première sanction a ciblé une banque togolaise, qui a écopé d'un blâme et d'une amende de 300 millions de francs CFA. La raison ? L'établissement, pris en défaut pour non-respect des exigences de capitalisation et diverses infractions réglementaires, a été particulièrement épinglé pour ses lacunes en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, a indiqué la commission bancaire.
Le même jour, une sanction disciplinaire a frappé un administrateur de système financier décentralisé (microfinance). Il se voit interdit de diriger, d’administrer ou de gérer un établissement financier soumis au contrôle de la Commission pour une durée de dix ans. Cette décision est motivée par des actes de gestion jugés anormaux, notamment l’appropriation de sommes d'argent et d'avantages indûment à son profit, au détriment de l'institution qu'il était censé protéger, précise le gendarme des banques.
Lors de cette session du 22 mars, un blâme a également été prononcé à l’encontre d’un établissement basé au Sénégal, assorti d'une amende de 151 millions de FCFA pour des manquements et infractions relevés sur son dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Fiacre E. Kakpo
Au Togo, le crédit fait le jeu des gros poissons. Un récent rapport de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) vient jeter une lumière crue sur la distribution très concentrée des crédits bancaires. À la fin de 2023, une poignée de seulement 50 entreprises accaparait 37,6% des crédits bancaires encore à rembourser. Ces grandes entreprises utilisatrices de crédits bancaires (GEUCB) - terme déposé par la Banque centrale - qui ne représentent pourtant qu'une infime partie du tissu économique togolais (bien loin de 1% des entreprises actives), tiennent le haut du pavé.
La situation n’est pas propre au Togo. En Guinée-Bissau, ces grandes entreprises concentrent 58,1% des crédits, et au Niger, 50,4%. Ces chiffres tombent à 25,2% en Côte d'Ivoire et 26,6% au Sénégal, mettant en relief une disparité flagrante à l’échelle même de l'UEMOA. Au sein de l’Union, ce sont 400 GEUCB qui détiennent plus de 50% de l’encours des crédits bancaires.
La BCEAO pointe ensuite le Togo comme l'un des terrains les plus fertiles pour les financements transfrontaliers dans l'Union, qui représentent 302,6 milliards de francs CFA à la fin de décembre 2023. Avec 25,8% de ces financements transfrontaliers attribués par des établissements de crédit togolais aux GEUCB, le Togo se positionne comme un acteur clé dans le réseau de crédit régional. Cette position renforce sa stature de place financière dans l'UMOA, mais expose son économie aux aléas des voisins.
Ces données viennent mettre en perspective d’autres tendances observées ces dernières années par Togo First et des chiffres d’une enquête de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo (CCI-T), selon lesquels 6% des entreprises concentrent à elles seules 88% du total des chiffres d'affaires déclarés dans le pays. Une sorte d’oligopole où les petites et moyennes entreprises (PME), qui forment pourtant le pilier de l'économie togolaise et représentent 90% des entreprises enregistrées, peinent à trouver leur part du financement, écrasées par leur petite taille, la faible taille du marché, le manque de garanties, et un profil de risque souvent jugé trop élevé par les banquiers.
Cependant, une nouvelle dynamique se dessine dans le financement de l'économie togolaise. Selon Sani Yaya, ministre de l'Économie et des Finances, lors du dernier Conseil national de Crédit (CNC), les financements accordés au secteur privé et à l’État par les banques et les systèmes financiers décentralisés ont progressé de 6% en un an pour atteindre 1 955 milliards FCFA à fin décembre 2023. Cette progression est marquante, surtout que 89% de ces financements bénéficient au secteur privé, avec une augmentation importante de la part des financements accordés aux Micros, Petites et Moyennes Entreprises (MPME), qui est passée de 28% en 2021 à 39% en 2023. Une tendance qui montre un effort croissant pour diversifier l'accès au crédit, au-delà des quelques grandes entreprises dominantes.
Fiacre E. Kakpo
D'après les informations obtenues par Togo First auprès de sources fiables, la Société Générale (SocGen) envisagerait de se retirer de sa filiale béninoise. Engagée dans un vaste mouvement de retrait de ses activités africaines, la banque vient de clôturer un chapitre marocain en cédant ses opérations bancaires et assurantielles au groupe Saham.
En territoire béninois où la banque française a posé des bases solides, un départ semble également programmé, si l'on en croit nos sources. En conséquence, la Société Générale Togo, qui est la succursale de la branche béninoise, serait directement impactée par le mouvement. Restée corporate depuis son arrivée sur le marché togolais en 2015, l'entité bancaire a naturellement peu d'ancrage dans l'écosystème togolais, avec seulement 2 % de part de marché sur les crédits et 2 % également sur les dépôts. Ces dernières années, elle a cherché à étendre ses activités aux PME plus modestes.
Le groupe mère, quant à lui, poursuit son retrait du continent qui représentait entre 7 et 8 % de ses activités. Pour expliquer ses départs, les analystes soulèvent des questions sur la rentabilité des filiales et les contraintes réglementaires, tandis que d'autres banques occidentales ont opté aussi pour un repli stratégique vers leurs bases traditionnelles. La piste du sentiment anti-occidental, notamment anti-français, est également invoquée.
La Société Générale n'est pas isolée dans cette démarche de désengagement ; BNP Paribas, titan bancaire européen, s'est également détachée de ses filiales africaines. Le Groupe BPCE, avec sa principale marque Banque Populaire, a décidé d’amorcer le même mouvement. Avant eux, des institutions britanniques telles que Barclays et Standard Bank avaient déjà amorcé leur retrait.
Dans les coulisses à Cotonou, Vista Bank, dirigée par l’Américano-Burkinabé Simon Tiemtoré, s'informe sur de possibles velléités de vente, lui qui, pour acquérir Oragroup, doit encore convaincre. La commission bancaire de l’Uemoa aurait exigé de Tiemtoré, des garanties supplémentaires avant d'autoriser la prise de contrôle d'Oragroup, groupe bancaire classé dans le top 10 de l'UEMOA, déjà fragilisé par des problèmes de liquidités pouvant entraîner un défaut sur ses dettes seniors, comme Fitch en a récemment donné l’alerte. Selon certaines indiscrétions, l'État béninois pourrait envisager de s'emparer de la SocGen Bénin. D'autres indiquent que c'est plutôt l'entourage du président Talon qui serait en pole position. Sans oublier que la succursale togolaise serait d'une manière ou d'une autre impactée par une telle opération si elle venait à être réalisée.
Fiacre E. Kakpo
D’après la loi de finances 2024, le gouvernement togolais prévoit d’injecter 13 milliards FCFA pour renforcer les fonds propres de l'Union Togolaise de Banque (UTB), une institution bancaire entièrement détenue par l'État et en cours de privatisation.
L'investissement prévu par Lomé viendrait ainsi s'ajouter à une autre allocation de 66,9 milliards de Francs CFA prévue au cours de cette même année, pour l'acquisition des sièges et autres infrastructures liés à la banque publique togolaise, ainsi qu'à IB Bank, anciennement connue sous le nom de BTCI, jusqu'à son acquisition en 2021.
Lire aussi : Au Togo, l’Etat prévoit de racheter et titriser les sièges d’IB Bank et de l’UTB en cours de cession
L'UTB est la dernière entité bancaire du Togo à être pleinement propriété de l'État. Depuis près d'une décennie, la banque lutte contre une insuffisance marquée de ses fonds propres, ce qui a entravé ses efforts pour attirer des investisseurs, en dépit des pressions exercées par le Fonds Monétaire International (FMI) et d'autres bailleurs de fonds internationaux.
Cette situation difficile s'explique en partie par la composition de son portefeuille de crédit, caractérisé notamment par une forte exposition (environ un tiers de ses crédits totaux) au gouvernement, ainsi qu’aux industries du coton et du phosphate, toutes deux en quête de revitalisation. De plus, la banque est confrontée à des taux élevés de prêts non performants (PNP), ce qui soulève des préoccupations quant à la viabilité de ses activités de crédit.
Entre 2018 et 2020, le gouvernement togolais, qui avait tergiversé entre une option de renflouement de la banque et sa privatisation pure et simple, avait fini par céder aux pressions du FMI qui privilégiait quant à lui, le choix d'un acteur externe de “référence”, justifiant cette approche par le coût budgétaire que pourrait engendrer un concours étatique. Selon les enquêtes de Togo First, la nouvelle option combinée des autorités togolaises, qui viennent juste de signer un accord de près de 400 millions de dollars sur 42 mois avec le Fonds Monétaire International, soit près de 80 milliards FCFA, devrait aggraver le déficit budgétaire de 1,1 % de PIB.
Néanmoins, le gouvernement anticipe que l'acquisition des sièges des deux banques générera des revenus budgétaires réguliers à moyen et court terme. À ce jour, aucun détail n'a été divulgué sur le plan d’amortissement de l’investissement. Les autorités togolaises estiment toutefois que cette démarche consolidera le secteur financier du pays, surtout que les banques togolaises, comme celles de l'UEMOA, doivent désormais atteindre un capital minimum de 20 milliards de FCFA dans les deux à trois ans.
Pour l'instant, l'annonce de ces deux opérations dans la loi de finances introduit une certaine incertitude, d'autant plus que Sunu Bank et Coris Bank s'étaient positionnées l'année dernière comme prétendants à la reprise de l'UTB. Bien que Sunu Bank se soit retirée plus tard, des sources de Togo First indiquent que Coris Bank reste fermement engagée dans le processus, en compétition avec un autre acteur.
Fiacre E. Kakpo
Au Togo, l'État projette en 2024 une opération majeure de titrisation des sièges de l'UTB et IB Bank, visant à revitaliser ces banques et injecter de la liquidité dans le système bancaire.
D'après des informations confiées à Togo First par des sources proches du dossier, l'État togolais prévoit, au cours de cette année 2024, de lancer une importante opération de titrisation ciblant les biens immobiliers de deux grandes banques du pays : l'Union Togolaise de Banque (UTB), toujours sous contrôle étatique mais en cours de cession, et l'ex-banque publique, la Banque Togolaise pour le Commerce et l'Industrie (BTCI), rebaptisée IB-Bank.
Ce plan, estimé à 66,9 milliards de francs CFA, s'insère dans une stratégie dite “innovante” visant à injecter de la liquidité dans le système bancaire tout en apportant de nouvelles ressources régulières et stables aux finances publiques pour les prochaines années, indique-t-on. Cependant, il représentera un coût budgétaire qui, rien que pour cette année 2024, devrait accroître le déficit budgétaire estimé à 5,6% du PIB de plus d'un point de pourcentage.
“L'opération envisagée par l'État consiste à racheter les sièges et divers immeubles de ces institutions bancaires. Ces actifs immobiliers seront par la suite convertis en titres financiers. Ceux-ci pourront être acquis par des investisseurs, peut-être d’autres banques de la place ; c’est une option”, explique notre source. Cette transformation d'actifs tangibles en instruments financiers liquides est une démarche peu commune dans le paysage financier togolais. Des entités telles qu'Orabank et la BOAD ont déjà utilisé la titrisation pour liquéfier une partie de leur bilan, en particulier par la vente de créances.
Une bouffée d'oxygène pour les banques UTB et IB Bank : cette initiative devrait présenter un double avantage. D'un côté, elle promet un bol d'air financier à l'UTB (qui n’est pas encore cédée) et à IB-Bank, des institutions en proie à des difficultés comme la faiblesse de liquidité et des pressions réglementaires. Cette manne financière devrait leur permettre un redressement notable, espère Lomé. Un enjeu crucial dans un contexte économique et réglementaire exigeant où la BCEAO vient de rehausser le capital social minimum, qui passe à 20 milliards FCFA.
Fin 2019, la BTCI, avant de devenir IB Bank Togo, affichait des fonds propres négatifs de 11 milliards FCFA, avant de passer en zone verte avec en 2021, sous l’effet d’une restructuration. À la suite de son acquisition par IB Holding, propriété de Mahamadou Bonkoungou, des mesures ont été mises en œuvre pour renforcer les fonds propres de la banque. Ainsi, son capital social a été augmenté de l’équivalent de 20 milliards FCFA, porté à 27 milliards FCFA, dépassant ainsi les exigences prudentielles. Pour IB Bank (ex-BTCI) qui est déjà privatisée, la vente de son siège social à l'État lui permet de libérer du capital immobilisé dans un actif non liquide, ce qui devrait immédiatement améliorer sa liquidité et potentiellement ses fonds propres, surtout qu’elle a accumulé des pertes importantes avant son rachat.
De son côté, l’UTB continue de naviguer dans des eaux troubles et a connu des difficultés à trouver un repreneur, d’autant que sous-capitalisée selon la nouvelle norme, elle affichait des fonds propres fortement négatifs en 2021. “Le but de cette opération, simple mais stratégique, est de donner un nouvel élan aux banques togolaises. En rachetant leurs immeubles, l'État veut transformer ces actifs immobiliers en liquidités précieuses” pour l’UTB, qui est actuellement en pourparlers avec Coris Bank du Burkinabé Idrissa Nassa pour son rachat, tandis que l’ex-BTCI a été rachetée par un autre Burkinabé, Mahamadou Bonkoungou. D'autre part, une telle opération créera une nouvelle source de revenu pour l'État sous forme de loyers, puisque les banques continueront d'occuper ces bâtiments, justifient les autorités togolaises.
Fiacre E. Kakpo
Le Parlement togolais a adopté en fin de semaine écoulée, la loi de finances pour 2024, qui intègre notamment une réforme fiscale majeure sur la taxation des transactions de monnaie électronique réalisées via la téléphonie mobile.
Selon le texte de loi, les opérations de transfert d'argent par mobile, un secteur en pleine expansion au Togo, seront désormais exclusivement assujetties à la Taxe sur les activités financières (TAF), mettant fin à l'application de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui était en partie en vigueur.
Dans le système en place actuellement, deux taxes différentes peuvent s'appliquer aux opérations de monnaie électronique : la Taxe sur les activités financières (TAF) quand l’activité de Mobile money est considérée comme principale pour l’opérateur et la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) lorsqu’elle est considérée comme auxiliaire. Pour le gouvernement, “ceci rend complexe sur le plan opérationnel, la gestion des déclarations fiscales de ces activités”.
Dans une réponse donnée par le gouvernement au parlement, l’exécutif togolais déclare que “l’objectif majeur est de ne pas soumettre à une imposition différenciée une même activité sur la base du caractère accessoire ou principal de l’activité.”
Ainsi, la nouvelle mesure, qui entre en vigueur le 1er janvier 2024, vise à éliminer cette complexité en introduisant une taxe unique, la TAF, qui serait la seule applicable aux transactions de Mobile money.
Selon les justificatifs fournis par le gouvernement, une telle mesure pourrait réduire les coûts supportés par le consommateur final, renforçant ainsi la démocratisation des paiements numériques et stimulant l'inclusion financière, axe stratégique de son plan d’action.
Effectivement, on pourrait assister, l’année prochaine, à un changement de taux pour les services de paiement mobile comme Tmoney et Flooz, qui sont des extensions des activités des opérateurs téléphoniques Togocom et Moov Africa Togo respectivement. Ces services, actuellement considérés comme des activités auxiliaires, sont soumis à une TVA de 18%. Le nouveau dispositif quant à lui, prévoit de les soumettre à une Taxe sur les activités financières (TAF) de 10%. Ce passage d'un taux à l'autre, soit un écart de 8%, donc une diminution de près de moitié, pourrait potentiellement mener à une baisse des tarifs pour les consommateurs, espèrent des organisations de la société civile togolaise.
La mise en œuvre de cette réforme fiscale serait également avantageuse pour les nouveaux acteurs dans le domaine de l'émission de monnaie électronique, tels que les entreprises de fintech. Par exemple, Gozem, qui se prépare à lancer son propre service de Mobile Money, bénéficierait de cette modification fiscale, ainsi que les agrégateurs de paiement qui pourraient voir leur marge progresser, confie à Togo First, un expert de la fintech basée à Lomé.
Au Togo, le mobile money connaît un développement rapide ces dernières années, à mesure que les usages se multiplient et que la course vers la digitalisation de l’économie s’accélère.
Selon une enquête Afrobarometer, seulement un adulte togolais sur quatre possède un compte bancaire, cependant ils sont trois fois plus à utiliser des comptes mobiles money pour leurs transactions financières.
Cependant des acteurs craignent que le gouvernement ne décide sur les prochains exercices budgétaires d’augmenter le taux de la taxe sur les activités financières (TAF) qui est actuellement de 10%, l’un des plus bas de l’Uemoa.
Fiacre E. Kakpo