A la découverte d’Africube, le bouillon qui veut remplacer Maggi dans les marmites

Agro
dimanche, 26 mai 2019 10:19
A la découverte d’Africube, le bouillon qui veut remplacer Maggi dans les marmites

(Togo First) - Détrôner tout simplement Maggi, le géant mondial de l’agroalimentaire et spécialement du marché des bouillons ou « cubes » comme on aime à l’appeler en Afrique depuis des décennies, c’est l’audacieux pari que s’est lancé Ajavon Ayité, jeune entrepreneur togolais en créant son bouillon Africube via son entreprise Ahoenou (« de chez nous » en mina). Présentée comme plus saine, la nouvelle alternative est composée de soja, d’oignon, de gingembre et de moutarde de Néré. Mais 02 ans après son lancement, le bouillon tarde encore à faire saliver comme espéré. Après tout, les vieilles habitudes ont la dent dure, dit-on, surtout lorsqu’elles ont littéralement fait partie de votre quotidien depuis vos premiers pas. Togo First est allé à la découverte de cette entreprise. 

Togo First : pourquoi Africube, sur un marché déjà considérablement envahi par des bouillons de tout genre ?

Ayité Ajavon : Pourquoi Africube ?!? Eh bien tout est parti d’une publication sur Facebook qui a retenu mon attention. Elle parlait des « dangers des cubes Maggi »; j’ai poussé plus loin ma curiosité et mes doutes furent confortés : ces bouillons étaient dangereux pour la santé. Plusieurs questions me vinrent donc à l’esprit. Pourquoi consommons-nous des bouillons qui viennent de l’extérieur, non consommés par les populations dont sont issus ces grands groupes de l’agroalimentaire, et qui sont visiblement mauvais pour la santé, mais massivement utilisés par les Africains dans leurs sauces ?

Et on nous répète même sans cesse, publicités à l’appui, que sans ces bouillons, nos sauces ne sont pas gouteuses, il y avait un vrai problème! Le souci majeur que nous pointons est le glutamate, un exhausteur de goût, qui modifie de manière artificielle la saveur d’un aliment en donnant un message au cerveau pour lui faire croire que « c’est bon ». Le glutamate éteint de plus le mécanisme de satiété donc favorise l’obésité, le diabète, etc. Aussi il est à prendre en compte la forte concentration de ces bouillons en sel (environ 50% de leur poids net) quand on connait les dangers d’avoir un régime alimentaire trop riche en sel. 

T.F : Comment est née votre entreprise ? Avez-vous bénéficié d’un accompagnement institutionnel ?

A.A : Notre société Ahoenou Sarl a été créée en novembre 2016 sur fonds propres. Elle a officiellement démarré ses activités en Juillet 2017 avec la mise sur le marché de son produit Africube. Notre équipe est composée de jeunes talents de chez nous ayant des compétences dans les domaines aussi variés que la gastronomie, l’agro-alimentaire, le commerce, le marketing et la distribution. Parlant d’accompagnement, nous avons eu la chance de bénéficier, tour à tour du soutien du FAIEJ (Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes, ndlr) et de l’ANPGF (Agence nationale de promotion et de garantie de financement des PME/PMI, ndlr) dans le processus de développement de notre entité et de nos activités. Nous saisissons cette occasion pour leur témoigner toute notre gratitude.

T.F : Comment réagit le marché vis-à-vis de vos produits, quand on sait que les habitudes ont la dent dure en parlant des bouillons traditionnels comme Maggi ?

A.A : Même si la concurrence est bien installée, nous sommes les seuls à proposer un produit naturel et local. Tous les autres sont des exhausteurs de goût fabriqués à base de produits chimiques et arômes artificiels. Les consommateurs étant de plus en plus conscients de l’impact de l’alimentation sur la santé, un accueil favorable a été apporté à Africube qui aujourd’hui se positionne comme une alternative saine et locale aux cubes industriels. Même si du travail doit être encore fait pour apporter l’information à toutes les couches de la population, les réactions positives des consommateurs nous confortent dans notre mission de mettre à la disposition de nos concitoyens des produits sains, naturels et nutritifs.

T.F : Comment comptez-vous conquérir le marché togolais ? Avez-vous des partenaires sur le terrain ?

A.A : Pour conquérir le marché togolais nous comptons d’une part sur une campagne de proximité pour être plus près de la population. Quartier par quartier, marché par marché, maison par maison, nous ferons connaître Africube au plus grand nombre.

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Avec les encouragemetns de Victoire Dogbé, Ministre du développement à la base, de l'artisanat, de la jeunesse et de l'emploi des jeunes.

D’autre part, nous communiquons énormément sur l’aspect santé et les avantages liés à l’utilisation de produits sains et naturels dans nos aliments. Par exemple nous mettons en avant la moutarde de néré qui est l’ingrédient star d’Africube et qui aide à réguler la tension artérielle. Actuellement nous travaillons avec des partenaires distributeurs, nutritionnistes et des professionnels de la santé.

T.F : Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?

A.A : Faire connaître AFRICUBE à la population togolaise, c’est là la principale contrainte. Dans le marché hyper concurrentiel des bouillons culinaires, pour se faire connaître, il faut absolument faire appel aux médias de masse comme les télévisions, radios, les panneaux publicitaires, pour diffuser notre message au plus grand nombre sur l’ensemble du territoire. Et vous pouvez facilement imaginer qu’une campagne publicitaire de cette ampleur coûte énormément. La capacité à faire face à ces problèmes financiers est notre principale difficulté.

T.F : Et en chiffres, Africube, ça donne quoi ?

A.A : 18 employés, plus de 2 000 000 sachets sticks vendus, plus de 8 pays où le bouillon est distribué (Togo, Benin, Mali, Ghana Burkina, France, USA, entre autres, ndlr) et plus de 50 points de distribution.

T.F : Quelles perspectives ?

A.A : A long terme notre objectif sera d’abord de conquérir la sous-région puis l’Afrique tout entière. Ensuite, nous exporter dans le monde entier, quoi que cela se fasse déjà mais à très faible fréquence. Nous envisageons également de nous lancer dans la fabrication d’autres produits alimentaires locaux et sains.

Interview réalisée par Octave A. Bruce

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