Lomé se rêve en capitale africaine de la lutte anti-blanchiment

Gouvernance économique
mercredi, 09 juillet 2025 09:00
Lomé se rêve en capitale africaine de la lutte anti-blanchiment

(Togo First) - Le Togo a réaffirmé mardi son ambition de se positionner comme un acteur central de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) en Afrique. Pour la deuxième année consécutive, Lomé accueille depuis ce 08 juillet 2025, la Grande Rencontre des Compliance et Risk Officers (GRCRO), qui réunit plus de 600 professionnels de la conformité, régulateurs, auditeurs, banquiers et représentants de la société civile, venus de 42 pays.

L’événement, organisé par l’Association togolaise des Compliance Officers (ATCO), s’inscrit dans un contexte continental marqué par la montée en puissance des exigences du Groupe d’action financière (GAFI). En juin 2025, douze États africains figuraient encore sur la liste grise de l’institution, synonyme de surveillance renforcée pour défaillances stratégiques dans les dispositifs de LBC/FT. Le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la RDC, l’Algérie ou encore l’Afrique du Sud sont directement concernés.

« L’Afrique a perdu plus de 1000 milliards de dollars en flux financiers illicites au cours des 50 dernières années », a alerté Georges Essowè Barcola, ministre togolais de l’Économie et des Finances, lors de la cérémonie d’ouverture. 

Selon lui, les pertes annuelles liées aux FFI sont passées de 50 à 90 milliards de dollars en cinq ans, soit près de 4 % du PIB africain. Le Togo, a-t-il poursuivi, entend jouer pleinement sa part.

Le ministre a mis en avant le rôle central des institutions financières et des professions non financières désignées dans l’architecture togolaise de la conformité, tout en insistant sur la nécessité de renforcer les partenariats public-privé pour faire face à des réseaux criminels toujours plus sophistiqués : « L’efficacité doit être la norme du dispositif togolais, en vue du 3e cycle d’évaluation mutuelle prévu en 2030. »

Un message relayé par Kimélabalou Aba, président de la Haute autorité togolaise de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA), pour qui la fonction de conformité « ne se limite plus à l’application des textes », mais constitue désormais un levier de prévention systémique et d’intégration de l’éthique dans la gouvernance publique et privée. « Le combat pour l’intégrité est exigeant, mais il est juste et nécessaire », a-t-il insisté.

Présent à Lomé, le directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), Félix Edoh Kossi Amenounvé, a rappelé les efforts entrepris par sa structure pour intégrer les exigences de conformité dans l’ensemble de ses opérations.

« Nous avons mis en place une politique anti-blanchiment, intégré les normes ESG, renforcé l’audit et la surveillance, et instauré un code de gouvernance pour les sociétés cotées. Il est essentiel que notre place financière reste crédible aux yeux des investisseurs », a-t-il expliqué.

Pour Nikada Batchoudi, président de l’ATCO, cette dynamique est appelée à s’intensifier. « Nous devons alimenter les systèmes judiciaires en signaux d’alerte, et bâtir une communauté panafricaine de la conformité. » Une feuille de route devrait être adoptée à l’issue de cette deuxième édition. L’ambition affichée : consacrer Lomé, dès juillet 2026, comme capitale africaine de la lutte contre le blanchiment.

Fiacre E. Kakpo

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