Kako Nubukpo au Congrès de Lomé : « Si nous faisons l’effort d’augmenter notre pression fiscale à hauteur de 2 % du PIB africain, nous n’aurons plus besoin de l’aide »

Gouvernance économique
jeudi, 11 décembre 2025 12:08
Kako Nubukpo au Congrès de Lomé : « Si nous faisons l’effort d’augmenter notre pression fiscale à hauteur de 2 % du PIB africain, nous n’aurons plus besoin de l’aide »

(Togo First) - Au deuxième jour du 9e Congrès panafricain de Lomé, l’économiste togolais Kako Nubukpo a défendu l’idée d’une monnaie commune africaine, un chantier qu’il juge crucial pour accélérer l’intégration économique du continent. Intervenant lors d’un panel consacré aux enjeux économiques africains, l’ancien ministre a insisté sur les limites du cadre monétaire actuel et les réformes nécessaires pour soutenir la croissance à long terme.

Selon lui, l’absence de monnaie africaine freine l’essor du commerce intra-africain. « La première raison, c’est pour amplifier nos échanges. Il nous faudrait une monnaie africaine pour amplifier ce que nous attendons de la mise en place de la Zone de libre-échange continentale », a-t-il déclaré. Il estime également qu’une union monétaire renforcerait la compétitivité des économies africaines. « Il nous faut une monnaie qui nous permet de damer le pion au reste du monde », a-t-il ajouté.

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L’économiste relie cette réforme aux besoins futurs du marché du travail africain. « Nous avons besoin d’une monnaie pour financer l’arrivée sur le marché du travail africain de 600 millions de jeunes dans les 40 prochaines années », a-t-il expliqué, soulignant l’urgence de mécanismes monétaires adaptés à cet enjeu démographique.

Si les nombreux débats autour de la monnaie en Afrique de l’Ouest francophone avec le FCFA ont abouti à des réformes au sein de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), notamment en ce qui concerne les réserves de change, il faut dire que la réalisation d’une monnaie régionale ouest-africaine (ECO) semble encore loin de se concrétiser. Le projet, souvent évoqué, traîne, confronté à plusieurs défis structurels et politiques.

Pour l’économiste, la mobilisation des fonds dans une approche panafricaine constitue également un levier important pour les pays du continent. Dans cette logique, Kako Nubukpo plaide pour la création d’une banque centrale africaine dotée d’un mandat centré sur la création d’emplois et le financement du développement. « Nos États ont besoin de ressources. Il nous faut une banque centrale qui finance les États », a-t-il indiqué.

Créer un Fonds panafricain financé par les taxes

L’ancien ministre propose d’accompagner les réformes monétaires par un Fonds panafricain destiné à soutenir les budgets des États les plus vulnérables. « Si nous faisons l’effort d’augmenter notre pression fiscale à hauteur de 2 % du PIB africain, nous n’aurons plus besoin de l’aide », a-t-il affirmé, appelant à une mobilisation accrue des ressources internes.

Si la proposition porte des promesses, notamment celle de renforcer la marge budgétaire interne, aujourd’hui limitée par des recettes publiques faibles qui représentent en moyenne 16 % du PIB en Afrique subsaharienne selon la Banque mondiale, elle se heurterait à des défis majeurs. L’outil pourrait contribuer à une plus grande solidarité intra-africaine, à condition d’une gouvernance rigoureuse. Une telle réforme demanderait en effet un consensus entre plus de 50 États aux structures fiscales hétérogènes, dans un contexte où la convergence des politiques fiscales reste limitée malgré les efforts de blocs comme l’UEMOA ou la CEDEAO.

Ayi Renaud Dossavi

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