Sandra Johnson : « les banques et institutions chinoises sont prêtes à financer et accompagner les investisseurs chinois qui veulent investir au Togo. »

Investissement
lundi, 24 septembre 2018 11:20
Sandra Johnson, au centre, lors du FOCAC, en Chine. Sandra Johnson, au centre, lors du FOCAC, en Chine.

(Togo First) - Adopté début août, le Plan national de développement (PND 2018-2022), vœu cher des autorités togolaises, a fait l’objet d’une tournée en Chine dès le 01 septembre. L’offensive commerciale togolaise, conduite par le Président Faure Gnassingbé, est parti de Beijing pour atteindre sa vitesse de croisière à Hangzhou où s’est tenu le 7 septembre, le premier Business Forum Chine Togo.  Togo First a rencontré Sandra Johnson, Coordonnateur national de la Cellule climat des affaires (CCA), à l’issue de ce forum d’affaires. Entretien ! 

Togo First : Le Togo vient d’adopter son nouveau plan de développement sur la période 2018-2022. Qu’apporte ce nouveau ce plan aux Togolais ?

Sandra Ablamba Johnson (SAJ): Le Plan National de Développement que vient d’adopter le Togo se fonde essentiellement sur ce que nous pouvons appeler le changement de paradigme. Le changement de paradigme suppose d’avoir une vision assez claire et précise de là où nous voulons aller, en ciblant très rapidement les projets prioritaires à mettre en œuvre. Et donc ce Plan National de Développement est fondé sur trois grands axes. Le premier axe concerne le hub logistique de référence. Le second axe concerne la transformation agroalimentaire, manufacturière et industrielle, et le troisième axe porte essentiellement sur le développement social à travers l’inclusion sociale, c’est-à-dire les secteurs de la santé, de l’éducation, la formation etc.

Togo First : Nous venons d’achever le premier Business Forum Sino-Togolais. Quelle a été le contenu de ce premier forum d’affaires ?

SAJ : Le Business forum a été vraiment riche. Il y a d’abord eu l’intervention du Chef de l’Etat. Cela démontre qu’il y a un leadership au plus haut niveau. Il y a également eu l’intervention du vice-gouverneur de cette province (Zhiejang, ndlr), une des provinces phares en termes de contribution au PIB chinois ou de revenu par habitant en Chine. Le vice-gouverneur a invité les investisseurs privés chinois à investir au Togo, « un beau et attractif pays ». Il a surtout mis l’accent sur le fait que la Chine partage une vision commune avec le Togo.

Ce business forum a regroupé plusieurs investisseurs chinois et togolais. Parce qu’il ne s’agit pas seulement pour nous de faire venir les investisseurs étrangers, mais de permettre aussi à notre secteur privé de renforcer ses capacités et d’avoir des partenaires stratégiques. C’est pour cette raison que le Président de la République a tenu à ce que le secteur privé puisse faire ce déplacement, pour pouvoir nouer aussi des partenariats.

Il y a donc eu plusieurs interventions du secteur privé et de l’administration togolaise, ainsi que des échanges entre le secteur privé togolais et des investisseurs privés chinois. Ceci, en vue de permettre aux Chinois d’avoir plus d’informations sur le Togo, mais aussi de trouver des partenaires togolais avec lesquels, ils pourraient travailler. 

Togo First : Le Togo a présenté 5 projets phares du PND à ce forum. De quoi retournent ces projets ?

SAJ : Le Togo a effectivement présenté des projets phares. Des projets dans le cadre du hub logistique, notamment la construction de la Route Nationale N°1. Cette infrastructure est extrêmement importante parce que comme vous le savez, le Togo est un corridor qui s’ouvre sur les pays de l’hinterland. Il s’agira donc, de trouver rapidement les financements, via un PPP (Partenariat Public-Privé, ndlr) pourquoi pas, pour pouvoir finaliser la construction de cette route. Il s’agira également de construire un parc multi modal doté notamment de parkings de véhicules.  Puisqu’avec le trafic de plus en plus important, il est devenu primordial de construire un parc de véhicules qui intègre plusieurs fonctionnalités en vue de permettre aux transporteurs étrangers qui arrivent au Togo de pouvoir mener aisément leurs activités.  

Aussi y-a-t-il la construction d’un centre commercial multi modal qui héberge par exemple des structures de sport, des restaurants, des hôtels de standing. L’objectif est de mettre à la disposition des hommes d’affaires qui viendront au Togo, un centre plus ou moins complet qui dispose de tous ces éléments afin de leur permettre mener facilement leur business.

En plus du centre d’affaires, vous avez tout ce qui est parc industriel, qui, un peu comme en Ethiopie, permettra de créer des structures dans le secteur manufacturier et énormément d’emplois. Un des objectifs phares du PND, c’est de réduire la pauvreté en créant de l’emploi. La visée à terme est de construire un parc industriel dans chacune des 5 régions économiques du Togo.

La Chine est un des partenaires stratégiques ou un des experts dans ce domaine. Elle en a déjà construit dans d’autres pays. L’objectif pour nous est de voir dans quelle mesure nous pourrons nouer ce partenariat avec l’Empire du Milieu et permettre aux entreprises chinoises qui souhaitent venir en Afrique, de choisir la « destination Togo » avec tous les atouts dont elle dispose. De se délocaliser au Togo et aussi d’utiliser notre pays comme tremplin pour exporter vers les pays de la sous-région. 

Togo First : des investisseurs chinois qui se sont-ils signalés sur ces projets ?

SAJ : Oui, on a eu des discussions. J’étais en charge du volet centre d’affaires et financiers par excellence. J’ai eu des contacts avec certains partenaires qui sont très intéressés. Nous allons continuer les échanges pour voir quels types de partenariats nous pourrons nouer avec eux et comment est-ce qu’on pourra les mettre en contact avec le secteur privé togolais.

Il faut aussi souligner qu’il y a des investisseurs chinois qui sont déjà sur le terrain au Togo et qui sont intéressés à couvrir d’autres secteurs. Au niveau du parc industriel par exemple, il y a des Chinois qui étaient déjà installés à Zanguéra qui ont marqué leur intérêt pour le Parc d’Akodessewa. Il y a également le CADFund, le Fonds de développement Chine-Afrique qui dit qu’il nous accompagnera, en mettant à disposition des ressources. Vous n’êtes pas sans savoir que le CADFund a été un des bras financiers de la construction du LCT (Lomé Container Terminal, ndlr).

Il y a aussi Afreximbank (la banque africaine d’import-export dont le président était également présent à Hangzhou, Ndlr) qui est prête à accompagner le Togo.

Concrètement, sur le plan financier, les banques et les institutions sont prêtes à financer et accompagner les investisseurs chinois qui veulent investir au Togo. 

Togo First : Le moteur du PND est le secteur privé. Comment comptez-vous fédérer investissements privés étrangers et locaux pour la réalisation de ce programme sans faire de frustrés ?    

SAJ : Je pense qu’on ne fera pas de frustrés parce que je suis très heureuse de réaliser qu’il y a aujourd’hui plein de Togolais du secteur privé qui travaillent déjà en partenariat avec des investisseurs étrangers. Nous avons remarqué qu’il y en a plein. Ce nouveau paradigme sera sans doute pour eux, plutôt une opportunité parce qu’à ce stade, ils bénéficient plus que jamais de l’accompagnement de l’Etat.

Il y aura des mécanismes qui seront mis en place pour faciliter la mise en œuvre de ces projets qui seront identifiés. Ces opérateurs togolais qui ont envie de faire affaires mais qui n’avaient pas la facilité de nouer des partenariats à l’extérieur, ce sera plutôt plus facile pour eux de le faire maintenant, en Chine.

Togo First : Des investisseurs togolais ont-ils pris des contacts?

SAJ : La question leur sera posée. La dernière fois, le président chinois l’a bien dit lors du forum (Focac, ndlr). Ce sera un partenariat gagnant-gagnant, un partenariat respectueux. Donc si je comprends bien l’expression partenariat gagnant-gagnant et respectueux, cela veut dire que, de la même façon que les Chinois peuvent investir au Togo, les Togolais pourront aussi, s’ils ont la possibilité, pourquoi pas, investir en Chine. 

Togo First : En tant que Chef de la Cellule Climat des Affaires, quelles sont les mesures que vous prévoyez de mettre en œuvre dans les jours à venir pour améliorer davantage l’environnement des affaires ?

SAJ : Le travail qui a commencé va se poursuivre. Aujourd’hui dans notre plan d’actions, nous avons une activité qui porte sur la mise en place de l’agence de promotion des investissements de la zone franche. Elle sera la vitrine qui va faciliter l’accès aux structures étatiques et aux départements qui sont en charge de la mise en œuvre des projets.

Nous pensons pousser pour que cette structure soit rapidement mise en place. Le Togo a l’un des codes d’investissements les plus attractifs de la sous-région et pour ce qui est de la mise en œuvre, nous essayons de mettre des mécanismes en place.

Le ministère des finances vient d’avoir l’autorisation de pouvoir gérer le volet « agrément ». Du coup, nous pensons que ce problème est déjà résolu.

Nous avons aussi le code du travail qui est performant mais nous avons fait des recommandations pour le rendre encore plus attractif.

L’investisseur, c’est aussi bien le cadre fiscal. Le ministère des finances, via l’OTR, vient d’apporter un nouveau code des impôts, qui réduit considérablement le nombre d’impôts, pratiquement de moitié. Et nous poussons pour que dans les prochains jours, le parlement puisse adopter ce nouveau code.

Il y a également le nouveau code des douanes et le nouveau code foncier, plus adaptés à la réalité économique actuelle, ainsi que la loi sur les énergies renouvelables.

C’est autant de facilités qui sont prévues pour mettre l’investisseur chinois ou étranger en confiance et conforter nos opérateurs économiques locaux. 

Propos recueillis par Fiacre E. Kakpo, à Hangzhou 

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