L’Inde, pays de provenance de 80% du riz consommé au Togo, limite ses exportations

Agro
lundi, 19 septembre 2022 15:07
L’Inde, pays de provenance de 80% du riz consommé au Togo, limite ses exportations

(Togo First) - La décision de l’Inde de limiter les exportations de riz, fait planer de nouveaux risques sur la sécurité alimentaire en Afrique, alors que la crise ukrainienne a déjà provoqué l’envolée des prix du blé, autre céréale de premier plan sur le continent. 

Depuis le 09 septembre dernier, le gouvernement indien impose un droit de douane de 20 % sur les exportations de riz blanc et de riz brun, et a interdit la vente de riz brisé à l'étranger.  

Cette décision de New Delhi n’est pas sans conséquence pour le Togo. Selon les calculs faits par Togo First en se basant sur les données de Trade Map, plateforme qui fait autorité en la matière, le Togo importe près de 90% de son riz (essentiellement du riz ou étuvé) depuis le sous-continent indien. En 2021, le pays a acheté, en tout, 229 173 tonnes de riz à l’extérieur, dont 88% soit 201 363 tonnes, provenant de l’Inde, leader sur le marché mondial du riz, représentant 40% des exportations mondiales. 

Les nouvelles restrictions indiennes tombent mal d’autant que le Togo qui ne couvre en production locale que 32% de sa demande, sort d’une campagne rizicole mitigée, marquée par une contre-performance de la récolte en baisse de 3,5%. Selon le ministre en charge de l’agriculture, Lekpa Antoine Gbegbeni, le déficit en riz blanc seul est estimé à plus de 88 600 tonnes pour la campagne 2020/2021. Et même si un redressement est attendu, la demande dans le pays est toujours de plus en plus croissante.

Au Togo, la graminée blanche est la deuxième céréale la plus consommée derrière le maïs. Face au déficit chronique du bilan rizicole, plusieurs plans gouvernementaux ont émergé. A ce jour, ni la stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR 2008-2018), ni le Programme national d'investissement agricole, de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNIASAN) n'ont réussi à combler le gap. Au contraire. De 2012 à 2021, le volume des importations a doublé, passant de 113 585 tonnes de riz blanc à 229 173 tonnes. 

Une nouvelle stratégie, la SNDR, phase 2 élaborée pour la période 2019-2030, prévoit une série d’initiatives pour redresser la barre, notamment la mise en place des Zones d’aménagements agricoles planifiées (ZAAP), l’aménagement de périmètres irrigués dont ceux de Kovié, Djagblé, Bas-Mono et Koumbéloti. Outre ces actions, le gouvernement dit vouloir profiter de la restructuration du Mécanisme Incitatif de Financement Agricole (MIFA) pour améliorer l'accompagnement des producteurs dans le financement de leurs activités. 

Ainsi, à l’horizon 2030, selon les projections des autorités togolaises, la production locale de riz paddy pourrait atteindre les 817 000 tonnes, soit l’équivalent de près de 500 000 tonnes de riz blanc. 

En attendant d’atteindre ces objectifs d’autosuffisance, les acteurs locaux demandent une réforme profonde du secteur, dominé par les grossistes, et les principaux importateurs que sont le Singapourien Olam, le Français Louis Dreyfus, ou les Togolais Ets Mawugnon et Elisee Cotranne.

 “Les grossistes et les importateurs, ils commercialisent très peu le riz local. La promotion du Consommer Local est laissée-pour-compte, au profit du riz asiatique qui inonde le marché togolais. Nous les producteurs locaux, nous avons besoin davantage d’appui du gouvernement pour augmenter le volume de riz que nous produisons. C’est d’ailleurs de plus en plus de bonne qualité”, a laissé entendre un producteur local, contacté par Togo First. 

“Pourquoi ne pas commencer à limiter les importations ?”, lance un autre acteur agricole qui reconnaît toutefois que la production locale reste encore faible, de même que la transformation du riz, encore peu moderne pour challenger les riz asiatiques. 

Fiacre E. Kakpo

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