(Togo First) - Après le Burkina Faso et le Mali, le Togo est à son tour sollicité pour se joindre au projet de mise en valeur du potentiel charbonnier de Salkadamna, porté par le Niger. La ministre nigérienne de l’Énergie, Amadou Haoua, était à Lomé le mercredi 13 août 2025 pour présenter l’initiative aux autorités togolaises, notamment au Président du Conseil, Faure Gnassingbé.
Lancé dans les années 1980 et relancé en 2014, le projet de complexe charbonnier de Salkadamna vise à exploiter les vastes réserves de charbon de la région, estimées à 69 millions de tonnes, afin de renforcer l’indépendance énergétique du Niger. Il prévoit la construction d’une centrale thermique d’une capacité de 5200 mégawatts et plus, d’une mine à ciel ouvert, de lignes de transmission traversant le pays, ainsi qu’une usine de briquettes de charbon capable de produire 100 000 tonnes par an.
Désormais, l’ambition est de faire de Salkadamna un levier stratégique pour l’autonomie énergétique en Afrique de l’Ouest. « Nous sommes engagés dans une tournée sous-régionale pour inviter les pays amis et frères à s’associer à une nouvelle dynamique qui porte sur un projet d’une capacité électrique de 5200 MW modulaires, le projet Salkadamna », a déclaré la ministre nigérienne, précisant que cette initiative permettrait de progresser vers la souveraineté énergétique tant souhaitée dans la sous-région.
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Le Togo accueille favorablement ce projet, alors que le pays s’est engagé à atteindre l’accès universel à l’électricité d’ici à 2030. Pour le ministre togolais des Mines et des Ressources énergétiques, Robert Eklo, Salkadamna « est à la fois un projet intégré et intégrateur. Il est intégré en ce sens qu’il va de l’exploitation du charbon pour alimenter une centrale électrique, laquelle pourra évacuer et apporter de l’énergie à l’Alliance des Etats du Sahel et au Togo, voire au Tchad. Il est ensuite intégrateur, parce qu’il fédère tous ces pays et il est aussi ″all in one″, en ce sens que tout est compris ».
Les retombées pour le Togo
Le projet permettra au Niger de produire massivement de l’électricité à partir du charbon extrait localement, avec une partie de cette production destinée à l’exportation vers les pays voisins. Si le Togo rejoint la plateforme de coopération que Niamey souhaite mettre en place, il pourra en tirer plusieurs bénéfices, notamment la réduction de sa dépendance au pétrole importé.
Actuellement, une part importante de l’électricité togolaise est produite à partir de centrales thermiques fonctionnant au gasoil ou au fuel importé. L’intégration d’une source charbonnière régionale offrirait l’opportunité de diversifier son bouquet énergétique et de réduire les coûts liés aux fluctuations internationales.
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Le projet contribuerait également à renforcer la sécurité énergétique du pays, dans un contexte marqué par les tensions géopolitiques et la volatilité des prix de l’énergie. Salkadamna pourrait ainsi participer à la stabilisation de l’offre en électricité dans la région.
Selon la ministre nigérienne, le projet est déjà lancé et « très avancé » au Niger, avec une phase pilote de 600 MW en cours. Il nécessite cependant l’adhésion des autres pays pour passer à grande échelle. Sa réalisation est assurée par le groupe nigérien WANDA GROUP, en partenariat avec les sociétés chinoise HEC et indienne Kalpa-Taru, dans le cadre d’un partenariat public-privé.
Esaïe Edoh
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