(Togo First) - Un an après son passage à la tête de l’Assemblée nationale, Kodjo Sévon-Tépé Adedze fait son retour au gouvernement avec un portefeuille élargi, qui en fait l’une des figures centrales du nouvel exécutif de la Ve République.
Le président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, l’a nommé le 8 octobre ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat – un “super-ministère” placé au cœur du nouveau dispositif gouvernemental.
Sous sa tutelle directe, trois ministres délégués : Sani Yaya, ancien ministre de l’Économie et des Finances pendant près de sept ans, prend en charge les Travaux publics et Infrastructures ; Koamy Gomado, ex-figure de l’ANC de l’opposant Jean-Pierre Fabre, hérite du Développement local ; et Séna Alipui, issu de l’UFC, formation se réclamant également de l’opposition, s’occupe du portefeuille de l’Eau et de l’Assainissement.
Cette nouvelle architecture confère à Adedze une compétence transversale sur les grands chantiers structurants du pays – routes, eau, logement, urbanisation – autant de leviers essentiels à la mise en œuvre des programmes prioritaires du nouvel exécutif.
Âgé de 63 ans, Kodjo Sévon-Tépé Adedze n’est pas un novice dans la haute administration togolaise. Inspecteur des douanes de formation, diplômé de l’École nationale d’administration (ENA) et de l’École nationale des douanes de Neuilly-sur-Seine, il intègre la fonction publique en 1988.
Au fil des ans, il gravit les échelons au sein de la Direction générale des douanes, dont il devient le directeur général, avant d’être nommé commissaire des douanes et droits indirects, puis commissaire général de l’Office togolais des recettes (OTR), à la suite du départ du Rwandais Gaperi.
Entré au gouvernement en 2019, il a occupé les portefeuilles du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale, puis celui de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Réforme foncière. En juin 2024, il a été élu président de l’Assemblée nationale, poste stratégique de la Ve République.
Les grands défis qui l’attendent
Selon les rapports du FMI et de la Banque mondiale, Kodjo Adedze hérite de chantiers d’envergure. En tête : rendre plus efficaces les investissements publics dans les infrastructures, combler un déficit de plus de 500 000 logements — soit près de 15 000 unités à construire chaque année — et améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement.
Aujourd’hui, la couverture atteint environ 70 % en ville contre 40 % en milieu rural.
Le nouveau “super-ministre” devra aussi piloter la planification urbaine et foncière, tout en soutenant la décentralisation et les projets de développement local, surtout dans les communes à forte croissance démographique.
Parmi ses dossiers prioritaires : le projet des 20 000 logements à coût abordable, appuyé par la Banque africaine de développement, qui devrait bénéficier à 100 000 personnes. Le site pilote de Kpomé-Dalavé, sur plus de 1 100 hectares, incarne cette stratégie d’urbanisation planifiée et de croissance inclusive.
Les institutions financières appellent à mieux cibler les dépenses d’équipement, accélérer la maintenance routière et moderniser la gouvernance foncière. Objectif : faire du territoire un moteur de développement, soutenu par le secteur privé et les partenariats public-privé.
Fiacre E. Kakpo