(Togo First) - Au Togo, le secteur des services occupe une place centrale dans l’économie nationale, avec une contribution croissante des exportations, représentant plus de la moitié des flux sortants. Selon une récente analyse de la CNUCED, cette dynamique est portée principalement par trois segments : le transport, les voyages et une large catégorie regroupée sous « autres services », qui inclut les télécommunications, le BTP, les assurances et certaines prestations publiques. Rappelons que le secteur tertiaire représente près de 60% de l’économie togolaise.
La prépondérance des Transports, une extension des activités portuaires
Le secteur du transport est un pilier central des exportations de services du pays, dominées par les activités du Port autonome de Lomé. Au cours des deux dernières décennies, il a représenté la part la plus importante, dans la continuité des ambitions du Togo d’être un hub logistique régional, pourvoyeur de produits d’importation pour les pays sahéliens de l’hinterland, et à l’intersection de plusieurs corridors commerciaux en Afrique de l’Ouest.
En expansion soutenue, le secteur des Transports est passé d’un revenu de 111,6 milliards FCFA (186 millions $) en 2005 à 268,8 milliards FCFA en 2023 (448 millions $).
La modeste contribution des Voyages et du Tourisme
À côté, les voyages constituent une part beaucoup plus modeste des services exportés par le Togo. Les recettes issues du tourisme et des déplacements d’affaires progressent lentement mais restent en retrait, malgré le potentiel balnéaire du pays et la montée en puissance des services hôteliers et de transport aérien.
Bien plus modeste, le secteur des voyages a plafonné autour de 18 à 24 milliards FCFA (30 à 40 millions $) sur la période considérée. L’année 2012 constitue un pic, suivi d’un repli entre 2013 et 2016, avant une reprise nette à partir de 2020.
Le poids des BTP et des Télécoms
La catégorie des « autres services » connaît en revanche une progression régulière, surtout depuis 2020. Elle couvre des secteurs en forte expansion : la construction (infrastructures routières, échangeurs), les télécommunications (recettes liées aux prestations offertes aux non-résidents par les opérateurs mobiles), ainsi que les assurances et divers services administratifs. Cette croissance reflète les mutations de l’économie togolaise, de plus en plus tournée vers les services numériques et les projets d’infrastructures financés par des partenariats public-privé.
En 2023, les « autres services » représentaient des exportations de 146 millions $ (environ 87 milliards FCFA).
Globalement, les exportations de services du Togo ont progressé de façon régulière depuis 2005, malgré une baisse temporaire entre 2013 et 2016. La reprise après 2020, portée par le transport et les services numériques, illustre la résilience du pays face aux chocs externes, notamment la Covid-19 et ses effets économiques.
L’angle mort de l’informel
Cependant, une limite importante persiste dans l’évaluation de la place des services dans l’économie nationale : une part significative demeure informelle et échappe aux statistiques officielles. Qu’il s’agisse du petit commerce transfrontalier, des services de transport non déclarés ou des prestations numériques émergentes, cet angle mort empêche d’avoir une vue complète de la contribution réelle du secteur. Cela signifie que le poids des services dans l’économie togolaise, en dehors des activités liées au Port, est sans doute sous-estimé, et que leur intégration progressive dans le secteur formel reste un défi majeur pour les autorités.
Ayi Renaud Dossavi
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