Il a été propulsé au-devant de la scène nationale et internationale l’année dernière avec le prix de l’entreprise la plus innovante dans le domaine de l’éducation en Afrique et depuis, il est devenu un acteur majeur de la question de la promotion des sciences au Togo. Son entreprise, « Mobile Labo », couplée à son association, « Les Archimèdes » s’est donnée pour mission de révolutionner l’apprentissage de la science et de dénicher, ambitieux vous en conviendrez, le prochain Einstein sur le continent. Togo First est allé à la rencontre de Dodji Aglago, qui a bien voulu revenir sur ses motivations, son parcours et ses ambitions. Interview.
Togo First : Qui est Dodzi Aglago ?
Dodji Aglago : C’est un jeune entrepreneur à sa façon, directeur de la société Mobile Labo, une entreprise spécialisée dans la conception et la vente des matériels d’expérimentation. Je suis acteur de l’éducation scientifique et je préside une association dénommée Les Archimèdes. Sur le plan international, je représente au Togo le « Next Einstein Forum », une initiative de l’Institut Africain de Sciences mathématiques, qui veut que le prochain Einstein soit Africain. Donc j’ai pour rôle de mon côté, de tout faire pour que le prochain Einstein soit Togolais.
Ensuite, je représente également pour le compte de l’Onu, le point de contact du Togo, du Spécial Generation Advertising Council, une organisation qui œuvre pour les sciences spatiales. Ils disposent de points focaux au sein de chaque pays et je suis celui qui assure cette fonction au Togo.
TF : Intéressons-nous à Mobile Labo et aux Archimèdes. Que faites-vous concrètement ?
D.A : Mobile Labo œuvre dans la conception de matériels d’enseignement des sciences en général comme la physique, la chimie, la géologie, la géographie, la médecine, les mathématiques ou encore l’informatique. On s’attelle à monter les circuits électriques et électroniques afin de montrer aux élèves comment on peut produire de l’énergie, comment à partir de telle substance, on peut produire des réactions chimiques. Nous concevons des supports d’expérience chimique. On travaille sur des cartes géographiques, des espèces biologiques, des roches, bref tout ce qui peut être scientifique et peut aider l’apprenant à mieux assimiler son cours, mais en misant fortement sur la pratique.
« Les Archimèdes », par contre, c’est l’association qui accompagne Mobile Labo et qui regroupe des jeunes scientifiques de formation, qui œuvrent pour la promotion et la vulgarisation des sciences ainsi que la formation des meilleures élites scientifiques de notre pays.
TF : Comment est née l’idée de monter Mobile Labo ?
D.A : L’idée de monter Mobile Labo est intimement liée à celle des Archimèdes et a commencé il y a quelques années, lorsque j’étais encore étudiant. Je suis physicien de formation. Après avoir obtenu mon premier diplôme en 2012 et quelques soucis relatifs à des cours de Master, je suis entré dans l’enseignement. Il ne m’a pas fallu longtemps pour observer plusieurs problèmes à corriger dans notre système éducatif. Et le principal était le manque, voire l’absence, de pratique, dans l’enseignement des matières scientifiques. Les cours étant essentiellement théoriques, pour la plupart. J’ai participé à la correction d’épreuves du baccalauréat, et j’ai observé les résultats catastrophiques en sciences physiques. Sur un lot de 200 copies que j’ai eu à corriger, seulement 25 élèves ont obtenu la moyenne. Pour des séries scientifiques, c’est assez problématique, quand on connaît la grande valeur des coefficients des matières scientifiques dans ces filières.
Les échecs qui en résultent, en plus de ruiner l’investissement des parents, minent le développement de nos pays, qui n’arrivent pas à produire suffisamment d’ingénieurs ou de scientifiques.
Dans des conditions normales, les cours de sciences physique, par exemple, devraient s’appuyer sur des expériences.
TF : C’est à dire, concrétement ?
D.A : Montrer aux enfants ce qu’est un circuit électrique, comment une pile ou un générateur alimente le circuit pour allumer la lampe, est plus bénéfique et mieux pédagogique que l’explication littéraire qui se fait généralement. L’élève apprend mieux, vite et ne risque pas d’oublier de sitôt, parce qu’ayant touché du doigt le mécanisme.
Pour donc pallier à ce problème, j’ai décidé de monter un laboratoire mobile. Lorsque j’ai commencé, je n’avais que ma moto et une simple caisse dans laquelle je mettais des matériels divers, et je me promenais d’école en école.
Il faut dire que beaucoup de chefs d’établissement étaient réticents à l’époque, et certains le sont encore, à me laisser faire des présentations aux élèves. Je demandais juste une demi-heure pour m’entretenir avec eux et je les laissais apprécier. La première victoire a été, lorsqu’après mes passages, les responsables m’ont rappelé et sollicité pour que je revienne réitérer ces brèves présentations qui emballaient les élèves et leur faisait prendre goût aux cours.
Peu à peu, la demande est devenue importante et variée et j’ai atteint mes limites personnelles. Je vous l’ai dit, j’ai été formé en Sciences physiques. Il me fallait donc m’entourer de gens qui ont d’autres compétences, notamment en biologie, en géologie, en géographie, etc…
C’est ainsi qu’est née l’association « Les Archimèdes » et « Mobile Labo », un mix de diverses compétences qui se sont agrégées pour la vulgarisation de la science dans notre pays.
Plus tard, nous avons constaté que les matériels que nous utilisions nous coûtaient un peu plus parce qu’on les commandait en France. On s’est résolu, à un moment donné, à les fabriquer nous-mêmes, avec nos moyens. Et nous avons ouvert un atelier.
TF : N’avez-vous pas bénéficié d’une aide extérieure, d’une subvention ou d’un fonds d’appui ?
D.A : En 2016, nous avons eu le soutien de Total Togo, via le concours Total Startupper de l’année que nous avons remporté.
Ce succès nous a aidés à monter notre structure, et nous a ouvert des portes. Car dans le jury de ce prix, il y avait des membres du Faiej (Fonds d’aide aux initiatives économiques des jeunes, ndlr), que nous ne connaissions pas à l’époque.
Nous les avons rencontrés pour la première fois là-bas. Le jury posait toutes sortes de questions sur la comptabilité et la gestion, des questions auxquelles nous étions peu habituées en ce temps, n’ayant été formé que dans « nos » sciences. Ils ont été cependant emballés par notre présentation et notre projet, et nombreux nous ont félicité et remis leurs cartes de visite, dont Mme Céline Mivédor Gbadamassi Sahouda, la directrice du Faiej.
J’ai écrit à toutes ces personnes une fois rentré et Mme Mivédor a répondu très favorablement. Elle a convoqué à notre intention une grande réunion au siège du fonds, où j’ai mis pied pour la première fois et nous a présenté l’institution, ce qu’ils font pour la jeunesse. C’est là qu’est née la collaboration qui nous a permis de bénéficier d’un accompagnement technique du Faiej. Nous avons été outillés lors de formations techniques, sur l’élaboration d’un Business Plan, la gestion d’une entreprise, etc…
Donc oui nous avons bénéficié d’un accompagnement de la part du Faiej, et cela continue toujours aujourd’hui vu qu’ils nous suivent de près.
TF : Quels sont les succès que vous avez obtenus ?
D.A : Pour moi, le succès ne se résume pas qu’aux prix. Je ne les considère pas vraiment. Le premier succès pour moi et « Les Archimèdes » en général, est d’avoir concrétisé ma vision en démystifiant les sciences.
Que ce soit au niveau du ministère (en charge de l’éducation, ndlr), dans la sous-région ou maintenant en Afrique, lorsqu’on veut citer aujourd’hui des exemples de modèles de formation scientifique, on appelle Mobile Labo et pour moi, c’est une grande réussite.
Nous disposons aujourd’hui de 3 boutiques sur l’étendue du territoire, à Lomé, Atakpamé et à Dapaong. Nous commercialisons du matériel pour l’enseignement scientifique, sous forme de kit et plus d’un demi-million d’élèves bénéficient de nos produits. Nous vendons et fournissons des services à des écoles, à des ONG dans le domaine de l’enseignement, à des parents d’élèves aussi. Bref, tous ceux qui tournent autour de l’éducation.
Maintenant pour pouvoir accompagner cette vision, on a remporté l’année dernière le 2ème Prix de l’entreprise la plus innovante en Afrique à Dakar avec l’Union Africaine, doté d’une enveloppe de 40 000 $. (Ndlr : lire https://togofirst.com/fr/education/0810-1755-la-start-up-mobile-labo-du-togolais-dodzi-agaglo-remporte-le-prix-africain-de-linnovation-dans-leducation).
Ces fonds vont nous permettre de quitter la production artisanale pour une production industrielle, pour ne plus seulement servir le marché togolais mais sous régional, voire africain pourquoi pas.
TF : Vous avez également représenté le Togo à Addis Abeba.
D.A : Pas seulement là-bas. Dans le cadre du Next Einstein Forum, et des initiatives de l’Union Africaine, nous avons pu partager ce que nous faisons et découvrir ce qui se fait ailleurs. Nous avons ainsi eu l'occasion d'aller présenter notre projet dans différents pays, grâce à notre prix, notamment à Lilongwe au Malawi, où il y a eu le sommet des dix chefs d’Etat « Champions en termes d'éducation sur le Continent ». A Addis, c'était dans le cadre d'un Forum d'entrepreneuriat sur le continent africain, Il faut noter d'ailleurs que dans le système anglophone, l'entrepreneuriat est très intégré au système scolaire.
TF : Mobile Labo aujourd’hui en chiffres, ça donne quoi ?
D.A : 10 laboratoires construits à Lomé et à l’intérieur, dans des écoles publiques comme privées, nationales comme internationales (Lycée Français, Cours Lumière...). Nos laboratoires, ce sont des salles construites, sécurisées, dotées d’équipements pouvant permettre aux élèves et aux enseignants de s’outiller un peu plus.
520 écoles ont bénéficié de nos kits. Ce sont les chiffres obtenus après les comptes effectués en janvier 2018. Nos kits sont un ensemble de matériels regroupés à partir duquel l’élève peut facilement retrouver en pratique ce qu’il a appris ou noté dans son cahier. 400 enseignants accompagnés ou avec qui on a des engagements pour utiliser nos gadgets et produits. Nous allons même travailler avec eux dans les écoles.
TF : Vos perspectives ?
D.A : Aller encore plus loin et faire en sorte que la science soit mieux comprise. Quant à nous, nous aimerions nous voir dans quelques années conquérir plusieurs pays d’Afrique, si ce n’est tout le continent ou que d’autres puissent s’inspirer de notre modèle. Et il faudra l’aide des autorités compétentes, ce que celles du Togo font déjà en nous permettant d’aller librement vers les écoles.
Interview réalisée par Octave A. Bruce et Renaud A. Dossavi
Cette année 2019, Champiso projette un chiffre d’affaires de 100 millions FCFA, confie à Togo First, Edem Bessanh, le jeune entrepreneur qui produit et commercialise les boissons à base de champignons.
En ce sens, il dévoile une stratégie qui se décline en trois points : faire une meilleure étude du marché pour connaitre plus précisément les zones où les produits Champiso sont plus consommés.
Le deuxième point consiste à trouver des grossistes qui achètent à la source les boissons. L’avantage avec cette mesure, est que l’équipe de Champiso disposera de plus de temps pour développer et optimiser la qualité de ses produits, détaille le n°1 de Champiso.
La troisième disposition adoptée en ligne avec l’objectif 100 millions FCFA de chiffre d’affaires, un corollaire de la deuxième étape de la stratégie, est de travailler à ce que le consommateur des produits Champiso ait plus d’impact sur sa santé qu’auparavant. « Si nous développons cette stratégie et que le climat des affaires demeure favorable (ndlr : les tensions politiques ne prévalent pas dans le pays), nous atteindrons et dépasserons même ce chiffre d’affaires », a déclaré rassurant, le jeune entrepreneur.
Séna Akoda
Ayant découvert qu’après plus d’un siècle de culture de cacao, le Togo ne disposait pas de structure de transformation dans le secteur, un groupe de jeunes entrepreneurs s’est lancé en mars 2014 un pari ambitieux : poser le Togo sur la carte mondiale du chocolat. Mus par ce noble idéal, le groupe va aller à la rencontre des producteurs de cacao. Ainsi, naît Choco Togo, une coopérative qui a pour mission de transformer la fève du cacao dans le but de produire du chocolat et ses dérivés, tout en se battant pour la cause des cacaoculteurs, longtemps négligés. Risqué.
Aujourd’hui, la coopérative a (presque) réussi son pari, au point de desservir les lignes d’Asky Airlines ou encore d’exporter 2,2 tonnes de fèves de cacao au Japon. Togo First a rencontré leur porte-voix, Eric Agbokou. Interview.
Togo First : Comment est né Choco Togo ?
Eric Agbokou : Choco Togo est née d’une association, Enfant-Food-Développement qui a participé à un projet initié par l’Union Européenne en 2013. Le projet, dénommé « Fair Young Sustainable Inclusive and Cooperative » donnait l’opportunité aux jeunes de réfléchir en tant que coopérative et de penser de manière inclusive.
L’association a postulé en tant que partenaire, avec 3 autres pays, la Côte d’Ivoire, la République Tchèque et l’Italie, pays promoteur du projet. Il fallait former une soixantaine de jeunes aux pratiques entrepreneuriales. Un appel a été lancé pour tous les jeunes Togolais désireux d’y participer et près de 180 candidatures ont été enregistrées. 60 ont été retenues et outillés en technique de création d’entreprise et de vie dans une coopérative. S’en est suivi une sélection au terme de la formation et de la phase pratique qui a vu les 6 meilleurs s’envoler pour l’Italie. Je les ai accompagnés. Là, nous avons suivi une formation de fabrication traditionnelle de chocolat à base de pâtes de cacao, en Sicile, et participé à la foire internationale du chocolat équitable.
Au retour, nous avons décidé de nous lancer dans la fabrication du chocolat. Mais devrait-on importer de la pâte de cacao d’Italie, alors que le Togo produit du cacao ?
Des investigations ont été faites et nous avons découvert que depuis l’introduction de cacao par les allemands au Togo en 1884, aucune structure ne transformait le cacao en chocolat. Surprenant.
On a visité des fermes de cacao et le constat a été que près de 80% des cacaoculteurs n’avaient jamais mangé de chocolat, pire, ne savaient pas exactement ce à quoi était destiné le cacao qu’ils produisaient. Dans nos pérégrinations, nous avons rencontré une famille qui, sur 3 générations, a cultivé du cacao sans en connaître les différentes applications.
« Près de 80% des cacaoculteurs n’avaient jamais mangé de chocolat.»
Notre mission était toute trouvée : transformer d’abord et donner l’opportunité aux Togolais d’avoir accès au chocolat. Il s’agissait désormais de faire en sorte que le producteur togolais sache ce à quoi est destiné son cacao, qu’il en vive décemment sans être spolié et que ce cacao soit aussi transformé et consommé localement. C’est ainsi qu’est né Choco Togo.
TF : Pourquoi une coopérative et non une société ?
E.A : L’objectif à la base était de développer une économie solidaire, un social business, basé sur un développement personnel des membres et aussi sur la recherche des moyens pour survivre. Donc créer des emplois, fait partie des objectifs premiers de la coopérative. Les 7 personnes qui ont suivi la formation en Italie sont les membres fondateurs de la coopérative. Ensemble, nous abordons en équipe toutes les décisions.
Une coopérative, parce que cela permet d’être au plus près des cacaoculteurs, de leurs familles. Tout le monde peut librement exprimer et partager ses craintes, ses appréhensions, sa façon de voir les choses. Ce sont eux qui constituent le premier maillon et il est important qu’ils aient leur mot à dire. L’essentiel est que ce soit le cacao togolais et toute la filière qui en sortent bénéficiaire. Ce modèle de coopérative nous a permis de sillonner tout le Togo, du nord au sud. 600 km à rencontrer, discuter, partager, insuffler une nouvelle dynamique. C’est surtout cela Choco Togo : être au contact de ceux qui sont les premiers acteurs.
Nous nous battons pour que le cacaoculteur togolais soit bien payé et vive de son travail. Nous avons doublé le prix de nos achats auprès de ces producteurs pour les encourager à continuer et à inciter d’autres jeunes à se lancer aussi dans le secteur.
TF : Avez-vous bénéficié d’accompagnement institutionnel ?
E.A : Choco Togo a commencé en 2014 sur fonds propres. Tout ce dont on disposait au départ, c’était le capital humain. Les débuts ont été difficiles parce qu’il fallait des machines performantes pour produire un chocolat de qualité, bien fondant, comme appris en Italie. Tout se faisait à la main avec quelques équipements inadaptés. On n’arrivait donc pas à vendre ni à décoller véritablement.
« Les débuts ont été difficiles.»
Mais l’année suivante, nous avons postulé et remporté le 1er prix du PPAO (Projet d’Amélioration de la Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest, ndlr) initié par le PASA (Projet d’Appui au Secteur Agricole, ndlr), ce qui a permis de s’équiper en matériel.
La coopérative a gagné d’autres prix comme le 2ème Prix Sialo (Salon International de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire de Lomé) initié par la Coopération Allemande, le Prix du Meilleur Entrepreneur de l’année 2015 au Togo avec à la clé une cagnotte de 2 millions FCFA. Toujours dans la même année, Choco Togo a reçu une commande de 4000 barres de chocolat du ministère des postes et de l’économie numérique et nous avons lancé le 1er salon du chocolat au Togo.
TF : Comment se fait le travail au niveau de Choco Togo, de la fève au chocolat fondant par exemple ?
E.A : Nous sommes membres de l’association des transformateurs du café-cacao au Togo (ATCC), elle-même membre du Conseil interprofessionnel de la filiale du café-cacao. Au sein de ce conseil, il y a les producteurs, les acheteurs, les exportateurs et les consommateurs. Pour trouver du bon cacao, nous signons un contrat avec la FUPROCAT (Fédération des Unions des Producteurs de Café Cacao) qui identifie pour nous des producteurs avec une certification biologique.
«… tri, torréfaction, décorticage, mouture… »
La fédération a sélectionné pour nous un producteur dans l’Akébou (au nord du pays). Une fois l’opération réalisée, la coopérative convoie le cacao sur Kpalimé où une première transformation est faite : tri, torréfaction, décorticage, mouture.
C’est après cette étape que la poudre obtenue est envoyée à Lomé où, à l’aide d’une machine de raffinage, on produit la pâte de chocolat. Suit le tempérage et enfin le moulage pour donner ce chocolat qui se retrouve dans nos rayons.
A nos chocolats, nous ajoutons certains ingrédients pour relever le goût comme le gingembre, la noix de coco, l’arachide ou du baobab, des extraits naturels pour donner un peu plus de particularité à nos produits.
Aujourd’hui, Choco Togo ne se résume pas qu’à des tablettes de chocolat. Il y a d’autres produits dérivés comme des cakes, du chocolat chaud, des friandises.
TF : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
E.A : La coopérative n’arrive pas encore à être véritablement connue sur le plan national. Nous sommes très connus à l’extérieur, grâce notamment aux expositions auxquelles nous avons participé un peu partout en Europe et dans le monde. Choco Togo a participé aux salons du chocolat de Paris, de Bruxelles, de Milan et nous avons impressionné les gens avec notre cacao.
Dans la sous-région, quand on parle du cacao, on pense directement à la Côte d’Ivoire et au Ghana. La coopérative a réussi à mettre le Togo sur la carte du Chocolat dans la sous-région. Maintenant, au Togo, on peine à avoir cette notoriété et cette popularité. C’est pour cela que nous essayons de faire en sorte d’être plus connus, en mettant nos produits dans les rayons d’un maximum de points de vente. Nous sommes actuellement dans une phase où la demande est en train de s’accroître. Bien entendu, cela nécessite d’autres équipements mais Choco Togo veut desservir le plus possible d’endroits sur le territoire. C’est un produit qui donne une identité aux Togolais et nous aimerions qu’ils s’en approprient.
TF : Quelles sont vos perspectives de croissance sur les prochaines années ?
E.A : Dans les 10 prochaines années, nous aimerions transformer toute la production du Togo de cacao en chocolat et dérivés. Le Togo produit chaque année près de 10 000 tonnes de cacao et nous n’en transformons à Choco Togo, qu’une quinzaine tout au plus. Si nous pouvons augmenter notre production, cela va créer d’autres emplois et permettre d’élargir la superficie des terres cultivables du cacao. Le marché africain du chocolat est très vaste mais la coopérative ambitionne juste de s’approprier celui de la sous-région.
Interview réalisée par Octave A. Bruce
Ingénieux, inventif et surtout beau : les qualificatifs ne manquent pas lorsqu’on entre dans l’univers de Gnebi Essohanam, le visage togolais des multiprises en bois. Electrotechnicien et informaticien de formation, le jeune homme âgé aujourd’hui de 33 ans s’est lancé il y a 2 ans dans l’entrepreneuriat en créant ElectroInfo, une structure spécialisée dans la fabrication et la distribution de multiprises et de luminaires décoratifs. Passionné d’innovations technologiques, ce Prométhée des temps modernes ambitionne tout simplement de poser sa marque sur la carte des conceptions utiles du continent. TogoFirst est allé à sa rencontre. Interview.
TogoFirst : Comment est venue l’idée de monter ton entreprise ?
Gnebi Essohanam : J’ai obtenu un Bac F3 au lycée après une formation de base en électronique et j’ai poursuivi après des études supérieures en informatique et réseau. A la fin de ma formation, j’ai ouvert une petite boutique dans laquelle je vendais du matériel électrique et électronique. Et j’ai pu constater que les clients achetaient souvent des multiprises en demandant à chaque fois si c’était de bonne qualité. J’ai alors fait une petite immersion sur le marché des multiprises, et j’ai pu remarquer que la quasi-totalité est importée. Je me suis donc dit qu’avec mes connaissances académiques et mes compétences acquises, je pouvais créer des multiprises Made In Togo, avec un design différent et d’autres fonctionnalités et qui répondent aux normes de ces produits importés. C’est ainsi que j’ai dressé un jour, une liste de matières que l’on trouve partout comme du bois, du plexiglas, des câbles de courant que je suis allé chercher.
L’idée était de créer des produits utiles et décoratifs à la fois. Et chemin faisant, j’ai pensé à ajouter aux multiprises, des luminaires, des lampes de chevet et d’autres accessoires, toujours à partir de produits locaux. J’ai donc réalisé des croquis de quelques échantillons que j’ai soumis à des ébénistes et des spécialistes du bois, pour les sculpter. Cela a été admirablement fait et je me suis chargé d’y mettre des câbles et les ajustements répondant à des sections de sécurité conventionnelles. Ça a été le déclic.
TF : Comment les consommateurs ont-ils réagi à tes produits ?
GE : Très favorablement. Les gens ont aimé le concept, et aimé le produit. J’ai présenté ma multiprise pour la première fois à la foire Made In Togo et ça a tout de suite pris. J’ai reçu beaucoup de commandes parce que j’ai su convaincre les visiteurs des garanties qu’offrent nos multiprises, en plus, bien entendu, du caractère décoratif. Il faut reconnaitre que l’idée des multiprises avec des socles en bois existent depuis plus d’une dizaine d’années dans notre quotidien. La principale innovation dans ma création a été de constituer toute la prise à partir de bois et de ne laisser que l’espace pour insérer les prises femelles et les fils. Il en va de même pour toutes les autres créations. Lampes de chevet, de bureau, de table ou encore luminaires et cadres de photos, j’ai apporté une touche décorative à tous ces objets que nous utilisons presque chaque jour.
Au niveau de mes prises électriques ou des lampes par exemple, j’ai ajouté des ports USB. Aujourd’hui on se balade systématiquement avec le chargeur ou le câble donc cela est un plus dans le quotidien.
TF : As-tu bénéficié d’un accompagnement institutionnel dans la mise en place de ton entreprise ?
GE : Non. Je n’ai bénéficié d’aucun accompagnement jusqu’alors. J’ai entrepris dans un domaine où on ne reçoit en principe pas de formation et dans lequel beaucoup de gens ne s’aventurent pas. J’ai identifié un besoin et une opportunité et j’ai décidé de m’essayer à cela pour voir ce que cela allait donner. J’ai démarré avec mes propres moyens et c’est aujourd’hui maintenant que j’ai le plus grand besoin d’un accompagnement, qu’il soit institutionnel ou pas. Parce que maintenant que j’ai fait mes preuves, exposé mes œuvres et que je reçois des commandes, il me faut plus de moyens. L’achat du bois, la sous-traitance avec les ébénistes, la recherche des meilleurs matériaux électriques et électroniques, tout cela nécessite désormais une plus grande organisation. Pour cela, je multiplie les participations aux concours et appels d’offres pour essayer de gagner un prix ou une enveloppe conséquente qui puisse me permettre de mieux m’établir. A ce titre, j’ai postulé pour le concours J’NOV pour les ODD organisé par le Pnud et le ministère en charge de la jeunesse, que vous avez relayé sur votre site.
Parlant toujours d’un éventuel accompagnement, je suis actuellement en discussion avec un partenaire qui est basé en Côte d’Ivoire, passionné par ce que je fais et qui voudrait investir dans mon entreprise. L’idée étant d’ouvrir dans un an, un relais de mon entreprise là-bas pour vendre mes produits.
TF : Quelles sont les difficultés que tu rencontres ?
GE : Mes difficultés sont de deux ordres : financier et communicationnel. Comme tout entrepreneur qui se lance dans son activité sur fonds propres, ce n’est jamais évident d’arriver à s’en sortir, sans à un moment ou un autre croiser ces soucis financiers. C’est une chose d’avoir l’idée mais c’est une autre d’avoir des moyens, même s’ils sont dérisoires, pour matérialiser cette idée.
Le second obstacle que je rencontre est celui de la communication. Je suis un technicien et je suis plus doué avec mes outils qu’avec mon verbe. Je ne maîtrise pas vraiment l’art de la communication et il m’est souvent difficile d’arriver à porter mes produits un peu plus loin que par le biais des canaux standards, raison pour laquelle je remercie TogoFirst de me faire découvrir.
D’autres petites difficultés techniques surgissent, bien entendu au fur et à mesure que j’évolue, mais elles sont rectifiées grâce aux divers conseils et apports que je reçois.
TF : Quelles sont tes perspectives de croissance dans les prochaines années ?
GE : Devenir une entreprise nationale, spécialisée dans la fabrication de produits électriques à partir de produits locaux, réalisés avec design, goût et innovation, selon le vouloir du client.
L’ambition est de partir un jour à la conquête de l’Afrique, tout en commençant par la zone Uemoa. Je veux faire de ElectroInfo une marque internationale mais qui résonnera d’abord Togolais avant toute chose.
J’ai actuellement un projet en cours autour des rallonges et multiprises étanches destinées aux personnes qui vivent dans les zones inondables ou sinistrées et qui sont en proie aux intempéries. Si j’arrive à mettre sur pied cela, cela fera une innovation de plus à partir d’un objet usuel.
A plus long terme, j’ai de micro-projets allant dans le sens de l’informatique, vu que je n’ai pas oublié que j’y ai des compétences. Mais tout cela va passer par de l’abnégation, de la foi et de la persévérance.
Interview réalisée par Octave A. Bruce
A quelques encablures de la Colombe de la Paix et sa fresque de l’Espérance, sur la voie pavée qui borde le quartier Amoutivé en plein cœur de la capitale togolaise, une « maison » à l’apparence austère et à l’entrée surmontée d’un panneau, attire le regard.
Tout semble indiquer un lieu sans commune mesure avec les habitations qui l’entourent, tant par l’apparence, que par la nature des activités qui y sont menées.
« Village d’art Tayé Tayé », peut-on lire en empruntant l’espèce de pont-levis qui enjambe la rigole devant l’entrée. A l’intérieur, le visiteur est tout de suite happé par les énormes masques en bois qui observent de leurs yeux inexpressifs l’espace découvert où s’entassent statues, sculptures et autres chefs-d’œuvre.
Le silence de ce jardin assez curieux, contraste avec l’activité qui règne dans l’arrière-cour. Là, le « village d’art » prend tout son sens : sculpture, peinture, tissage, teinture, batik, perlage…. Un mélange de talent, d’inspiration, d’abnégation, de passion et de volonté qui doit sa création à une personne, Steven.
« J’ai toujours voulu partager ce que j’ai appris avec les enfants démunis et qui n’ont personne »
Agbétoglo Kwami Dodji ou Steven comme nom d’artiste, n’avait pourtant rien d’un meneur d’hommes. Plutôt le genre à demeurer dans son coin et attendre patiemment son heure, comme le raconte un de ses anciens camarades du Village artisanal de Lomé : « Steven est le gars gentil et sympa envers tout le monde, qui déteste l’injustice mais que je ne voyais pas rassembler un jour des gens ou les diriger ».
Steven naît le 23 février 1989 à Lomé dans une famille modeste. Pas franchement doué pour les études, il décide d’arrêter en classe de seconde et se prend de passion pour le bois et ses formes d’applications. Il entre en 2009 au Village Artisanal de Lomé, un centre d’excellence de l’artisanat national où coexiste plus d’une dizaine de sections d’apprentissage allant de la sculpture à la cordonnerie, en passant par la bijouterie ou la calligraphie.
Très appliqué, le jeune homme apprend vite et se perfectionne. Il mûrit de grandes ambitions mais, a un peu de mal avec l’autorité et se rebelle régulièrement lorsqu’il se sent lésé ou incompris. L’histoire avec le Village Artisanal de Lomé s’interrompt alors brutalement : à la suite d’une brouille avec sa direction, Steven se voit contraint de quitter le centre en 2012, trois ans après l’avoir intégré.
Pendant deux ans, l’ex-pensionnaire du centre multiplie les petits boulots pour survivre et lancer son propre atelier.
« Mon père est un washman (blanchisseur). Donc je l’aidais de temps en temps en lavant et repassant des habits pour les gens, pour économiser un peu », s’émeut-il.
Il prend connaissance un jour de l’existence d’un programme de l’Etat qui facilite l’accès des jeunes aux services financiers. Il y souscrit et bénéficie d’un prêt qui lui permet de payer du bois et de commencer à travailler. Lors du remboursement, la directrice de l’institution financière, l’informe qu’un autre programme avait été créé spécialement pour les artisans et qu’il pourrait en bénéficier. Le jeune sculpteur accepte donc et reçoit un financement de 300 000 Fcfa. Le déclic.
« C’était un endroit abandonné, plein d’immondices et d’herbes à qui j’ai redonné vie »
Les fonds étant désormais acquis, il se lance à la recherche d’un endroit où il peut enfin laisser libre cours à son imagination débordante et à son talent.
« J’ai longtemps cherché l’endroit idéal. Un jour en 2015, en passant sur la voie d’Amoutivé, j’ai vu cet endroit. C’était à la fois une sorte de dépôt d’ordures et de petite forêt où poussaient des herbes hautes et des arbustes. Il y avait une planche qui obstruait l’entrée. Je me suis faufilé à l’intérieur à l’aide d’une machette et j’ai tout de suite décidé que ce sera mon site ».
A la question de savoir pourquoi avoir choisi cet endroit qui n’était pas vraiment ce que l’on pouvait espérer de mieux pour un atelier, il répond l’air enjoué : « J’aime transformer ce que les autres trouvent gâté ou pourri pour leur montrer qu’ils ont tort ».
Facile à dire. L’aménagement du site lui prendra 8 mois, au cours desquels, la configuration des lieux se dessine peu à peu dans son esprit.
Mû au départ par l’idée de réaliser un centre destiné à aider les jeunes défavorisés, Steven se décide d’abord à contacter ses anciens camarades du Village Artisanal, qui comme lui, étaient à la maison après leur cursus de formation. L’ancien apprenti encourage, motive, harangue et finit par se découvrir un talent insoupçonné de leader.
Progressivement, ses amis adhèrent et rejoignent. Les idées se précisent. Les ateliers se créent dans une atmosphère conviviale. Ci et là, l’ancienne « forêt » prend des allures d’un pôle artisanal où émergent des ateliers.
« J’ai rejoint Steven dès qu’il m’a contacté et m’a expliqué son idée », raconte Atobian Yaovi, créateur de la marque Ayaov Batik. « Je l’ai trouvée géniale et j’ai trouvé que ce serait une bonne chose afin de regrouper nos connaissances acquises lors de nos apprentissages », conclut-il.
Akogogna Amélia, en apprentissage à Tayé Tayé, et seule fille du centre, confie : « J’ai toujours rêvé de faire de la sculpture, faire le métier des hommes. J’aime polir, poncer et créer, donc lorsque j’ai vu le centre, j’ai tout de suite demandé à l’intégrer et j’ai été accueillie comme s’ils me connaissaient toujours ».
Au moment de baptiser son sérail, Steven, revanchard, le nomme « Village d’Art Tayé Tayé ».
« Tayé Tayé vient de l’éwé « Ayé », qui signifie à la fois ruse et prudence. Je l’ai nommé ainsi parce que j’ai appris de mes expériences au Village Artisanal et dans ma vie en général. Je me sers de la ruse et de la prudence pour les nouer autour de moi comme un pagne afin de ne plus commettre les mêmes erreurs ou me faire avoir ».
Aujourd’hui Steven a plus de 600 œuvres à son actif, réalisées dans divers types de bois (acacia, acajou, ébène, teck…). Il travaille également avec des institutions gouvernementales et privées qui lui commandent des œuvres et des prix pour des festivals et des concours. Certaines de ses créations ont été même exposées dans la sous-région et en Europe.
« D’ailleurs, ajoute-t-il, le nom du centre changera bientôt. Une association (Perle du monde) aura bientôt un partenariat avec nous pour vendre et exposer quelques-unes de nos plus belles œuvres en Europe. Donc son nom s’associera au nôtre sur tous nos produits ». Visionnaire.
« Que les autorités valorisent l’art et multiplient les centres de ce type sur le territoire »
A la fin de cette passionnante immersion dans son monde, Steven généralement gai, prend un air sérieux et lâche : « J’espère que les autorités liront ce message. Si j’avais le pouvoir de le faire, je multiplierai ces centres partout au Togo, au moins dans les 5 régions du pays, et je ferai en sorte qu’après 5 ans dans un centre, que l’effectif soit renouvelé. Des jeunes sont en attente. Donnez-leur les moyens de montrer ce qu’ils savent faire et c’est tout l’artisanat togolais qui en sortira grandi. Pour ma part, j’en aiderai autant que je pourrai grâce à Tayé Tayé et Dieu faisant, la misère, le crime et le banditisme ne toucheront plus autant la jeunesse ».
Octave A. Bruce
Passionné par la protection de l’environnement, Bemah Gado fait partie des jeunes entrepreneurs togolais qui changent le quotidien de leurs communautés.
Lauréat en 2015 du concours « Projet Vert » organisé par le Faiej avec l’appui du Pnud, son projet dont l’utilité publique est reconnue, a reçu le soutien de nombreux partenaires au développement, sur le plan national comme international. Avec son entreprise, il réalise un chiffre d’affaires mensuel de 2 600 000 Fcfa. Il a créé 22 emplois directs et généré plus de 800 autres indirects. Togo First est allé à sa rencontre. Interview.
Togo First : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ?
Bemah Gado : Je suis Bemah Gado, j’ai 28 ans. Je suis Directeur de l’ONG « Science et Technologie Africaine pour un Développement Durable » et Directeur Général de la société Green Industry Plast Togo, une société spécialisée dans le recyclage des déchets.
T.F : Pourquoi avoir entrepris dans l’environnement et particulièrement dans le recyclage des déchets plastiques ?
B.G : Je suis né dans le Grand Nord du Togo et je n’ai pas bénéficié d’assez de soutiens financiers pour réaliser mes études. J’ai été accompagné par mes frères pendant mon cursus scolaire et après l’obtention de mon baccalauréat, je suis arrivé à l’Université de Lomé où il fallait me défendre pour vivre et financer ma scolarité. Je m’intéressais donc à toute activité pouvant être source de revenus.
Depuis tout petit, j’avais à cœur les problèmes environnementaux et plus particulièrement de salubrité. J’aimais être propre et vivre dans un endroit qui l’est également. Or à mon arrivée au campus, j’ai remarqué l’état d’insalubrité dans lequel se trouvait cet endroit que je devais fréquenter. Donc, j’ai décidé d’y apporter une solution, sans oublier parallèlement de mener une activité qui me permettra de financer ma scolarité.
A partir de ma deuxième année universitaire, j’ai monté une association avec des amis étudiants, que nous avons dénommée « Science et Technologie Africaine pour un Développement Durable ». Nous avons commencé à mener des actions au sein de l’Université. C’est comme cela que tout est parti. Nous sortions chaque semaine pour faire des nettoyages des sites les plus fréquentés et les plus insalubres sur le campus. Nous dégagions les déchets et nous les entreposions à des endroits beaucoup plus discrets.
Un jour, un acteur de développement local passait et il nous a vus à l’œuvre. Il nous a interpellés et questionnés sur notre activité. A la question de savoir ce que nous faisions des déchets que nous amassions, nous avions répondu que nous nous contentions de les stocker quelque part, loin des regards. Il nous a dit que nous pouvions en faire un business ou une activité génératrice de revenus.
Nous avons donc eu une discussion, et il nous a indiqué une structure au Ghana où une industrialisation s’est développée autour du traitement et du recyclage des déchets.
Nous avons fait le déplacement et nous avons pu effectivement constater qu’il y avait une possibilité d’entreprendre un business tout en protégeant l’environnement.
A notre retour, nous avons collecté des déchets plastiques que nous sommes allés vendre là-bas et nous sommes revenus avec des sous. Cela a été le point de départ effectif des activités de l’association. Grâce aux sommes engrangées avec la multiplication de nos voyages au Ghana, nous avons loué un siège et nous nous sommes mis à réfléchir sur la manière de pérenniser cette activité de façon à ce qu’elle puisse impacter maintenant la communauté et non plus exclusivement l’Université.
Nous réfléchissions sur la question en 2015, au moment où le Fonds d’Appui aux Initiatives Economiques des Jeunes (Faiej), a lancé un concours des Projets Verts, lors des Journées de l’Entrepreneuriat et de Développement (JED) avec l’appui du PNUD. Nous y avons participé et nous avons été lauréats.
Avec la ministre du développement à la base, Victoire Tomégah-Dogbé.
C’est là que l’idée d’entreprise a germé, l’idée de pouvoir mettre en place une entreprise de recyclage de déchets au Togo, pour traiter directement ces déchets au Togo, au lieu de les envoyer au Ghana. Voilà un peu mon histoire et celle de mon entreprise.
T.F : En Dehors du Faiej, avez-vous bénéficié d’autres accompagnements?
B.G : Oui. Nous avons obtenu une subvention de 1,5 million Fcfa après notre victoire au concours, montant auquel se sont ajoutés des appuis complémentaires, aussi bien techniques que financiers, de la Mairie de Lomé et de bien d’autres partenaires.
En effet, le premier est la Mairie de Lomé. Lorsque nous avons commencé la collecte et que nous avons voulu sortir du cadre universitaire et aller dans la ville, c’est à la Mairie que nous nous sommes adressés. Elle nous a fourni les autorisations pour nous installer à proximité de leurs points de déchets. Cela nous a permis de récupérer les déchets que les pré-collecteurs venaient déposer.
Après avoir réussi au concours et au moment où nous devions bénéficier d’une subvention pour monter l’entreprise de recyclage, nous nous sommes encore tournés vers la Mairie pour qu’elle nous octroie un espace afin de pouvoir y développer l’activité. Ce qui a été fait, parce qu’ils ont compris l’utilité de ce projet.
Il y a également eu l’ANASAP, (Agence Nationale de Salubrité Publique) qui nous a aussi accueillis à bras ouverts et nous a accordé une subvention de 1 500 000 FCFA pour commencer le montage de l’unité de recyclage. Le directeur de l’Agence, le Général Béréna, a mobilisé des engins afin de déblayer l’espace que nous a accordé la Mairie de Lomé.
Donc vous remarquerez que c’est tout un maillage d’institutions étatiques qui étaient intéressées, pour gérer un problème qui n’était pas seulement le nôtre mais public. Nous avons également reçu l’appui de partenaires internationaux que je veux remercier par le canal de Togo First.
L’Ambassade de France à travers le Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC), nous a soutenus avec 3 370 000 Fcfa. Le PNUD par le biais du Programme de Micro financement de Fonds pour l’Environnement Mondial nous a accompagnés à hauteur d’environ 15 millions de Fcfa.
Tout ceci a contribué à mettre en place les infrastructures. C’est un grand site qui a nécessité beaucoup d’investissements, notamment la construction des murs et la clôture, les forages, l’électricité et le reste. Tous ces appuis nous ont aidés dans la mise en place des infrastructures. Compte tenu de ces investissements, les fonds de roulement disponibles étaient insuffisants.
Nous avons également sollicité le FAEIJ en 2015, après la subvention, pour un crédit additionnel de 3 000 000 Fcfa et c’est cela qui nous a permis d’acheter la machine et tous les autres outils nécessaires à la réalisation du projet.
T.F : Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous êtes confrontés ?
B.G : Ils sont techniques et financiers. Malgré toutes les sommes que j’ai mentionnées plus haut, il reste encore à faire. Il faut consolider ce qui a déjà commencé, renforcer la base existante en ajoutant des infrastructures. Nous avons besoin surtout d’équipements, de machines.
Il faut avoir une camionnette qui collectera les déchets au niveau des unités de récupération pour pouvoir les envoyer sur le site.
Pour ce qui est du site, il n’est pas encore une construction qui répond vraiment aux normes d’une usine, d’une entreprise ou d’une unité avec toutes les mesures de protection.
Le site de recyclage dans son état actuel, n’est pas encore ce qu’il doit être. C’est vrai que la machine a la capacité de recycler de grands tonnages, mais le site n’a pas encore la dimension d’une infrastructure adéquate pour pouvoir recevoir de grandes quantités pour faire la transformation ; donc il faut aménager des espaces de stockages, de dépôt des matières.
Nous désirons aller vers une production à grande échelle. Pour cela, il faut acheter des machines de qualité pour produire les objets au niveau local au lieu de les importer. Cela fera une plus-value si on produit la matière au niveau local. Ça va réduire les coûts sur les marchés.
Encore du pain sur la planche…
A titre d’exemple, la ville de Lomé produit près de 313 000 tonnes de déchets par an selon les chiffres officiels. Vous avez à peu près 20% qui sont constitués de matières plastiques. C’est vous dire la quantité de travail que nous faisons quotidiennement.
Voilà donc tous les défis auxquels nous sommes confrontés mais nous travaillons sans relâche à la mobilisation des ressources pour atteindre nos objectifs.
T.F : Quelles sont vos projections pour les années à venir ?
B.G : Monter une grande entreprise de recyclage de déchets plastiques de renommée internationale. Pour cela, nous envisageons d’impliquer tout le monde. Quel que soit son statut social. Tout le monde, petit comme grand, peut faire ce travail en séparant les déchets. A notre niveau, nous ne sommes pas sélectifs au moment d’acheter les déchets plastiques qui nous sont apportés. Nous payons tout le monde selon le poids de ses déchets.
L’ambition à long terme, c’est de pouvoir amener tous les ménages à une gestion sociale des déchets en les triant et en revendant les fragments recyclables. C’est comme cela que nous arriverons à bout de nos déchets.
Aujourd’hui j’emploie directement 22 personnes et nous avons généré plus de 800 emplois indirects. Je veux augmenter ces chiffres et faire en sorte que d’ici à 2019, nous soyons autour de 5000 emplois indirects, et une centaine d’emplois directs.
Nous avons constaté que le déchet plastique est de l’or et au lieu de dire l’ordure, nous disons « l’or dure » pour faire un jeu de mots. Si on s’y met tous, chacun pourra en tirer parti.
T.F : Envisagez-vous de sortir de Lomé et conquérir d’autres villes avec votre entreprise ?
B.G : C’est déjà entamé. Nous avons commencé une collaboration avec la Mairie de Tabligbo, et dans un avenir très proche et peut être dans les semaines à venir, nous pourrions démarrer notre collaboration.
Nous avons également reçu les acteurs de Tsévié et de Sokodé dans nos locaux il y a quelques semaines. Ils sont venus voir dans quelle mesure nous pouvons travailler. Et nous sommes en train de voir comment anticiper dans la planification locale, comment participer en intégrant cette phase de gestion de déchets dans ces plans de développement locaux afin que les collectivités ou les villes que nous venons de citer n’éprouvent pas les mêmes difficultés que la ville de Lomé, avant de chercher des solutions. Cela a démarré avec un processus qui est déjà en cours.
Nous avons plusieurs entreprises avec lesquelles nous travaillons. Nous avons une entreprise à Accra, Family Industry Plast, Bel Aqua qui fait du recyclage en plus de l’eau, il y a également des entreprises chinoises avec lesquelles nous collaborons. Au Togo nous travaillons aussi avec plusieurs sociétés de la place.
T.F : Un conseil à un jeune qui a envie de « se salir les mains » comme vous le faites ?
B.G : La jeunesse est le moteur du développement d’un pays. C’est elle qui déborde d’énergie et a beaucoup à offrir à la nation. Le problème des déchets ne finira pas de sitôt. Tous les jeunes peuvent s’y mettre et se joindre à nous. Il n’y a pas que ça à faire. Beaucoup de problèmes sociaux sont là et attendent qu’on les prenne à bras-le corps.
La jeunesse, lorsqu’elle est responsable et consciente, peut participer au processus de développement du pays.
Si nous sommes arrivés à créer tous ces emplois que vous voyez, c’est parce qu’on a pris la responsabilité d’impacter notre société. Et les décideurs ayant compris l’utilité et le sérieux de ce que nous faisons, nous accompagnent.
Si nous arrivons à collaborer avec le gouvernement, avec les organisations internationales avec les administrations publiques, c’est parce que nous avons su montrer notre engagement, notre détermination et surtout notre honnêteté. C’est ce que la jeunesse doit démontrer, regarder où on va, regarder et d’où l’on vient. Il ne sert à rien de rester dans son confort pour dire que c’est parce qu’on n’a pas de relations. Les relations, on les crée à partir de son engagement.
La ministre du développement à la base, Victoire Tomégah-Dogbé, a dit lors de sa visite dans mon centre (à l’occasion de la tournée de proximité entreprise par le ministère en Juillet 2018, ndlr), qu’on crée sa marque et sa responsabilité à partir des actes qu’on pose.
Interview réalisée par Octave A. Bruce
Rien ne prédestinait Atchabao Achad à l’entrepreneuriat, encore moins dans le domaine de la santé. Féru de TIC, le titulaire d’une Licence en Informatique Réseaux et Télécommunications, a eu un jour une rencontre qui le bouleversera au point de modifier sa trajectoire professionnelle.
Après bien de pérégrinations et le concours du Faiej, il lance en 2017 Togo Vie, une entreprise qui produit des infusions thérapeutiques connues sous la marque Africa Thé. Désormais il emploie 18 personnes et génère un chiffre d’affaires mensuel de 1 600 000 Fcfa, selon les informations du Faiej.
Togo First l’a rencontré à l’occasion de l’immersion ministérielle dans l’écosystème entrepreneurial de juillet 2018. Entretien.
Togo First : Comment est né « Africa Thé » ?
Atchabao Achad : J’ai commencé très tôt à chercher à travailler. Quand j’étais en deuxième année en informatique, je me suis fait des cartes de visite que je distribuais aux ONG, pour leur montrer mes talents en conception de site web. Donc j’ai décroché des contrats et j’allais souvent du côté d’une banque de la place pour y déposer de l’argent afin de racheter des domaines pour héberger les sites de mes clients.
Un jour à la banque, j’ai vu un homme âgé qui avait perdu l’usage d’une partie de son corps et qui se faisait aider par un jeune. Je l’ai observé pendant un moment et les difficultés qu’il éprouvait pour poser un pied après l’autre m’ont tellement marqué que je me suis approché du jeune. Je lui ai demandé de quoi souffrait le vieux et il m’a dit qu’il était hypertendu. J’ai eu peur.
Quand je suis rentré à la maison dans la soirée et que je me suis mis au travail, l’image du vieux en difficulté, revenait sans cesse dans mon esprit. La question qui me taraudait était : « Est-ce qu’un jour je peux aussi passer par là » ? J’ai donc consacré quelques minutes sur mon ordinateur à chercher des informations sur l’hypertension, tout ce qui l’entoure et comment faire pour l’éviter. Dans mes recherches, j’ai remarqué qu’il y avait un ingrédient qui revenait : l’ail.
Je suis allé sur les sites de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé, ndlr) et d’autres institutions qui œuvrent pour la santé et j’y ai pu lire que lorsqu’une personne consomme au moins une gousse d’ail chaque jour, elle pourra être épargnée de l’hypertension, du cancer ainsi que d’autres maladies.
Je me suis dit alors qu’il aurait suffi que ce vieux consomme régulièrement de l’ail et il n’aurait pas été dans cette situation. Je me suis demandé s’il le savait lui-même. Parce qu’il se peut que beaucoup de gens n’en aient pas connaissance.
Les jours suivants, j’ai réalisé un petit sondage pour demander aux gens s’ils étaient au courant des vertus de l’ail et s’ils savaient que l’ail pouvait les protéger de l’hypertension, par exemple. Force a été de constater que beaucoup de personnes, même les personnes malades, le savaient parfaitement et connaissaient toutes ses applications.
Pourquoi ne le consommaient-ils pas alors ? J’ai posé la question et pour la grande majorité des réponses que j’ai reçues, soit l’odeur de l’ail était trop forte et indisposait facilement, soit ils n’avaient pas du temps pour l’écraser chaque matin pour l’utiliser. Que faire pour amener les gens à consommer cet ingrédient ? Comment parvenir à le mettre dans le quotidien du Togolais ?
Je rappelle que j’étais en deuxième année universitaire. A la fin de l’année, j’ai décroché un stage en télécommunications dans une structure de téléphonie mobile au Burkina.
Au Burkina, bien que j’allais au stage, la question était toujours là et je cherchais un moyen d’y répondre. Et un fait s’est présenté à moi : à midi, lorsque j’allais à la pause, je remarquais que tout le monde se dirigeait vers des sortes de kiosques où on vendait du thé. Ils raffolent extrêmement de thé et de café, quelle que soit la période de la journée. J’ai fini par m’habituer à force aussi et un jour je me suis dit que, vu la façon dont tout le monde prenait du thé, si on arrivait à mettre un peu d’ail dans chaque tasse, cela veut dire que chaque consommateur pouvait profiter des vertus de l’ail en même temps. Donc j’ai décidé d’explorer cette piste, quand bien même j’étais conscient que prendre quotidiennement du thé ne fait pas partie des habitudes du Togolais. Je me suis dit que ça va venir si on s’y essaie. Voilà donc comment est née et a germé l’idée de Africa Thé...
T.F : Comment la transition « de l’idée à la réalisation » s’est-elle faite?
A.A : Dès que l’idée a germé, j’ai réfléchi à trouver une unité de transformation vu que je ne savais pas comment on faisait du thé.
J’ai cherché et trouvé une structure de transformation du thé Safari au Burkina et dont le promoteur a bien voulu me montrer leurs installations. Il était évidemment très surpris que quelqu’un en stage en télécommunications, s’intéresse d’un coup à la production de thé. Il m’a mis dans de bonnes conditions. Les soirées après le stage, j’étais là-bas et j’ai pu suivre pendant deux (2) mois comment ça se fait.
Quand je suis revenu à Lomé, j’avais cette chaleur en moi, parce que je savais comment faire maintenant pour sauver aussi les gens à travers cela. Du coup, j’ai fait des tests chez moi à la maison, avec de l’ail, parce que là-bas, j’ai suivi tout cela, mais je n’ai pas utilisé de l’ail pour le faire donc je ne pouvais pas être sûr totalement.
J’ai donc produit de petits sachets avec de l’ail selon les techniques apprises et je les ai distribués à des amis et des connaissances en leur disant de l’essayer. Je ne leur disais pas que c’était mes propres créations, plutôt qu’on me les avait offerts aussi. Les retours ont été très excellents et encourageants et c’est lorsqu’on a commencé à me presser de questions pour que je leur ai indiqué le fabricant pour passer éventuellement commande, que j’ai fini par leur avouer que tout avait été fait dans ma chambre à mon retour.
J’ai appris que le Faiej aidait les jeunes à se mettre en place. Je leur ai expliqué l’idée, je me suis inscrit et je suis allé suivre une formation en entreprenariat qui m’a permis de mieux maîtriser les contours de l’activité entrepreneuriale. Après la formation, il fallait laisser un plan d’affaires, ce que j’ai fait. Mais avec la chaleur qui m’animait, je ne pouvais pas attendre le temps que le Faiej étudie nos dossiers. Parce que j’ai compris, lors de la formation, qu’un projet aujourd’hui n’est plus le même dans 6 mois. Donc, il me fallait le commencer à temps.
Avec l’argent que me rapportaient mes petites conceptions de sites, j’ai pu louer une pièce pour y installer ma petite entreprise. J’ai recruté une secrétaire et deux agents de productions. J’ai séparé la pièce pour aménager un petit bureau puis j’ai commencé à produire.
C’est de là que Togo Vie est parti. J’ai produit pendant près d’un an avec mes propres fonds. Les gens appréciaient et c’est ce qui m’a encouragé. Les retours dépassaient les attentes et y avait cette motivation qui m’a permis de continuer.
Avec le temps, j’ai été surpris de recevoir des messages du Cap-Vert, de la Côte d’Ivoire, de gens qui ont dégusté mon thé et qui en demandaient en plus importante quantité. J’ai compris que c’était devenu grand le jour où j’ai reçu une commande de près de 2000 boîtes. Dans la foulée, la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo m’a appelé et m’a envoyé au Sénégal pour aller représenter le pays à l’occasion des journées économiques et commerciales entre les deux pays. J’y ai décroché d’autres marchés qui ont révélé la nécessité de produire maintenant en grandes quantités.
T.F : Vous n’avez donc pas bénéficié d’un accompagnement institutionnel ?
A.A : Si, bien sûr. Il fallait donc plus de moyens après avoir décroché les contrats. Je devais maintenant acquérir des équipements adaptés pour renforcer l’activité et produire plus. C’est là que je suis retourné vers le Faiej, vu que mon dossier y était toujours. J’ai également rencontré la Ministre du Développement à la base, Victoire Tomégah-Dogbé qui m’a recommandé à la directrice du Faiej. Tout s’est accéléré et j’ai pu bénéficier d’un financement de 2 497 500 Fcfa. Donc j’ai pu satisfaire la demande.
Nous disposons aujourd’hui d’un laboratoire dans lequel la partie la plus importante du travail se fait. Nous travaillons en partenariat avec un groupement de femmes de Badou (à l’intérieur du pays), qui nous envoie le gingembre et l’ail. Ici, les ingrédients sont soigneusement lavés, désinfectés broyés et séchés avec des machines, avant de passer au papier filtre. C’est tout un travail de longue haleine que nous faisons et qui nous est rendu un peu plus facile par les équipements dont nous disposons.
Aujourd’hui, je suis en train de multiplier les activités au sein de Togo Vie. Nous développons 3 marques : la marque Africa Thé qui comprend elle-même 3 variétés de thé, Ail-gingembre-citron, Adako et Artémisiane.
Il faut préciser que ce n’est plus seulement de l’ail que nous utilisons, mais aussi du gingembre, qui a un grand pouvoir dans l’épuration du corps, et le citron qui n’est plus à présenter.
La boîte d’Africa Thé contient 25 sachets de thé prêts à consommer en infusion, sous forme de thé, avec du lait et du pain ou tout ce que vous voulez.
Elle se vend à 2000 Fcfa sur le marché. A sa sortie de chez nous, il coûte 1500 Fcfa. Nous travaillons avec les supermarchés, les pharmacies et toutes les structures chez qui nous l’écoulons, afin d’harmoniser le prix. Il ne faudrait pas qu’il soit plus cher dans certains endroits que dans d’autres.
La deuxième marque tire vers l’informatique, qui est ma formation de base. Je ne l’ai pas abandonné. Je suis en train de développer une application que je vais bientôt lancer.
Le troisième volet de notre entreprise consiste en une approche de solution que nous sommes en train de trouver pour les problèmes de peau des jeunes filles et des jeunes garçons. C’est un savon produit au Togo mais que nous appelons Brésilien, en référence à la très belle peau brésilienne.
T.F : Comment se comporte la demande d’Africa Thé sur le marché togolais?
A.A : Nous ne sommes pas encore assez connus sur le plan national. La preuve, si nous sortons maintenant et que nous demandons à 3 ou 4 personnes, ce qu’est qu’Africa Thé, il sera difficile d’avoir des réponses affirmatives.
Comme je l’ai dit, il n’est pas dans les habitudes du Togolais de consommer régulièrement du thé comme cela se fait dans d’autres pays, mais je gage que cela viendra. Les retours sont encourageants. La production qui se fait dans nos laboratoires s’écoule toujours. Je n’ai jamais vu une production faire une semaine après sa mise en boîte depuis que j’ai lancé cette structure, donc cela nous rend optimiste quant à la suite. Nous exposons sur presque toutes les foires sur le plan national, les plus réputées surtout. Et c’est pareil à l’extérieur du pays. Nos produits ont été exposés au Burkina, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Bénin, au Ghana et en France à plusieurs reprises par le biais du Faiej.
T.F : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans vos activités ?
A.A : Les difficultés d’avant ne sont plus celles de maintenant. Au début, la première difficulté était l’entourage qui ne comprenait pas ce que je faisais. Cela ressemblait plus à une folie, surtout que j’ai une formation en informatique et que rien ne m’empêchait de chercher un métier dans ce sens. Actuellement, les difficultés sont financières. On a envie d’aller plus loin, mais il faut des moyens pour vulgariser le produit et il en faut encore plus pour le produire. Nous n’avons pas de difficultés techniques en tant que telle, vu que les machines dont nous disposons actuellement sont adaptées pour le moment à notre production. Bien-sûr que sur le long terme, il faudra penser à tout agrandir.
T.F : Parlant justement de long terme, quelles sont vos projections pour les années à venir ?
A.A : Parvenir à mettre notre thé dans toutes les boutiques, les pharmacies, tous les supermarchés et tous les endroits où on pourra en vendre. C’est à ce moment que nous estimerons avoir conquis le marché togolais. Ensuite, mettre Africa Thé partout en Afrique, dans tous les coins, même dans les villages les plus reculés pour essayer de sauver le maximum de gens. Avoir si possible des unités de productions dans tous les pays où ce sera possible. Nous en avons une seconde au Burkina Faso et on voudrait l’étendre aux autres pays.
Je vais faire le lancement officiel de Africa Thé bientôt et j’espère qu’à travers cela, les gens s’intéresseront encore plus à ce produit qui peut facilement les prémunir contre cette maladie et toutes celles qui l’accompagnent.
Ce qui fait que ce thé que je produis à base de l’ail et du gingembre est apprécié est que les gens ont connaissance des vertus de ces ingrédients. C’est comment l’utiliser ou le prendre pour se prémunir qui est la principale difficulté. Maintenant que quelqu’un se propose de leur offrir une façon de le prendre et qui plus est, agréable, c’est plus facile.
T.F : Si vous avez un pouvoir décisionnel, quelles seraient vos priorités ?
A.A : J’aimerais bien que l’entrepreneuriat soit inclus d’une façon ou d’une autre dans les écoles. Si les enfants sont au courant de la chose entrepreneuriale, les idées muriront plus facilement et ils auront tout le temps de les peaufiner et de les adapter aux besoins de la société en grandissant.
Je ferai également en sorte que l’on encourage la promotion du Made in Togo un peu partout sur le territoire, dans les écoles surtout et les marchés. Il faut que les gens consomment ce que nos entrepreneurs fabriquent ici. Cela les boostera et les poussera à être plus compétitifs et à rechercher l’excellence.
Je prends l’exemple des jus de fruits que les jeunes produisent. S’il y avait une politique qui leur permettait d’écouler ces produits dans les cours de récréation, dans les centres d’apprentissage ou encore dans tous les lieux d’affluence, cela donnerait un bon coup de fouet à l’entrepreneuriat togolais.
Nous utilisons beaucoup de produits aujourd’hui sans savoir si on se soigne ou si on se tue. Autant miser sur les produits que nous avons sous nos yeux et à portée de nos mains.
Togo Vie est parti sur un objectif simple au départ : résoudre ce problème de santé qu’est l’hypertension principalement, que les populations togolaises rencontrent. Problème auquel on n’a jamais apporté de solution à la base. Tout est parti de ce constat et aujourd’hui nous essayons d’apporter notre plus pour combattre toutes ces petites maladies de façon thérapeutique.
Propos recueillis par Octave A. Bruce
Icare qui veut voler tout près du soleil. C’est l’image qui vient à l’esprit lorsqu’on échange avec Baga Kossivi, promoteur et directeur général de Veso, le Village d’énergie solaire. Rares sont en effet les jeunes entrepreneurs togolais qui s’attaquent aux questions des énergies renouvelables au point de se proposer comme solution alternative, puis comme complément aux services proposés par l’Etat. C’est pourtant ce défi, en apparence fou, que s’est lancé le jeune promoteur, titulaire d’un BTS en électronique, option énergie, qui s’est par la suite renforcé dans les énergies renouvelables. Préoccupé par la question de l’électricité au Togo, il s’inscrit au programme d’appui du Faiej et participe à des concours qu’il remporte pour la plupart, au point de représenter le Togo à l’extérieur. Dans son plan d’ascension, il finit par monter sa structure. Togo First l’a rencontré lors de la tournée ministérielle organisée il y a quelques semaines par les ministres en charge de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes ainsi que celui de la Communication. Fiat Lux ! (Que la lumière soit !)
Togo First : D’où vous est venue l’idée de monter le village solaire ?
Baga Kossivi: Après mes études, j’ai commencé dans une toute petite boîte en tant que stagiaire. J’ai été embauché et j’ai connu une belle progression. Stagiaire, technicien puis chef technicien, directeur technique après et enfin directeur technico-commercial. Il n’y avait plus de poste à prendre au-dessus à part celui du directeur général… Or je voulais passer à cette étape-là. Donc il fallait créer ma propre structure. Après six ans donc, j’ai eu une discussion avec mon supérieur, au cours de laquelle je lui ai fait part de mon projet de lancer ma propre boîte. Il a été compréhensif et je suis donc parti. Pendant mes deux dernières années de travail là-bas, j’ai commencé à mettre Veso en place à la maison, parce que je voulais faire un truc qui innove et qui aide en même temps…
Et une fois parti, j’ai ouvert la structure. Je le précise, j’ai mis la structure en place, avant de chercher le financement. On ne cherche pas le financement d’abord avec l’idée de créer la structure après. Mes jeunes frères commettent ces erreurs aujourd’hui et connaissent des difficultés dans la mise en place de leur structure. Même si leurs idées et projets sont bons. J’ai monté Veso et j’ai pu avoir une idée de mes besoins, des conséquences que telle action engendrerait et ainsi de suite.
La recherche des clients est allée vite parce que dans le domaine, la demande est forte.
Il n’y a presque pas d’électricité après Mission Tové et dans certaines zones alentours, or ce sont ces nouveaux quartiers qui abritent de nombreux salariés et de nombreuses personnes qui ne peuvent pas vivre en ville, vu qu’il n’y a plus de place ou que le loyer y est cher.
Si nous analysons la couverture énergétique sur l’étendue du territoire, vous remarquez que c’est dans les villes que l’électricité se trouve. Et encore. Même les nouveaux quartiers périphériques de Lomé n’ont pas accès à l’électricité. Et c’est difficile pour les populations de vivre au quotidien. Quand on sait que l’énergie joue un grand rôle, si ce n’est le premier moteur du développement d’un pays, cela interpelle. Quand on regarde également les statistiques nationales, près de 60% de la population n’a pas accès à l’électricité.
C’est eu égard à tout cela que je me suis dit que si on a une alternative qui est le soleil, qui nous est offerte gratuitement, pourquoi ne pas la proposer aux couches de populations vulnérables qui vivent dans les zones les plus reculées ? Surtout lorsqu’on sait que ces populations n’ont aucun accès à l’électricité. C’est alors que je me suis lancé dans la mise sur pied de cette structure qui visait principalement à servir les plus défavorisés en leur proposant de l’énergie solaire.
T.F : Comment les populations ont-elles réagi à votre alternative qu’est l’énergie solaire?
B.K : Positivement. La question de l’énergie concerne tout le monde. Même ceux qui utilisent l’électricité sont concernés par les autres alternatives, pourvu qu’elles soient plus économiques et pas néfastes pour la santé. Donc je n’ai pas eu de difficulté à expliquer ou convaincre les gens avec le sujet. J’ai mis beaucoup de temps à parcourir le terrain et réaliser des sondages, d’autant plus que j’ai eu à travailler dans ce domaine dans une entreprise de la place qui évoluait sur le terrain. J’ai évalué les avantages et l’impact que cela pouvait avoir sur les populations. Donc je peux dire que j’ai eu mes clients avant de démarrer mon entreprise.
T.F : La visite du binôme ministériel chez vous signifie que vous avez bénéficié d’un soutien de la part des institutions de l’Etat. Comment cela s’est-il fait ?
B.K : J’ai été très ébahi lors de leur visite de la dernière fois. Tout ce qui me venait à l’esprit est que Veso a fait se déplacer deux ministres. J’ai été extrêmement ravi de les voir venir s’enquérir de la progression de nos activités.
Maintenant, pour revenir à la question des financements reçus, je voudrais d’abord remercier avant tout, l’Etat Togolais qui, par le canal du ministère du développement à la base, soutient les entrepreneurs togolais et les aide à monter leurs projets. Veso est parti de rien du tout. Je n’avais pour allié que le soleil.
J’ai démarré en janvier 2014 et, dans mes recherches de financement, je suis tombé sur le ministère du développement à la base par le biais du Faiej. Cette année, il était organisé des ateliers de formation, qui visaient à permettre aux jeunes entrepreneurs de rédiger un plan d’affaires. Pour la petite histoire, c’est lors de cette formation en Mars 2014 que j’ai entendu pour la première fois les mots « Plan d’affaires ».
On nous avait informés qu’on sélectionnerait les meilleurs projets qu’on enverrait sur un autre programme à portée internationale. A la fin de la formation, on nous a accordé un temps pour rédiger nos projets, ce que j’ai fait et déposé au niveau du Faiej. C’est après que j’ai appris que mon projet avait été retenu parmi les meilleurs et avait été envoyé sur le plan international. A ce niveau, on ne parle plus de crédits à accorder, mais de subventions.
Nous étions 10 sélectionnés et c’est là que Veso a été choisi comme meilleur projet de l’année 2014, ce qui nous a permis de bénéficier de la subvention PPEJ, l’ancien Fonds d’Insertion des Jeunes, à hauteur de 1 800 000 Fcfa en Décembre 2014.
T.F : Vous avez été lauréat de plusieurs concours et avez pris part à de nombreux évènements qui ont renforcé votre crédibilité au Togo comme à l’extérieur. Pouvez-vous nous en dire plus ?
B.K : Le premier motif de satisfaction est venu avec le Prix PPEJ en 2014. Nous étions plus de 3000 jeunes en formation à l’ENI de Notsè, tous porteurs d’un projet. Le simple fait que Veso ait été déclaré 1er, m’a tellement apporté de joie et de volonté que j’ai décidé de pousser un peu plus loin.
Après cela, nous avons participé au concours du meilleur projet vert, toujours organisé par le ministère du développement à la base par le biais du Faiej et du Pradeb, où nous avons occupé la deuxième place. Nous avons été également 1er prix national et 3ème prix international du « Meilleur Entrepreneur PPEJ » 2016.
Sur le plan international, la cellule ECREEE, qui s’occupe des besoins énergétiques de la zone Cedeao nous a invité pour un renforcement de nos capacités dans le domaine, au Burkina, au Ghana et au Cap-Vert. Après cette série de formations, la cellule a organisé un concours à l’endroit des jeunes qu’elle avait formés, dans le courant 2016, concours où nous avons également remporté le premier prix. Ce sont ces succès rencontrés qui nous ont rendu plus forts et ont conforté notre vision d’avancer et d’aider les autres.
Parlant d’aide, il y a un adage qui dit que « lorsqu’on t’aide à te lever et que tu es debout, tu dois aussi aider un autre à faire pareil. » Nous avons formé à Veso, 145 étudiants. Certains se sont lancés dans leur propre structure et d’autres peinent encore à y arriver. Ce qui est tout à fait normal, parce que le chemin de l’entrepreneuriat est très long et pas facile. Mais à force de persévérance, on finit par y arriver. Nous avons installé sur le territoire près de 13 000 lampadaires solaires qui visent à réduire la consommation électrique et à éclairer les coins les plus reculés.
T.F : Que fait Veso concrètement aujourd’hui ?
B.K : A ses débuts, Veso était dans l’étude, la vente et l’installation des équipements solaires. De nos jours, on a grandi. Veso est devenue une Sarl (société à responsabilité limitée). Nous avons quitté l’étape Etablissement pour être une société en bonne et due forme.
Nous avions lancé un appel pour avoir des souscriptions de parts et on en a reçu énormément, mais nous nous sommes juste arrêtés sur 3. Nous avons donc des associés aujourd’hui et c’est devenu plus sérieux.
Pour donc répondre à la question, nous faisons dans le solaire en général. Tout ce qui se rapporte au solaire. Que ça soit l’installation, l’éclairage, public ou pas, le froid associé au solaire ou encore le pompage d’eau également associé pour les mini-adductions d’eau photovoltaïques. Nous installons des kits, des mini-kits et des mini-centrales. Tout dépend du nombre de ménages ou de clients.
Nous faisons de la formation dans le domaine et nous allons sur des projets photovoltaïques. A part cela, Veso s’est spécialisée aussi dans l’électricité-bâtiment. Câblages électriques pour les grands immeubles entre autres. Nous sommes aussi dans la perforation de nappes phréatiques.
D’ici à deux ans, Veso sera équipée de ses propres machines de perforation et nous pourrons alors nous porter sur le marché plus sereinement.
Nous travaillons avec des partenaires comme Yandalux en Allemagne (spécialisé dans l’électrification rurale, le solaire thermique, l’éclairage solaire, etc…) et le groupe chinois Sunny International Power Corp (fabricant de panneaux photovoltaïques).
T.F : Le Togo a récemment initié une table ronde des bailleurs de fonds, pour le lancement de sa stratégie d’électrification, rencontre à laquelle a participé l’envoyée spéciale de l’Alliance Solaire Internationale, Ségolène Royal. Que faites-vous à votre niveau pour participer à cette stratégie ?
B.K : Nous avons aussi participé à cet évènement que vous avez évoqué tout à l’heure, étant donné que nous intervenons sur le plan national sur la question énergétique. Nous avons fait quelques propositions et avons rencontré des bailleurs afin de travailler de concert pour parvenir à cet objectif cher au Chef de l’Etat et au gouvernement. Nous agissons sur le contrôle qualité. Nous aidons les clients à installer le solaire chez eux car ils ont divers moyens de se le procurer. Nous agissons en fonction des besoins du client et nous faisons tout ce que nous pouvons pour le satisfaire et faire en sorte que la lumière soit chez lui.
Nous agissons en compléments de la Ceet (la Compagnie nationale énergétique). Quoi que l’on dise aujourd’hui, il sera difficile pour la Ceet de couvrir l’intégralité du territoire national du jour au lendemain. C’est là que nous intervenons. Nous sommes là pour pallier les limites de la Ceet pour le moment, et c’est réciproque. Le solaire, en tant qu’alternative, n’est pas non plus une fin en soi. Il a aussi ses limites.
T.F : Quelles sont vos ambitions ou vos perspectives sur les 5 ou 10 prochaines années ?
B.K : Asseoir Veso avec une unité de production des panneaux solaires. C’est notre première vision. C’est ce qui nous a poussés à avoir une relation avec un partenaire. Nous sommes en train d’étudier les moyens de fabrication de panneaux au Togo. Cela fera baisser les coûts et engendrera une forte consommation du produit.
Après cela, nous prévoyons d’installer d’autres unités de productions de batteries, de régulateurs, etc… Bref tout ce qui est nécessaire pour notre travail. L’idée est de faire en sorte que Veso soit une référence dans la sous-région en élargissant son champ d’action.
Tout le monde a besoin de l’électricité. Après l’eau, c’est l’électricité, et elle est le moteur de tout développement. Nous sommes en bons termes avec les autorités chargées de la question énergétique au Togo et je pense qu’ensemble, nous pourrons gagner ce pari.
Propos recueillis par Octave A. Bruce (Stagiaire)
La tournée de proximité de trois (03) jours entamée le mercredi 25 juillet 2018 par la ministre du développement à la base, de l’artisanat, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes, Victoire Tomegah-Dogbé, s’est poursuivie ce jeudi 26 juin 2018.
A cette étape, la ministre, en compagnie de son homologue en charge de la culture, Guy Madjé Lorenzo, a mis à l’honneur des entrepreneurs évoluant dans le domaine de l’art et de l’innovation aussi bien manuelle que technologique.
L’art et la création artistique sous toutes ses formes à l’honneur
Le binôme ministériel est allé au village d’art « Tayé Tayé » de Steven Agbétoglo.
Pur produit du Village artisanal de Lomé, le jeune sculpteur a rassemblé autour de lui des jeunes issus du même centre que lui et excellant dans divers domaines : sculpture, art et peinture, couture, fabrication de perles, etc. …
La visite des deux membres du gouvernement a été l’occasion pour ce passionné de bois et de tout ce qui peut en découler, de leur exposer ses difficultés et de solliciter leur appui afin de faire de ce village d’art qui regorge de magnifiques œuvres, un lieu incontournable de l’art et de la création togolaise.
La seconde étape a été au Village Artisanal de Lomé, un cadre tout aussi riche en découvertes artistiques pour les deux ministres. Là, sous la conduite de la directrice du site et du conservateur du village, les deux personnalités ont pu apprécier les diverses créations exposées dans les stands de dessin, peinture, tissage, sculpture et autres arts… Elles ont également saisi l’occasion pour échanger avec les divers artistes et artisans présents sur place.
Jimmy Hope, l’étape surprise
Après ce passage au village artisanal, la délégation a mis le cap sur Baguida, quelque peu à la périphérie de la capitale pour une visite à l’artiste de la chanson et peintre togolais Senaya Koffi, plus connu sous le nom de Jimmy Hope.
Le célèbre rockeur togolais qui a plusieurs cordes à son arc, a offert aux ministres et aux journalistes, une visite guidée de son domicile qui s’est révélé un véritable musée dédié à l’art et surtout à la peinture.
Plus de deux cents (200) œuvres achevées et d’autres en cours de finition ont émerveillé les visiteurs. Le musicien au chapeau et à la guitare, que le ministre de la culture Guy Madjé Lorenzo a qualifié de « patrimoine national », a esquissé quelques toiles avant d’emballer la délégation conquise avec quelques-uns de ses morceaux préférés.
Se prêtant au jeu, la ministre du développement à la base a d’ailleurs demandé à l’icône du rock togolais une composition a capela tirée d’une inspiration subite. Visiblement conquis, les représentants du gouvernement ont ensemble formulé le vœu de voir une école d’art se créer avec comme figure principale l’auteur du morceau culte « It’s too late ».
Jean Koumy, le « tonton amour » de l’art togolais
L’immersion dans le monde de l’art s’est poursuivie avec un tour chez l’artiste peintre plasticien togolo-belge Jean Koumy.
En compagnie de Limda Awesso, son agent Afrique, également artiste, celui en qui « on retrouve à la fois du Picasso, du Chagall, ou encore du Alechensky », tous des artistes peintres de renom, a dévoilé ses œuvres à la délégation.
Comme chez Jimmy Hope, les ministres ont pu constater l’omniprésence de l’art dans le vécu et toute la résidence de Jean Koumy. Ils ont également réitéré le vœu de voir une école d’art s’ériger à Lomé, afin que « les grands artistes du Togo fassent profiter les plus jeunes de leurs expériences ».
La visite s’est achevée par la remise solennelle d’un tableau de l’artiste, grand fan de Paul Ahyi, à la ministre Victoire Tomegah-Dogbé.
Kossi Elom Lovenou : saint crépin qui rêve des chaussures « Made in Togo »
La suite de ce deuxième acte de la tournée s’est effectuée à « Elégance Plus », une entreprise de fabrication de chaussures et ceintures en cuir. Son promoteur, Elom Kossi Lovenou, a été lauréat du concours « Meilleurs Entrepreneurs 2017 », organisé par le ministère du développement à la base.
Celui qui ambitionne de « créer une marque de chaussures typiquement togolaise », a reçu du FAIEJ, un financement de 1 200 000 FCFA en Février 2015, qui lui a permis de créer son entreprise de cordonnerie et de le doter d’un centre de formation.
Formé lui-même en fabrication de chaussures en cuir, il emploie aujourd’hui quatre (04) personnes et a un chiffre d’affaires mensuel moyen de 835 000 FCFA pour un taux de rentabilité évalué à 51%.
Les ministres l’ont félicité pour sa créativité et l’ont encouragé à continuer dans la même lignée.
« L’Abidjanaise », l’hymne à la tresse
Ce salon de coiffure ouvert par Aziandjipe Afiwa, vice-championne du plus grand concours de coiffure africaine, diffusée sur la Chaine A+ et qui emploie près de 26 personnes dont 2 hommes, a été ouvert à Agoè-Assiyéyé dans la banlieue nord de Lomé, il y a encore moins d’un an.
Devant les médias, elle n’a pas caché son émotion pour l’honneur de recevoir les deux ministres. Je suis très « émue aux larmes et fière de recevoir la visite des deux ministres », a-t-elle déclaré. Elle a également annoncé avoir des projets afin d’« aider ses jeunes frères et sœurs qui veulent lui emboîter le pas » et compte sur « le soutien et l’accompagnement des deux ministres ».
L’énergie solaire pour se requinquer
La délégation quelque peu éreintée par cette journée-marathon, aura pour point de chute le Village d’Energie Solaire de Baga Kossivi, 3ème prix international du « Meilleur Entrepreneur PPEJ » édition 2016.
Titulaire d’un BTS en électrotechnique, option énergie, le jeune entrepreneur s’est investi dans l’étude, la vente, l’installation et la réparation des équipements solaires à travers son entreprise VESO (Village d’Energie Solaire).
Il a bénéficié d’un accompagnement de 1 800 000 FCFA en 2016. Il emploie dix (10) personnes dont huit (08) permanents pour une charge mensuelle de 900 000 FCFA et a un chiffre d’affaires mensuel de 1 000 000 FCFA. Le jeune patron, qui a été primé Meilleur Etudiant de sa promotion, a, à ce jour, des partenaires comme Yandalux Allemagne et Sunny International Power Corp de la Chine.
Guy Madjé Lorenzo : « Chercher l’excellence, le prix à payer pour être le numéro 1 »
Dans son mot à l’endroit des médias, le ministre Guy Madjé Lorenzo a dressé le bilan de la journée et exhorté la jeunesse à s’inspirer de ces modèles. « On n’a rien sans rien. Quand on a un don, il faut le cultiver et croire dans l’avenir » a-t-il déclaré en substance. Il a également, pour finir, prôné « la recherche de l’excellence afin de devenir le numéro 1 » et aussi la culture de la paix que tous ces artistes magnifient à travers leurs œuvres.
La tournée de proximité initiée par la ministre du développement à la base, de l’artisanat, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes s’achèvera ce 27 juillet 2018 avec la visite dans la région des plateaux de plusieurs entrepreneurs tous aussi inventifs.
Reportage de Octave A. Bruce
Le gouvernement togolais ambitionne de faire du commerce électronique un maillon fort de la croissance économique. Pour y parvenir, des acteurs de premier plan comme Semoa, start-up togolaise, crée et déploie des solutions à destination des particuliers et des entreprises en matière de paiement et d’accès à des services dématérialisés.
Son Ceo, Edem Adjamagbo participait aux travaux de consultation nationale sur l’évaluation de l’état de préparation au commerce électronique au Togo, la semaine dernière. Objectif de la jeune pousse qui s’est vu décerner le fameux « Fintech Africa of the Year 2018 » en début d’année : présenter son nouveau joyau, le Semoa Kiosk. Semoa-Kiosk est un réseau de bornes automatiques de paiements qui permet aux populations africaines de payer des transactions en ligne, notamment auprès des e-commerces, avec leur moyen de paiement privilégié : le cash. Edem Adjamagbo a bien voulu se prêter aux questions de Togo First.
Togo First : Qu’est-ce que les bornes Semoa Kiosk apportent aux Togolais ?
Edem Adjamagbo : Notre objectif est de décentraliser le paiement de factures. Aujourd'hui, tout le monde paie presque partout en espèces. Conséquence : pour payer sa facture d'électricité, il y a de longues queues dans les agences. Grâce au réseau de bornes Semoa-Kiosk nous décentralisons le paiement de ces factures. Ainsi, il est possible de payer sa facture l'électricité dans un Digital Corner équipé de Semoa Kiosk.
Togo First : Outre le paiement de facture d’électricité, quels autres services fournissent-ils ?
Edem Adjamagbo : Aujourd'hui les kiosks proposent le dépôt d'argent sur compte mobile Tmoney, l'achat de crédit téléphonique Togocel, l'achat d'internet mobile Togocel ou encore l'achat de crédit téléphonique Moov.
Nous travaillons avec notre équipe R&D à Lomé pour pouvoir déployer un nouveau service par mois. De la même façon qu'un téléphone devient un smartphone parce qu'on y télécharge des applications, nous travaillons à déployer des nouveaux services pour rendre Semoa-kiosk SMART.
Togo First : Où peut-on retrouver ces kiosks ?
Edem Adjamagbo : Aujourd'hui ces kiosks sont déployés chez nos « early partners » à CCT Batimat (assivito) et Wiistore à Kégué. Ce sont des partenaires qui ont vite saisi l'importance de ce qui se prépare et ont souhaité soutenir cette initiative en accueillant les bornes. Nous les en remercions.
Différents lieux de la ville vont bientôt être équipés : l'aéroport, les supermarchés Champion et Super Ramco, les agences Ecobank Togo.
Nous travaillons également sur un dossier pour le Ministère du Tourisme pour permettre de proposer aux touristes des événements culturels, des circuits touristiques qu'ils pourraient découvrir et payer directement sur des bornes dans les hôtels.
Propos recueillis par Fiacre E. Kakpo