Initiée par huit étudiants de Lomé Business School (LBS) au Togo, Aziza-Pay se veut une plateforme numérique de sécurisation et de garantie des transactions entre vendeurs et acheteurs, surtout via des sites de e-commerce. Le projet est promu par Aziza Digital Studio, un groupe spécialisé dans les innovations technologiques. La solution s’est démarquée à la faveur de la Semaine de l’entrepreneuriat, de l’innovation et de la créativité (SEIC) organisée par l’université privée.
Alors qu’elle s’apprêtait à recevoir le mortier qu’elle vient de commander via un site de e-commerce pour piler ses ignames, le vendeur lui livre plutôt un mortier en objet d’art. Cette cliente habituée des sites de commerce en ligne ne pourra malheureusement plus retirer son argent, parce qu’elle a déjà réglé la facture. Cette déception, beaucoup de clients la vivent chaque jour, les sites de e-commerce, pullulant comme des champignons. C’est essentiellement ce problème que veut résoudre Aziza Digital Studio, à travers la plateforme Aziza-Pay.
Sécurisation et garantie des fonds
Aziza-Pay est spécialisée dans la sécurisation et la garantie des fonds de transaction des opérations commerciales. Concrètement, pendant l’achat d’un bien, la plateforme qui sert d’intermédiaire entre le vendeur et l’acheteur sécurise les fonds envoyés par ce dernier. En effet, le dispositif s’assure dans un premier temps que le produit soit livré en bonne et due forme au client et dans un second temps, qu’il corresponde à sa commande. « Quand vous envoyez votre argent sur la plateforme, le vendeur, s’il vous envoie votre marchandise, nous confirme qu’il l’a bien envoyée et vous aussi, de votre côté, vous nous confirmez que vous l'avez bien reçue. Dès que nous avons votre confirmation, les fonds sont automatiquement débloqués et envoyés au vendeur. Mais si vous nous dites que vous n’avez pas reçu la marchandise, on revoit toutes les démarches et on vous renvoie votre argent », précise Keith Assadji, responsable financier d’Aziza Digital Studio.
La gestion de conflit fait partie des principales missions de l’entreprise qui veut s’assurer du respect des conditions du contrat qui lient l’acheteur et le vendeur. La mise en œuvre de cette initiative n’est pas fortuite. Les jeunes âgés de 18 à 21 ans se sont lancés dans cette aventure en se basant sur leur mésaventure lorsqu’ils recourent aux plateformes d’achat / vente en ligne.
« Aujourd'hui l’e-commerce prend beaucoup d'ampleur dans le monde. Au lieu d'aller par exemple au marché, on regarde le statut de nos amis pour commander des articles. Souvent, ce qu'on nous livre, n'est pas vraiment ça. Soit ce que tu commandes traîne, soit tu rencontres d'autres difficultés. Parfois, le vendeur ne te livre pas l'article, mais ne te retourne pas non plus ton argent. Mais avec la plateforme Aziza Pay, lorsque tu envoies ton argent, il reste consigné et tu le récupères, en cas de souci », explique Aliate Agoro, co-responsable financier du groupe.
Certification des vendeurs
Pour aller plus loin, Aziza Digital Studio se propose de certifier les vendeurs, les entreprises et les plateformes de e-commerce sur la base d’un audit. Objectif, s’assurer qu'ils vendent réellement les produits qu’ils postent sur leurs supports de vente en ligne. Cette initiative permettra aussi de reconnaître le vrai du faux pour ne pas exposer les clients à des publicités mensongères.
« Nous aurons une base de données des utilisateurs, que ce soit les vendeurs ou les acheteurs. La certification se fera sur la base des différentes transactions sur la plateforme et sur les retours client », a ajouté Junior Bouyo, responsable administratif.
La plateforme va aussi intégrer une option pour recueillir les commentaires des clients par rapport aux produits achetés. Elle permet aussi d’alerter les futurs clients sur les conduites à tenir en face de chaque vendeur.
Objectif : s’étendre à la Zlecaf
Dans un premier temps, la plateforme va se concentrer sur les micro transactions, avant de passer à l’échelle.
Les huit associés, à savoir Keith Assadji, Aliate Agoro, Aliate Djomatin, Yannick Abbey, Abdoulaye Diallo, Junior Bouyo, Paola Nugloze et Pauline Adjreke lorgnent la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Mais en attendant, ils se concentrent sur le lancement du projet au Togo qui se fera très prochainement.
La rédaction
Au Togo, les initiatives entrepreneuriales des jeunes foisonnent. Si certains parmi eux bénéficient de l’incubation, beaucoup manquent de repères après cette étape pour bien développer leurs entreprises. C’est le problème que Dagba, un accélérateur de startups veut résoudre, afin de fabriquer des champions. Son fondateur et Managing partner d’Optimum Partners a accordé une interview à Togo First (TF).
TF : l'accélérateur Dagba, qu'est ce que c'est ?
Brice Tchendo: Dagba a un double sens. En Yoruba, il signifie grandir et en ewé, échouer. La rencontre de ces deux mots est dans la vie d'un entrepreneur qui doit grandir. Mais avant de grandir, on voit beaucoup de gens qui échouent. Nous, on s'est dit qu’on va créer un espace qui permet aux entrepreneurs de grandir et d'éviter d'échouer. Ceci se matérialise par un accompagnement qui s'appelle l'accélération, qui nous permet de soutenir les entrepreneurs depuis leur structuration jusqu'à la levée de fonds. Avec nos partenaires, les fonds d'investissement étrangers et investisseurs locaux, les Business Angels, on essaie de présenter, de faire le lien entre les investisseurs et les entrepreneurs. On accompagne les entrepreneurs pour qu'ils répondent aux critères des fonds d'investissement ou d'autres investisseurs, pour qu'ils aient des fonds pour se structurer, afin de mieux se développer.
TF : comment vous est venue l’idée de créer Dagba ?
L'idée de cet accélérateur est née depuis 2021. Je ne fais que deux ans à Lomé et ça m'a permis d'observer un peu le marché, de voir ce qui s'y passe, de voir les maillons faibles dans l'écosystème entrepreneurial. Ce qui m'a permis de concevoir un plan d'accompagnement qui pourra répondre aux besoins exacts et compléter un peu l'accompagnement du gouvernement à travers les incubateurs et tous les programmes d'accompagnement à l'entrepreneuriat qui existent.
TF : Pourquoi, justement, ciblez-vous le monde entrepreneurial togolais ?
On a remarqué qu'il y avait un certain nombre de dispositifs d'accompagnement de l'État au profit des micro-entrepreneurs. Il y a la phase où on accompagne de l'idée à l'entreprise, la phase où on stabilise l'entreprise avec un financement ou un fonds d'amorçage. Mais après, il n'y a plus d'accompagnement. Donc, les entrepreneurs sont laissés pour compte. Ils essaient d'avancer tant bien que mal et ça ne leur permet pas de s'exporter. Quand je dis « s'exporter », c'est de pouvoir sortir du pays, voir autre chose, avoir des ambitions à l'extérieur. Et donc, nous, on s'est dit voilà le créneau sur lequel on veut se positionner. C'est de prendre ceux qui sont sortis des incubateurs, ceux qui ont suivi ou pas des programmes d'accompagnement à l'entrepreneuriat et qui sont à un niveau où ils doivent être accélérés. « Accélérés », c'est ce que les Anglais appellent « scale up » et ils doivent scale up. Avant de « scale up », il faut avoir un certain nombre de choses, de structuration, de système de gouvernance, un certain nombre d'outils de gestion en interne pour que les investisseurs aient confiance en vous.
Au-delà du produit et du marketing, c'est aussi la personnalité de l'entrepreneur, le système de gouvernance qu'il met en place et la capacité à manager et à diriger son business qui sont importants pour un investisseur. Donc, nous, on s'est dit qu’on va se positionner sur ce créneau là, on va les accompagner, parce que c'est un besoin qu'on a identifié auprès des investisseurs, des banques, des fonds d'investissement qui disent que les entrepreneurs ne sont pas structurés et n'ont pas une vision claire du driving de leur société.
TF : avec combien de partenaires travaillez-vous sur cette initiative ?
Aujourd'hui, on a une dizaine de partenaires techniques qui nous accompagnent, que ce soit des cabinets d'avocats, des cabinets d'expertise comptable, des associations... Nous avons par exemple la chance aujourd'hui d'avoir le cabinet de Me Aquereburu, comme partenaire juridique et qui a accepté d'accompagner les entrepreneurs sur le volet juridique. Sur les fonds d'investissement, nous sommes en discussion avec cinq fonds qui ne sont pas au Togo et on essaie de les faire venir. Ils sont plus basés en Côte d'Ivoire ou au Sénégal. Il y en a en Afrique de l'Est également.
TF : aujourd'hui, il y a certains incubateurs qui existent déjà au Togo, comment entendez-vous vous démarquer sur ce segment ?
Les incubateurs sont nos partenaires, parce que justement, nous prenons des produits qui sortent des incubateurs. Nous sommes le premier accélérateur, justement, à Lomé et pour nous, l'idée, c'est d'être partenaire des incubateurs. Quand ils finissent leur phase d'incubation et qu'ils ont déjà atteint un certain niveau, nous, on les prend et on les accélère. Donc, faire la différence, je ne dirais pas ça, mais c'est plutôt être en partenariat avec ceux qui existent déjà.
TF : concrètement, l'entrepreneur qui quitte un incubateur, à quoi doit-il s'attendre avec-vous ?
L'entrepreneur qui suit un programme d'accélération, à la fin de ce programme, sera doté d’outils de gestion interne et sera mieux structuré. Ça, c'est la première des choses très importantes pour nous. Notre programme d'accélération démarre par une phase de diagnostic. Après le diagnostic, on met à niveau l'entreprise. Mettre à niveau signifie doter l'entreprise de systèmes de gouvernance, d’outils de gestion qui vont lui permettre de piloter l'entreprise avec efficacité et efficience.
Après tout ce programme d'accompagnement, suivra une levée de fonds. On les présente aux investisseurs, aux groupes d'investisseurs qu'on a, et c'est à ces investisseurs de pouvoir s'intéresser à leurs projets. Mais avant de les présenter aux investisseurs, on les prépare à ce qu'on appelle le pitch. Donc, il y a le pitch auquel ils sont très préparés et ils vont présenter leurs projets de manière spécifique à des investisseurs. Comme ces investisseurs ne sont pas des nationaux, il va falloir aller au-delà de ce qu'ils ont l'habitude de faire, de ce qu'ils ont vu déjà au niveau des incubateurs, aller au-delà et présenter leurs projets de manière spécifique pour que les fonds d'investissement puissent s'intéresser à leurs initiatives.
In fine, l'entrepreneur qui est déjà installé, qui suit notre programme d'accélération est mieux structuré et il est présenté au fonds d'investissement et à d'autres partenaires, puisqu'il y aura un networking. Il y aura un voyage d'études au Sénégal où ils vont sortir de leur zone de confort et aller voir autre chose, ce que leurs compères ont déjà fait dans un autre pays. Et donc, ils sortent de notre programme d'accélération, très transformés et mieux aguerris.
TF : quels sont les défis que vous voulez relever à travers cette initiative ?
Un seul défi, fabriquer des champions locaux. C'est ça, notre devise. On le voit ailleurs pour ce que j'ai vu avec mes précédentes expériences dans d'autres pays. C'est le pays qui doit fabriquer et non les entrepreneurs eux-mêmes. Les entrepreneurs ont des idées, des entreprises et essaient de rouler, mais après c'est le pays qui doit les porter. Parce que justement, dans l'écosystème entrepreneurial international, quand on parle des champions, le Togo est peu cité.
On vient de terminer la Semaine de l'innovation où on avait de très bons projets. Et ces projets-là, il faut pouvoir les accompagner. Il faut accélérer ces entrepreneurs pour qu'ils deviennent des champions locaux.
TF : quels sont les secteurs de l'entrepreneuriat que vous lorgnez déjà ?
Plusieurs secteurs. D'abord le secteur de la technologie. Nous avons déjà fait une phase de sélection. Donc on a déjà sélectionné les startups qu'on va accompagner pour cette première cohorte. Dans cette cohorte, on a huit secteurs d'activités dont la technologie en général, les Fintech, le commerce, l'agroalimentaire, la santé et le tourisme. C'est une phase pilote.
TF : quelles sont les dix entreprises retenues pour cette première cohorte ?
Il y a Kari Kari qu'on connaît bien, Edolé Africa, Fruity Fresh qui est dans l'agroalimentaire, le cabinet Precyeux qui est dans l'e-santé, Destination Togo, une agence de tourisme qui veut concevoir des parcours touristiques au Togo, Ego qui est dans la fintech. C'est une application qui permet de faire de l'interopérabilité des comptes mobiles money. Donc on peut transférer de l'argent de Flooz à Tmoney.
Nous avons aussi DobbeePay, une plateforme qui permet de lever des fonds pour des projets sociaux; Solimi une carte bancaire prépayée rechargeable via mobile money; Cash Water, un dispositif qui favorise la gestion automatique et autonome d’eau de forage.
TF : qu'est ce qui sera fait au cours de cette première phase ?
Le programme d'accélération est subdivisé en quatre étapes. La première étape, c'est un diagnostic global. Le diagnostic se fera sur l'entrepreneur, son produit, son organisation. Après ce diagnostic 360, on va identifier des leviers de croissance, puis bâtir un plan d'accélération.
Ensuite, on met à niveau, avec la conception de tous les outils de gestion, tous les systèmes de gouvernance interne et contrôle interne. Et donc il y aura un coaching pour l'éducation financière des entrepreneurs, parce que c'est très important. On les prépare à lever des fonds, donc il faut un certain nombre de connaissances en éducation financière. La mise à niveau va déboucher sur un voyage d'études.
Après cette étape là, il y aura justement un événement de levée de fonds qui sera grand public, comme on le voit aux Etats-Unis, où les dix entrepreneurs vont pitcher devant des investisseurs. Ce sera à ces investisseurs de dire devant tout le monde… “ton projet m'intéresse, je veux investir là dedans”.
TF : combien de temps va durer cette phase pilote ?
En réalité, la phase pilote dure six mois. On boucle la phase d'accompagnement technique en juillet avec l'événement de levée de fonds. Après on va les suivre, même ceux qui n'ont pas levé les fonds, c'est-à-dire que tous les dix seront accompagnés et suivis. Le suivi se fera pendant six mois, donc globalement un an pour pouvoir suivre cette cohorte jusqu'au bout. En décembre, on fera un bilan pour préparer la cohorte suivante.
Initié depuis 2018 par le jeune togolais Fiacre Dagbegnon, Klumer est un réseau social événementiel développé par l’entreprise Eods Communication. La plateforme propose plusieurs services aux promoteurs d’événements pour dématérialiser leurs activités et faciliter aux clients, l’achat des tickets.
En 2019, l’équipe étudie le marché togolais pour détecter les failles que rencontrent les promoteurs d'événements, afin d’y apporter des solutions adéquates. Objectif, associer le digital à l'événementiel. La mise en place de Klumer s’est accélérée avec l'avènement de la pandémie du coronavirus au Togo. La suspension des activités culturelles a renforcé l’équipe qui s’est donné une mission : dématérialiser certaines activités du secteur culturel.
« Klumer a été développé sur le format de Facebook et Instagram. Aujourd'hui, on n’a rien à envier à ce que les développeurs de la Silicon Valley ont réalisé en matière de développement de réseaux sociaux. La seule différence, c’est au niveau de leur logistique que nous n’avons pas encore », estime Fiacre Dagbegnon.
Trois en un
Klumer est structuré en trois grandes composantes : une application mobile, une application web et une agence virtuelle qui sert de back-office pour les promoteurs d'événements. La plateforme fonctionne comme les autres réseaux sociaux en se basant essentiellement sur le comportement de l'organisateur de l’événement, ses démarches avant, pendant et après l’événement et la cible qu’il veut toucher. La solution digitale permet aux promoteurs d’événements de réaliser des sondages en amont pour bien connaître leur cible, d’avoir une idée de ceux qui s’intéressent à leurs événements et de leurs interactions avec le concept.
E-ticket
Pour soutenir les organisateurs et les assister à mieux préparer leurs événements, la start-up a mis en place un service de billetterie pour la vente en ligne des tickets. Avec ce service qui fonctionne avant et pendant l'événement, les promoteurs peuvent collecter directement des fonds et avoir une traçabilité des tickets vendus. Contrairement aux moyens classiques, cette fonctionnalité permet aux organisateurs d'avoir le montant des tickets vendus et le nombre de personnes qui participent à leurs événements
Sur chaque ticket vendu, la société perçoit une commission de 10%. « Aujourd'hui, il y a certaines réalités du marché. Si les entités supérieures nous permettent d'avoir accès à certaines données, nous pouvons faire mieux. Précision importante, les agrégateurs prennent aussi leur part des 10% de commission qui nous sont reversés », explique l’entrepreneur de 26 ans. Selon lui, les promoteurs qui choisissent Klumer ont une longueur d’avance d’un an sur l’édition de leurs événements. La plateforme leur fournit des données comme le nombre d’hommes et de femmes qui participent à l'événement, leur tranche d’âge, ce qui les intéresse à propos de l'événement, leurs interactions avec les artistes…Toutes ces informations permettent au promoteur d’améliorer son événement, d’anticiper ce que le public aime et d’améliorer l'expérience client.
Au Togo, Klumer s’est déjà positionné sur certains grands événements comme « C’est du génie » avec sa solution de E-Score qui permet de digitaliser les scores de la compétition, la « Foire Adjafi », les concerts des artistes comme Etane Blex, Ghettovi… En 2022, la start-up a été sollicitée et a accompagné un total de 8 grands événements d’au moins 2 000 personnes.
Des difficultés
Si la jeune pousse réalise des progrès, elle est aussi confrontée à plusieurs difficultés. Notamment, des difficultés d’accès au marché.
Pour l’instant, Klumer ne travaille pas directement avec les opérateurs de téléphonie, ce qui limite ses actions. En outre, l’adaptation de la population aux solutions digitales proposées par la start up ne se fait que progressivement, ce qui expose du coup, la difficulté des promoteurs à miser exclusivement sur la vente des tickets en ligne.
Qu’à cela ne tienne, Klumer projette de réaliser un chiffre d'affaires de 10 millions FCFA cette année. Sa perspective est de conquérir le Togo et de se positionner à l’international.
La rédaction
Marquée par les difficultés que rencontrent les femmes pour cuisiner les plats locaux, Cendras Hova décide de leur faciliter la vie. Elle crée en 2022 « Légumes du chef », une entreprise spécialisée dans la production et la commercialisation des légumes bio surgelés. La lauréate du programme « L’Afrik de Demain », organisé par le magazine Océan’s News, ambitionne avec sa marque, de conquérir le Togo et le continent.
Pour l’instant, « Légumes du chef » propose cinq produits à ses clients, à savoir Adémé, Gboma, carotte, Betterave et haricot, tous certifiés par l’Institut National d‘Hygiène (INH) et l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA). D’autres produits sont en cours de certification. Avant de les commercialiser, un travail minutieux est fait avec les jardiniers pour sélectionner les meilleurs produits et s’assurer que ces derniers n'utilisent pas les engrais chimiques.
De l’idée à la réalisation
L’idée de Légumes du chef existait depuis 2021. Après ses études, alors qu’elle faisait des stages pour soutenir son mémoire, Cendras Hova avait du mal à cuisiner après des heures de fatigue au boulot. Aller au marché, acheter des légumes, les laver et les préparer après le boulot revenaient très compliqués à la future entrepreneure. « Je mangeais mal. J’étais obligée d’acheter au bord de la route, ce qui ne plaisait pas à mon mari. Je me disais que si seulement il y avait des légumes prêts à l’emploi, ça m'aiderait beaucoup, mais je me suis rendu compte qu'il n'y en avait pas. C’est de là que l’idée m’est venue de mettre quelque chose en place dans ce sens », témoigne la directrice générale.
Au début, le projet a été froidement accueilli par ses proches, qui n'étaient pas habitués aux surgelés. Mais petit à petit, le concept rentre dans les habitudes des Togolais. Commercialisés en paquets de 500 g à 1 000 FCFA l’unité, les produits proposés par la jeune entreprise peuvent durer plusieurs mois avant de se détériorer. Si la grande partie de ses clients se trouvent pour l’instant au Togo et en France, Cendras Hova ambitionne de toucher d’autres pays. Pour y arriver, elle met en place plusieurs stratégies.
Présence importante en ligne
La responsable mise beaucoup sur la communication digitale pour toucher sa cible. Ce qui lui revient moins cher et lui permet de toucher plus de monde. « Aujourd’hui, pour pouvoir mieux vendre, il est important de digitaliser son entreprise. C’est irréversible. Ceci vous aide à mieux promouvoir vos produits et à toucher les clients partout dans le monde. C’est ce qui m’amène particulièrement à digitaliser la vente de mes produits », explique-t-elle.
Pour toucher son public, l’entrepreneure crée des contenus sur ses réseaux sociaux, en attendant la mise en ligne d’un site web prochainement. La plateforme lui servira de boutique en ligne et permettra aux clients de valider leurs commandes en ligne partout où ils se trouvent. Cendras Hova ne s’est pas encore lancée dans une distribution de masse. Les commandes sont exclusivement virtuelles.
Si elle est présente en ligne, c’est surtout par rapport à sa clientèle. Les produits de « Légumes du chef » sont en grande partie destinés aux femmes fonctionnaires ou salariées qui rentrent tardivement du boulot. Elle passe donc par les réseaux sociaux comme Linkedin, Facebook, Instagram, Youtube, Tiktok… pour toucher cette cible. « J’ai d'abord pensé aux femmes qui sont occupées au travail et qui terminent à 17h ou plus tard. Pour elles, rentrer à la maison pour cuisiner, c’est compliqué. Je leur offre cette possibilité de manger un bon repas en peu de temps. Pour toucher cette cible, il faut être sur les réseaux sociaux, surtout ceux professionnels. Aujourd’hui, il y a du wifi dans presque toutes les entreprises, donc c’est important d’être sur internet », ajoute Cendras.
Devenir leader…
Titulaire d’une licence en marketing et communication et d’un BTS (Brevet de technicien supérieur) en communication des entreprises, Cendras Hova, 27 ans, se sert de ses expériences pour proposer des produits de meilleure qualité à sa clientèle. Son ambition est de toucher les grandes surfaces de distribution et de couvrir tout le territoire national. Elle espère devenir leader sur le marché des légumes bio surgelés en Afrique dans les dix prochaines années et cultiver ses propres légumes.
D’ici-là, elle devrait relever de nombreux défis, principalement celui du financement de son entreprise.
La rédaction
Au Togo, l’incubateur Banm Lab, basé dans la ville de Dapaong au Nord au pays, vient de lancer cette semaine (le 23 janvier), un appel à candidatures pour le financement et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs. Le programme recherche des jeunes âgés de 18 à 35 ans.
S’ils sont retenus, les porteurs de projets d’entreprise peuvent décrocher un financement allant jusqu’à 1 million de FCFA.
Six domaines prioritaires sont recherchés par l’incubateur public, via cette procédure. Il s’agit de l’agriculture/agro-alimentaire, l’élevage/agropastoral, l’environnement/écologie, l’artisanat/culture, le commerce/logistique/transport, et les services.
Cet appel à candidatures s'inscrit dans le cadre du recrutement de la troisième cohorte d'entrepreneurs pour un incubateur sous la tutelle du ministère du Développement à la base, mis en place à la suite du Nunya Lab de Lomé.
La date limite pour postuler est fixée au 5 février 2023.
Les candidats peuvent postuler ici
Ayi Renaud Dossavi
Après avoir levé 5,5 millions $ en 2021, deux deals exclusivement bouclés par Gozem, l’écosystème start-up togolais a mobilisé au moins 10,1 millions $, en 2022.
Principal bénéficiaire de fonds de capital-risque à destination du Togo depuis 2020, Gozem a réussi à signer un accord de financement de 10 millions $ sous forme de prêt avec l’IFC, la branche de la Banque mondiale qui soutient le secteur privé. Un vote de confiance pour la jeune pousse lancée fin 2018 à Lomé, qui à travers cette facilité, ambitionne de financer l’acquisition de 6000 motos pour ses chauffeurs au Togo et au Bénin.
Retenue pour la finale du Prix international Afri-plastic Challenge, soutenu notamment par le gouvernement canadien, Green Industry Plast (GIP-Togo) du jeune éco-entrepreneur togolais, Bemah Gado, a quant à elle, obtenu une subvention estimée à plus de 100 000 $ au cours de l’année. Depuis 2019, GIP-Togo qui, dans sa phase d’amorçage a été financée par le FAEIJ, revendique soutenir indirectement 5000 personnes à Lomé, Aného et Tabligbo, dans ses différentes chaînes de collecte, de tri et de recyclage de déchets.
Si on ajoute à ce total, les 20 millions $ levés par M Auto, une entreprise spécialisée dans l’assemblage et la vente de motos électriques, qui s’est implantée au Bénin et au Togo en premier, ce sont plus de 30,1 millions $ de deals qui sont recensés à destination des start-up, ayant leur base opérationnelle principale à Lomé.
Un jeune écosystème en construction dans une Afrique qui progresse
Globalement, les start-up africaines ont levé 4,85 milliards $ en 2022, en augmentation par rapport à l’année 2021. Ces financements se concentrent entre quatre pays, le Big four, constitué du Nigeria, du Kénya, de l’Egypte et de l’Afrique Sud. D’autres pays comme le Ghana, l'Algérie, le Sénégal ou la Tunisie ont réussi à lever plus de 100 millions $ de financement auprès des capital-risqueurs au cours de l’année.
La dynamique des levées de fonds dans deux de ces pays (Sénégal et Algérie) est portée par des start-up ayant le Togo comme cible potentielle de premier plan. C’est le cas de la fintech Wave au Sénégal, qui avait affiché dès 2020-2021, ses ambitions togolaises, ouvrant même un bureau à Lomé pour quelques mois avant de réduire la voilure.
C’est également le cas de la start-up de mobilité urbaine algérienne, Yassir, qui a mobilisé 150 millions $ en novembre 2022. Pour mettre le cap sur la capitale togolaise où Gozem règne sans partage, la start-up de VTC s'était lancée en milieu d’année dans la recherche de Directeur Général, avant de temporiser sur ses ambitions à court terme.
S’il fait partie des rares écosystèmes dont le nom apparaît sur la scène du capital-risque, “l’écosystème startup au Togo est encore jeune, en construction”, conclut le Guide des Fondateurs pour lever des Fonds au Togo, un rapport sur le secteur, publié en fin d’année.
“Le financement en capital de petites entreprises ou startups, même à fort potentiel, est encore très peu développé, sans doute en raison d’une perception d’une trop forte accumulation des risques : politique, entrepreneurial, juridique, fiscal… Le Togo manque encore cruellement de success stories en matière d’entrepreneuriat innovant, ce qui permettrait d’ouvrir la voie. Les fonds qui s’intéressent au pays manquent de deal flow”, analysait ce document réalisé par Energy Generation, en partenariat avec le programme Make-IT in Africa de la GIZ et Briter Bridges.
L’étude estimait à seulement 5,9 millions $, les fonds levés entre 2015 et 2022 par les start-up togolaises, hors dette et M Auto. La plupart de ces fonds ont été captés par Gozem qui est dans la mobilité urbaine.
Fiacre E. Kakpo
L’entreprise togolaise KingCafé, spécialisée dans la transformation industrielle du café et du cacao, a conclu en décembre 2022 dernier, deux accords de partenariat technique avec les sociétés italiennes Morola et Veronesi, intervenant dans le secteur.
Avec la première structure italienne, KingCafé va bénéficier d’un partage de brevet. Tandis qu’avec la seconde, elle sera appuyée dans la torréfaction et l’amélioration de la qualité de son café. A travers ces partenariats, l’entreprise va, précise son promoteur Paul Kpelly, fournir « un café qui répond aux standards internationaux ».
Également, le spécialiste de ce “café made in Togo” va désormais produire en grande quantité et à moindre coût, des cafetières de nouvelle génération en Afrique. « Grâce à ces deux signatures, nous procéderons à l’assemblage des pièces localement, et à la fabrication entière de ces cafetières au Togo », a déclaré Paul Kpelly.
Plus tôt en juin 2022, s’inscrivant en ligne droite avec la vision de croissance de sa société, notamment son plan d’expansion dans la zone Uemoa, en Afrique Centrale, en France et aux USA, Paul Kpelly, avait annoncé l’ouverture de son capital, via un projet de levée de fonds à hauteur de 900 millions FCFA.
Créée en 2018, l’entreprise revendique un chiffre d’affaires de 96 millions FCFA fin 2021, et ambitionne de porter son volume annuel de production, de 2,5 T à 150 voire 300 ou 1000 T.
Esaïe Edoh
Au Togo, le gouvernement adopte un projet de loi pour renforcer l’innovation technologique et le numérique. Etudié en première lecture il y a quelques semaines (le mercredi 21 décembre 2022), "[l’] avant-projet de loi relatif au développement de l’écosystème d’innovation au Togo”, a été adopté hier mercredi 11 janvier 2023 par l’exécutif, réuni en conseil des ministres.
Vers un Label “Tech”
Le texte vise notamment à « promouvoir l’écosystème d’innovation au Togo, en instaurant un mécanisme de labellisation des start-ups et entreprises », dans le domaine de la Tech. Cette labellisation se fera, au regard de « critères objectifs », indique le gouvernement de Victoire Tomegah-Dogbe dans son communiqué. Ces critères seront basés notamment sur « la créativité, l’innovation, la création d’une forte valeur ajoutée, ainsi que le potentiel de croissance. », précise l’exécutif.
Ainsi, le texte, s’il est validé par l’Assemblée nationale, aura pour but de créer un environnement favorable à la « modernisation de l’économie togolaise », notamment à travers le développement des activités numériques du secteur public et du secteur privé, « au bénéfice des citoyens et des entreprises ».
Des incitatifs fiscaux et douaniers
Dans le détail, le projet de loi devrait entre autres mettre en place un régime fiscal et douanier incitatif, pour encourager l’adoption et le développement du numérique. On comptera également des « mesures favorables à l’émergence des startups technologiques de droit togolais », dont le détail n’est pas encore connu.
Du reste, si pour l’heure le Togo a encore peu de champions dans le domaine de la tech et du numérique, le pays peut dénombrer plusieurs acteurs, notamment dans le secteur des technologies financières (la fintech), à l’instar de Semoa, qui offre d’ores et déjà des solutions de mobile-banking et de billetterie digitale au Togo et à l'International, ou encore DizzitUp , récente finaliste de l'Ecobank Fintech Challenge.
Ayi Renaud Dossavi
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Au Togo, l’application “DuSa”, conçue spécialement pour la vente et l’achat des produits « Made in Togo », ainsi que des mets locaux, a été lancée vendredi 16 décembre 2022 à Lomé.
Développée par Dodji Tchalla, elle permet de rechercher des points de vente des produits locaux. Elle offre également aux clients un cadre d’interaction avec les promoteurs de produits et des informations telles que les prix et la disponibilité des articles.
« DuSa vient répondre à la question de la mise à disposition des produits locaux. L’objectif est de permettre aux consommateurs de commander les produits que proposent des Togolais sans se déplacer », a déclaré le développeur de l’application qui ambitionne de rendre visibles et accessibles les produits « Made in Togo », en cohérence avec les priorités des autorités togolaises.
Selon l’initiateur, plus de 1.000 produits locaux ont été déjà recensés sur tout le territoire et sont vendus via l’application qui propose par ailleurs à ses utilisateurs, des conseils en nutrition.
Esaïe Edoh
Créée depuis 2017 par le jeune togolais Romuald Sewanou, Romua se veut une marque panafricaine spécialisée dans la fabrication des équipements sportifs 100% made in Togo. Petit à petit, l’entreprise se positionne dans un secteur où les multinationales règnent en maîtres… absolus.
Dimanche 11 septembre 2022, c’est la grande finale du 228 Dream soccer, un tournoi U15 de seize équipes. Si pour beaucoup, ce tournoi est une compétition comme les autres, pour Romuald Sewanou, c’est un rêve qui devient une réalité. Le nom donné à l'événement est révélateur. Ce tournoi, il l’a rêvé depuis plusieurs années. Derrière les équipements et les trophées offerts aux vainqueurs de cette compétition se cache un jeune togolais de 26 ans.
A l’heure où se déroule la Coupe du monde de football au Qatar, Romuald Sewanou voit les choses avec un regard d’équipementier sportif.
De la passion sportive au business
Pour Romuald, entreprendre dans ce domaine n’est pas fortuit. Poussé par la passion du sport, celui qui voulait devenir footballeur professionnel opte finalement pour le business sportif. Également amoureux de la communication, il sera boosté par son cours de marketing et publicité, notamment par les cas Adidas et Nike. Il décide de créer une marque togolaise pour valoriser le génie créateur togolais. « Je me suis rendu compte que faire du business sportif, c'était comme un jeu. Je suis en fait dans mon domaine privilégié : la communication, le marketing, la publicité et le sport, bref tout va de pair. Je me suis dit que je ne serai pas athlète sur un terrain de football ou de basketball, mais je serai très ravi de voir mouiller mes maillots sur ces terrains de jeu », indique Romuald Sewanou.
Romua propose plusieurs types de produits fabriqués au Togo, notamment des maillots de différentes gammes, des joggings, des survêtements, des casquettes…
Valoriser la culture africaine
L’objectif de la marque est de valoriser la culture africaine sous toutes ses formes et dans toute sa diversité autour du sport. Depuis sa création, l’équipe a travaillé sur plusieurs collections dont « Patriote » designer avec les couleurs du drapeau togolais pour promouvoir les potentialités du pays et la consommation locale et « Fuchsia X » dédiée à « Octobre rose », afin de sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein.
Freinée dans son élan par la Covid-19, l’entreprise a diversifié ses offres de service. « Avec cette pandémie, notre machine s’est arrêtée. Puisqu’il n’y avait plus d’événements sportifs, il n’y avait plus de marchés. Il fallait qu’on réfléchisse pour créer d’autres sources de revenus », explique-t-il. En dehors de la production de maillots, Romua propose aussi des services de sérigraphie et d’impression sur tout support de communication.
L’entreprise personnelle compte dans son portefeuille, plusieurs clients parmi lesquels Canal+. Depuis 2017, la marque a produit plus de 1000 vêtements sportifs pour plusieurs clients dans différents pays : Togo, Bénin, Allemagne, France, Etats-Unis…
Même si un maillot complet coûte 12 000 FCFA chez Romua, sur le terrain, l’entreprise fait face à une concurrence très rude. En effet, de grandes marques proposeraient des prix plus abordables mais pour des équipements de qualité approximative, à en croire le jeune entrepreneur.
Ceci n’arrête pas tout de même le jeune entrepreneur qui se projette déjà dans l’avenir. « Je vois Romua dans les grandes messes sportives, c’est ce qui fera ma fierté. Aujourd’hui, je suis déjà content de ce que nous faisons en termes de production d’équipements sportifs par rapport à la qualité, à la finesse et à la créativité que nous proposons. Nos produits n’ont rien à envier à ce que proposent les grandes marques », estime-t-il.
Diplômé en communication
Titulaire d’une licence en communication et relations publiques, diplôme qu’il a obtenu en 2018, Romuald Sewanou est également graphiste designer à ses heures perdues. Avant de décrocher son diplôme, l’autodidacte a lancé un an plus tôt, sa marque de vêtements sportifs avec le peu de moyens dont il disposait. Au départ avec une petite équipe de production, il va plus tard s'associer à un confectionneur local externe pour accélérer la productivité de son entreprise.
Les produits de Romua sont confectionnés de bout en bout au Togo par des Togolais. L’ambition de Romuald Sewanou est d’implanter dans les prochaines années une grande industrie de fabrication et de production d’équipements sportifs, avec des machines industrielles adéquates et d’habiller un jour l’équipe nationale de foot.
La rédaction