Bénéfice record, activité en baisse, comment les actionnaires d’Ecobank se serrent la ceinture

Banque
mardi, 14 avril 2020 09:16
Bénéfice record, activité en baisse, comment les actionnaires d’Ecobank se serrent la ceinture

(Togo First) - Alors qu’il vient d’annoncer un résultat record pour la deuxième année consécutive, Ecobank Transnational Incorporated (ETI) ne versera pas de dividende au titre de l’exercice 2019. Un événement devenu presque ordinaire pour ses actionnaires. L’annulation de l’Assemblée Générale du 2 avril dernier, pour raisons sanitaires, a sans doute détendu l’atmosphère. Mais la tension et la pression demeurent palpables, à l’aune des résultats satisfaisants ou presque, du groupe.

Nouveau résultat record, politique de distribution figée

Pour la quatrième année consécutive, les actionnaires du groupe basé à Lomé ne percevront pas de dividende. Le signal envoyé par le top management d’Ecobank, sonne comme un appel à la patience, alors qu’ETI, pour justifier le statu quo, continue d’évoquer des « facteurs tels que les nouvelles exigences de fonds propres réglementaires auxquelles le Groupe est soumis, et la nécessité de constituer un coussin de liquidités pour la holding ». Sevrés de cash, les investisseurs continuent de s’appauvrir, en particulier ceux ayant des visées à court terme.  Le résultat net par action a encore régressé, cette fois, de 5 points, fin décembre.

Bien qu’en 2019, Ecobank a enregistré un résultat avant impôt atteignant les 405 millions $, un nouveau record, la Banque est encore loin de son objectif de 1 milliard de bénéfices à l’horizon 2021. Certes, les fonds propres se sont dopé, passant de 1,7 milliard à environ 1,9 milliard $, soit au total une augmentation de 9%, et le rendement de 16,5%, est « tangible ». Mais ETI qui renonce à retourner l’ascenseur à ses actionnaires, dit vouloir jouer la carte de la prudence avec sa trésorerie, qui pourtant, s’est à nouveau amélioré de 19 points de pourcentage, à 2,5 milliards $.

Recul constant de l’activité

La pondération de la Banque vis-à-vis de ses actionnaires pourrait aussi être motivée par la baisse constante de l’activité. Alors que son résultat a semblé prendre la trajectoire haussière, les comptes du groupe panafricain montrent une contraction de l’activité bancaire, pour la deuxième année d’affilées, malgré une stabilisation apparente des crédits accordés à l’économie et des dépôts en progression.

En 2019, les filiales d’Ecobank ont prêté environ 9,3 milliards $ à la clientèle, soit plus de 200 millions $ de plus que l’année précédente.  Les dépôts ont connu une trajectoire haussière, passant de 15,9 milliards à 16,2 milliards.

Paradoxalement, le Produit Net Bancaire (PNB) a baissé de 11% à 1,6 milliard $, son plus bas niveau depuis sept ans. Cette situation morose est consécutive aux mauvaises performances des activités d’intermédiaire et des commissions. Les activités d’intermédiaire ont connu un coup de rhume, passant de plus de 929 millions $ à 749 millions, soit une baisse d’un peu plus de 19%. Du côté des commissions, Ecobank ne s’en sort pas si bien. Par rapport à l’année 2018, où le groupe a semblé remonter les pentes, les revenus de commissions ont légèrement baissé, ceux de trading qui avaient performé un an plus tôt, étant restés presque stables.

Une gestion prudente limite la casse

La Banque a réussi à contenir ses coûts fixes et diminuer son exposition aux créances en souffrance. Une précision qu’Ade Ayeyemi, le CEO d’Ecobank n’hésite d’ailleurs pas à vanter.

« La mise en œuvre d'une stratégie de redressement agressive sur les prêts non-performants donne également des résultats positifs avec des recouvrements nettement plus élevés en 2019 », a déclaré l’ancien de Citibank, le groupe bancaire ayant offert le plus de DG à Ecobank dans son histoire.

Concrètement, le résultat d’exploitation d’ETI en hausse de 15% fin 2019 est surtout porté par des provisions sur créances douteuses qui ont baissé près de trois fois. Presque la même tendance est observée dans les provisions sur les actifs financiers, une situation exceptionnelle. Mais Ecobank pourrait renouer avec ses vieux démons en 2020, en grande partie à cause de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus (Covid-19).

« Nous avions fait des prévisions pour 2020. Cependant, l'année est devenue extraordinaire et inhabituelle. La pandémie de coronavirus a actuellement un impact social, économique et financier important sur toutes les entreprises et personnes dans le monde », tempère le DG.

Fiacre E. Kakpo

Pour nous contacter: c o n t a c t [@] t o g o f i r s t . c o m

Please publish modules in offcanvas position.