Les impacts économiques du Covid-19 pour le Togo et ses voisins de l'Uemoa (Etude)

Gouvernance économique
mercredi, 08 avril 2020 15:55
Les impacts économiques du Covid-19 pour le Togo et ses voisins de l'Uemoa (Etude)

(Togo First) - Si les projections de départ donnaient des perspectives plutôt optimistes pour 2020, le changement brutal dans la conjoncture mondiale et sous-régionale, lié à la pandémie du coronavirus, va notamment forcer les pays d’Afrique de l’Ouest à revoir à la baisse leurs objectifs de croissance. C’est le cas de le dire.

Dans ce sens, une récente étude de Bloomfield Investment estime que la croissance des pays de l’espace Uemoa pourrait se contracter de moitié. Pour une Union qui rassemble le Togo, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, le Niger, et la Guinée Bissau.

Au Togo, le ministre Sani Yaya, le patron des finances, concédait récemment : « L’activité est ralentie, et le taux de croissance économique va certainement être impacté. », en confirmant notamment un ralentissement « de l’ordre de la moitié pour l’instant ».

Alors que le pays tablait sur environ 5,3 % de croissance pour 2020 ; actuellement, cette prévision « tournerait autour de 2,1 à 2,5% », selon le ministre. De quoi infléchir le mouvement haussier de l’économie du pays, amorcé depuis 2017.

L’impact dans l’Uemoa

La pandémie devrait affecter le Togo et les pays de l’Union sur quatre axes principaux, selon Bloomfield : Le commerce international, les transferts des migrants, l’activité économique nationale et les finances publiques.

« Les principaux pays de la zone exportent principalement les matières premières. », avec pour principaux « l'Europe (44,1%), suivie de l'Afrique (21,6%), de l'Asie (20,5%) et de l'Amérique (7,9%) ».  La chute de la demande va donc se faire sentir, l’un dans l’autre.

Coton : Le Togo un peu moins exposé que ses voisins

Alors que le Bénin est le pays de l’Uemoa le plus exposé à la chute brutale des cours du coton « avec les produits du coton représentant 56,9% des exportations totales de biens en 2018 », le Togo devrait être impacté « dans une moindre mesure », car la fibre présente son second produit d’exportation, avec 10% de l’export en 2018.

On se souviendra que le pays s’est tout de même donné pour objectif d’atteindre 200 000 tonnes d’or blanc, à l’horizon 2022.

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Baisse des transferts monétaires de la Diaspora 

« Les flux des transferts des migrants en direction de la zone UEMOA devraient baisser », note Bloomfield, ce qui pourrait constituer « un canal indirect à travers lequel les pays de la zone seront impactés par les conséquences économiques du Covid-19 en raison de leur importance. » 

Ces importantes rentrées de fonds, en hausse soutenue depuis quelques années, devraient ainsi connaitre un repli significatif, notamment au Togo.

A ce titre, il faut souligner que ces flux représentent pour le pays 7,7% de son PIB en 2018 (contre 10% pour le Sénégal, ou encore 5,5% au Mali).

Par ailleurs, pour l’ensemble de l’Uemoa, le Togo a capté 9,4% en moyenne des fonds en provenance de l’Union européenne (actuellement au bord de la récession), sur la période 2007-2017. Ce qui fait plus que la Cote d’Ivoire, qui en a récolté 6,6%, mais tout de même moins que le Mali (19,7%) et le Sénégal (avec un faramineux 47,6%).

Effet ciseau : Le Poids de la Dette face à la baisse des recettes publiques

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Avec le ralentissement économique, viendra mécaniquement une baisse des recettes budgétaires (fiscales et douanières), alors que dans le même temps le poids de la dette se fera ressentir.

Dans cette perspective, le Togo fait partie des plus exposés à cette pression, selon l’étude, avec 65% de ses ressources publiques hors dons consacrées au service de la Dette (estimations FMI). Les deux autres pays les plus exposés dans l’Union, renseigne Bloomfield, sont le Burkina Faso (42,9%) et le Bénin (46,2%).

Il faut cependant rappeler, face à cet important défi budgétaire, que les deux institutions de Bretton Woods (le tandem Banque mondiale et FMI), ont officiellement demandé aux créanciers bilatéraux officiels de suspendre les paiements de la dette pour les pays fragiles.

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