Togo : S&P prévoit une reprise en forme de U à partir du 2e semestre

Gouvernance économique
lundi, 27 avril 2020 11:09
Togo : S&P prévoit une reprise en forme de U à partir du 2e semestre

« Les effets négatifs importants de la pandémie du COVID-19 auront de fortes répercussions sur l'économie et les finances publiques en 2020. Néanmoins, les solides performances économiques du pays et l'assainissement budgétaire des dernières années devraient contribuer à une reprise économique rapide dès l'année prochaine ». C’est le clair-obscur livré vendredi 24 avril par Standard & Poor’s, dans une nouvelle mise à jour de son évaluation sur le profil de crédit du Togo.

L’agence de notation maintient ses notations à B/B avec des perspectives stables, et écarte, à demi-teinte, le scénario catastrophe. L’économie togolaise, fortement dépendante de la conjoncture internationale, pourrait vite retrouver de l’allant.

BASE

Reprise et incertitudes

Alors que les dépenses de consommation et d’investissements ont pris un coup de rhume, S&P voit se profiler à l’horizon une reprise en forme de U de l'activité économique à partir du second semestre 2020, bien qu’elle restera faible en début de période. Comme le FMI, l’agence de notation table sur une chute de la croissance à 1% sur toute l’année, mais nuance.  

Avec le Fonds, le refrain est le même. Face au covid-19 dont plusieurs paramètres restent encore inconnus, un vent d’incertitude plane sur les pays, en particulier ceux dont l’économie repose sur l’informel. Difficile de capter l’impact d’un arrêt qu’il soit partiel, ou total dans ce secteur de l’économie, disent les experts. « Nos projections économiques sont toutefois incertaines, car elles dépendent de la façon dont la pandémie évolue. L'importante économie informelle, non prise en compte dans les données officielles, fait également que l'impact économique est particulièrement difficile à estimer. »

IMPACT

Même si la mobilisation financière internationale apportera une bouffée d’oxygène aux nouvelles dépenses inhérentes au Covid-19, et la perte des recettes fiscales, le déficit budgétaire devrait se creuser à 4% cette année, après que le pays a pris de sérieuses options d’assainissement des finances publiques, et semblait remonter la pente.

 « La stabilité des perspectives pour le Togo reflète notre point de vue selon lequel l'impact économique et budgétaire négatif de la pandémie de COVID-19 sera contenu sans que le crédit ne subisse de dommages durables et structurels », optimise S&P.

Et d’espérer : « une fois que l'impact du COVID-19 sera maîtrisé, nous nous attendons à ce que les autorités poursuivent de nouvelles réformes économiques et budgétaires structurelles, conduisant à une amélioration de performance ».

 

Le risque socio-politique

S’appuyant sur des faits récents (mi-2017) et le climat régional, S&P qui fut la première à donner une note de crédit au Togo, ajoute à cette lourde facture d’incertitudes les risques socio-politiques et sécuritaires à court et moyen termes. Un tel flou, s’il se précise, « pourraient décourager les investisseurs privés et rendre les flux d'investissements étrangers plus incertains », alors que le PND dont 65% du financement repose sur le secteur privé, est presque aux arrêts. Alors qu’il était prévu pour connaître sa vitesse de croisière après l’élection présidentielle, le PND doit attendre encore la fin de l’orage. Un coup dur pour le gouvernement qui s’attendait pourtant à un afflux d’investisseurs dès le deuxième trimestre 2020, en ligne avec la dynamique de fin 2019. Rendez-vous raté.

Toutefois, les rédacteurs du rapport pensent qu’avec les performances du Togo dans les deux dernières livraisons du Doing Business, le train des investissements dans les activités orientées vers les exportations (en l’occurrence le phosphate et le coton) et les infrastructures reprendront, dans le cadre du PND, une fois la pandémie contenue.

MONETAIRE

 

L’Uemoa, pilier pour le Togo

L’agence de notation financière est satisfaite de l’appartenance du Togo à l’Uemoa. Au milieu de ces secousses, l'UEMOA serait, selon les experts de S&P, un matelas de sécurité pour le Togo, affirme Standard and Poor’s. Un précieux pare-chocs du fait de son marché financier, resté à flot malgré les vents contraires, ses réserves solides, ainsi que la perspective que le pays pourrait retirer une partie de ses liquidités détenues à la BCEAO pour financer son déficit. Mais cette bouée pourrait également être sapée par une évolution défavorable des réserves de change de la zone, dans un contexte difficile où le déséquilibre entre les factures des importations et des exportations s’accentue.

Fiacre E. Kakpo

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