(Togo First) - Au Togo, le projet de construction d’une cité ministérielle a franchi une étape décisive, ouvrant prochainement la voie à la phase opérationnelle. Un accord a été signé le mercredi 17 décembre 2025 dans la capitale togolaise entre le gouvernement togolais et le Groupe PFO (Pierre Fakhoury Operator).
“La cérémonie qui nous réunit aujourd’hui marque une étape importante dans la réalisation du projet du parc immobilier administratif de Lomé, dénommé Cité ministérielle, et destiné à accompagner la modernisation de l’administration publique face à l’urbanisation croissante de notre capitale.”, a déclaré Georges Essowè Barcola, ministre togolais des Finances et du Budget, lors la cérémonie de signature des documents actant l’accord.
À rebours des procédures classiques d’attribution de marchés publics, le mécanisme adopté, mutuellement bénéfique pour les parties (L’Etat togolais, le groupe libano-ivoirien PFO et sa filiale Société de construction de la cité ministérielle (SOCOCIM), relève d’un Partenariat Public Privé (PPP) dénommé le bail à construction. « Le projet sera réalisé dans le cadre d’un bail à construction, un montage juridique par lequel l’État met à disposition le foncier tandis que le partenaire privé finance, construit et exploite les infrastructures avant leur rétrocession à la puissance publique à l’échéance du contrat. », confie une source.
Concrètement, l’Etat, suivant ce montage, met à disposition le terrain nu (espace mis à disposition à Bè-Klévé, dans la commune de Golfe 3), qui devra accueillir le parc immobilier administratif, mais en reste propriétaire. Néanmoins, il accorde au groupe PFO, le droit de l’utiliser aux fins convenues et sans perturbations, sur toute la durée du bail, qu’il s’engage à respecter.
Si en théorie, ce type d’accord peut être stipulé sur une période de 18 à 99 ans, il est pratique de ficeler sa durée sur 25 à 40 ans, ou 30 à 50 ans, apprend-on. Rien n’a néanmoins filtré précisément sur la durée du bail, convenue entre l’Etat togolais et le groupe PFO.
Partie à cet accord, le groupe PFO, avec sa filiale Société de construction de la cité ministérielle (SOCOCIM), finance le projet ou à tout le moins, mobilise le financement nécessaire pour la réalisation du projet, auprès notamment d’acteurs bancaires : la Société Générale, Ecobank, Banque Atlantique, Coris, NSIA et la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), qui a déjà annoncé l’approbation d’une enveloppe de 20 milliards FCFA.
Avec le financement mobilisé, PFO-SOCOCIM procédera à l’implantation d’un pôle exécutif conçu comme un ensemble administratif intégré à Lomé. Le complexe comprendra 18 bâtiments regroupés au sein d’une enceinte unifiée.
L’architecture repose sur une alternance équilibrée entre huit tours de hauteur variable et dix bâtiments bas. Les tours, de conception carrée et dotées d’un revêtement de façade homogène, sont déclinées par paire selon leur hauteur, le traitement des ouvertures et le couronnement architectural. La future cité ministérielle sera développée sur une superficie d’environ 90 000 m² de bureaux, mise à disposition par l’Etat. Le site sera complété par plus de 900 places de stationnement. À terme, l’infrastructure est appelée à accueillir plusieurs départements ministériels ainsi que plus de 4500 ants publics.

Les ouvrages ainsi conçus, devront être réalisés dans le respect du délai (36 mois) et selon les normes sur lesquelles les 2 parties se sont accordées, à partir de la pose de la première pierre, qui sera de toute évidence, une autre étape décisive. PFO–SOCOCIM devrait dans la même veine, assumer les risques techniques et financiers liés au projet.
Le bail à construction règle également un volet important, indissociable de l’accord : l’exploitation des ouvrages, une fois réalisés, conformément à leur destination contractuelle. PFO-SOCOCIM assurera l’exploitation de l’infrastructure sur la durée du bail, à charge pour lui d’en réaliser le transfert à l’Etat, en bon état, à la fin du bail.
Et, si en l’absence des stipulations exactes du contrat conclu par les deux parties, le groupe PFO-SOCOCIM est libre de choisir l’exploitation qu’il compte faire de l’ouvrage réalisé, la présomption que l’Etat soit le locataire de la cité ministérielle et de ses accessoires sur la durée considérée du bail, reste extrêmement forte.

Ce montage, au-delà de tout ce qu’il impose au groupe PFO-SOCOCIM en termes d’obligations, devrait être bénéfique pour ce dernier, aussi. Le témoignage le plus éloquent de cette assertion émane de la déclaration de Clyde Fakhoury, administrateur de la société, à l’issue de la cérémonie de signature présidée par le ministre de l’Économie et des Finances, Georges Essowè Barcola : « Ce projet symbolise la capacité de l’État togolais, de ses partenaires financiers et du secteur privé à concevoir, structurer et concrétiser ensemble des projets d’envergure, utiles et durables », a-t-il indiqué. Par ailleurs, le projet devrait créer plus de 1000 emplois directs et indirects.
Les avantages du recours au bail à construction pour l’Etat togolais
Le recours au bail à construction devrait permettre à l’État de réaliser des infrastructures stratégiques sans mobiliser immédiatement de ressources budgétaires, tout en conservant la propriété du foncier et en récupérant les ouvrages à l’issue du contrat.
Sur le terrain budgétaire, ce mécanisme allège les efforts de l’Etat, dans un contexte de tensions sur les finances publiques, car à l’opposé des procédures classiques de la commande publique, l’Etat ici n’avance pas le coût de la construction ni d’avance de démarrage. L’investissement est supporté par PFO-SOCOCIM tandis que la dépense publique est étalée dans le temps (loyers ou paiements contractuels).
Il permettra du reste, d’accélérer la réalisation des infrastructures; le privé ayant intérêt à livrer rapidement l’ouvrage pour en commencer l’exploitation. Il en résultera en général, une contraction des délais liés aux procédures budgétaires classiques et donc, une meilleure maîtrise du calendrier d’exécution.
S.A et Esaïe Edoh
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