Enyo Amouzou, la togolaise qui veut conquérir l’Afrique avec des amuse-bouches

Gouvernance économique
mercredi, 27 octobre 2021 15:38
Enyo Amouzou, la togolaise qui veut conquérir l’Afrique avec des amuse-bouches

(Togo First) - Diplômée de l’Université de Lomé en technologie agro-alimentaire et lauréate en business entrepreneurship du centre Yali de Dakar, Enyo Amouzou est l’un des visages de l’entrepreneuriat porté par la jeunesse togolaise. La jeune patronne est la promotrice de Tchom Factory, une entreprise qui produit et commercialise des biscuits inspirés de recettes d’amuse-bouches traditionnelles.  

Celle initiative, Enyo la tient de sa jeunesse et des expériences commerciales acquises pendant les grandes vacances où elle vendait, à l’instar de nombre d’autres jeunes de sa génération, de l’atchomo, un amuse-bouche local dont la recette lui a été apprise par sa mère. 

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Crédit Photo : Togo First

L’activité, génératrice de revenus, lui permettra par la suite de soutenir ses études universitaires. 

Le déclic Yali 

Mais le catalyseur de l’aventure entrepreneuriale de la jeune dame sera un passage dans la capitale sénégalaise. “C’est surtout après le cursus du Business Entrepreneurship suivi au Yali-Dakar (Young african leadership initiative, ndlr) que je me suis décidée à standardiser le produit en travaillant sur le goût et le packaging, pour le positionner dans la gamme des biscuits africains”, explique-t-elle.

La start-up, lancée en 2017, connaît les inévitables difficultés au démarrage, mais tient bon, soutenue par diverses structures d’accompagnement à l'entrepreneuriat innovant. L’autre coup de pouce lui vient des divers concours de projets dotés de financement, dont elle occupe souvent le podium.

Progressivement “assis”, Enyo et ses collaborateurs construisent leur process de production, affinent le modèle économique, et se lancent à la conquête d’un marché encore réticent.

Au début, nous avions commencé avec les administrations publiques et privées. Nous allions dans les bureaux avec des produits à 500 FCFA l’unité (moins d’un euro, ndlr). Le prix faisait grincer et les produits avaient du mal à s’écouler. Nous avons donc effectué une étude de marché qui nous a permis de nous repositionner sur les boutiques d’alimentation générale qui foisonnent dans les quartiers. Ces points de commerce ont quotidiennement une forte affluence. Nous avons donc travaillé sur le prix, et ramené notre produit phare à 100 FCFA l’unité. La demande a explosé et nous avons dû prendre des crédits pour accroître les capacités de production”, raconte-t-elle.

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La production, justement, reprend les bonnes vieilles recettes, avec une touche de modernité : traitement des matières premières, mélange des ingrédients, découpage de la pâte en morceaux de diverses formes, friture, séchage, conditionnement puis empaquetage. 

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Le tout, en mode manuel

Le tout, en mode manuel, avec à la manœuvre, une quinzaine de personnes, toutes des femmes. Un fait que justifie Enyo : “nous privilégions à l’embauche, les femmes et particulièrement les mères célibataires. C’est aussi une question de RSE pour moi qui ai été élevée par une mère célibataire”.

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“Une question de RSE…”

Du management à la production, ‘Tchom’ emploie au total 24 personnes. Près de 4.000 sachets de biscuits et de chips sortent chaque jour ouvrable de la fabrique, pour une production mensuelle d’environ 80 000 pièces.

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Chips Chom

La distribution, elle, est confiée à des “acteurs bien installés dans les grandes villes” du pays. “Aujourd'hui, vous pouvez trouver nos produits dans plus de 2000 boutiques sur toute l’étendue du territoire”, indique la jeune entrepreneure, qui révèle avoir “des partenaires-distributeurs au Burkina et au Niger” et être en discussions “au Sénégal et au Mali”.

Des défis et des perspectives 

Si aujourd’hui, “la demande reste forte”, grâce notamment à une communication subtile, distillée sur “les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille”, et une politique axée sur la consommation locale, “un créneau plus ou moins exclusif pour (se) défaire de (la) concurrence (portée par les biscuits importés)”, la satisfaction des distributeurs reste désormais “le plus gros défi” pour la jeune capitaine d’agro-industrie. 

Selon la cheffe d’entreprise, cela passera par l’automatisation de la production. “Il nous faut acquérir plusieurs machines, que ce soit des découpeuses ou des emballeuses automatiques”, assure-t-elle. Pour y parvenir, et accessoirement continuer de valoriser le ‘made in Togo’, des contacts ont été établis avec d’autres start-up locales, pour leur conception. Il est en outre envisagé, une ouverture de capital “à de nouveaux actionnaires”.

Pour le reste, ‘Tchom Factory’ et sa patronne ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin et visent le marché régional. Dans leur ligne de mire notamment, le Bénin, le Sénégal, le Ghana ou encore le géant nigérian. En attendant, les biscuits de Enyo poursuivent leur conquête du Togo. 

Klétus Situ et Octave Bruce 

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