Le Port de Lomé, dans la cour des grands

Logistique
vendredi, 18 novembre 2022 06:37
Le Port de Lomé, dans la cour des grands

(Togo First) - Les espoirs placés dans le Port de Lomé pour porter les pavillons togolais dans la bataille sous-régionale qui s'annonçait au début des années 2010, semblent avoir porté leurs fruits. A coup d’investissements et de réformes, le port a pris son envol et tutoie désormais les sommets africains, et même ce qui se fait de mieux à l’échelle mondiale sur le trafic conteneur. Alors que l’écart se creuse avec les autres ports voisins, la bataille est loin de connaître son épilogue et Lomé doit se réinventer pour prendre le large. Dans cette offensive, le joyau togolais a encore une carte en main.

Seul port en eau profonde

Le Togo dispose du seul port en eau profonde de la côte ouest-africaine pouvant accueillir des navires à fort tirant d'eau, avec une profondeur de 16,6 mètres. Principal poumon de l’économie du pays, le Port Autonome de Lomé (PAL) a la capacité d’accueillir des navires de 3ème génération. Inauguré en avril 1968, il n’a cessé de grandir et de s’agrandir, enregistrant d'excellentes performances depuis la construction de son deuxième terminal à conteneurs. Lancé en 2013, le terminal à conteneurs opéré par Lomé Container Terminal (LCT), filiale de l’armateur MSC, a changé le visage de la plateforme portuaire togolaise. L’armateur italo-suisse a d’ailleurs fait de Lomé son hub régional, accostant chaque mois plusieurs de ses grands navires pour caboter vers les autres pays de la sous-région. 

Dans le très select Top 100 de Lloyd’s List

Selon l’édition 2022 de la Lloyd’s List, qui retrace les performances annuelles des ports pour le trafic conteneur dans le monde, le port de Lomé se positionne à la 96ème place du Top 100 des ports mondiaux. Il gagne deux places d’une année à l’autre, après une nouvelle progression à deux chiffres de son trafic. 

En effet, le volume de conteneurs traités en 2021, selon la revue britannique, est passé à 1,9 million d'EVP, correspondant à une hausse de 13,7 % par rapport à 2020.  Au plan sous-régional, le port loméen reste le leader alors qu’il occupe le 4è rang à l’échelle continentale.

Les chiffres d’affaires en hausse

De 2017 à 2021, le chiffre d’affaires du Port autonome de Lomé, l’entité parapublique qui gère le Port, est passé de 26 milliards FCFA à 35 milliards FCFA, ce qui reflète une tendance haussière de 34% en 5 ans, selon les chiffres communiqués par les autorités portuaires.

Les recettes en effet sont passées de 26 milliards FCFA en 2017 à 29 milliards FCFA en 2018, et de 30 milliards FCFA en 2019 à 31 milliards en 2020, soit une légère progression de 3%. 

L’augmentation du chiffre d'affaires se justifie par la croissance du trafic, enregistrée sur la même période. La progression est de 52% entre 2020 et 2021, soit 19 millions de tonnes de marchandises en 2020 contre 29 millions de tonnes en 2021 qui ont transité par le Port de Lomé. Le transbordement a connu également une augmentation de 18 % entre 2020 (1.342.546 conteneurs) et 2021 (1.585.101 conteneurs).

Un succès à coup de réformes et d’investissements

Le succès du modèle portuaire togolais de ces dernières décennies tire ses sources dans les réformes qui ont été conduites pour améliorer les coûts et alléger les procédures dans l’enceinte portuaire. Se positionnant comme une porte d’entrée naturelle en Afrique de l’Ouest, Lomé s’est lancé dans une série de chantiers, incluant réformes et investissements. Le plus important de ces investissements est sans doute, la construction du deuxième terminal à conteneurs par Terminal Investment Limited (TIL), le bras de MSC qui investit dans les terminaux portuaires. Le financement de ce terminal a mobilisé des institutions financières de renom telles que l’IFC et Proparco. 

Lomé Container Terminal (LCT) qui est l’opérateur né de cette concession de 35 ans signée avec le gouvernement du Togo, appartient à 100%, au groupe TIL. D’une capacité de 2,2 millions EVP (équivalent vingt pieds), le terminal est principalement dédié aux opérations de transbordement pour le compte du transporteur maritime MSC. Un coût global estimé à 352 M€, financé pour 28 % par des fonds propres et pour 72 % par de la dette senior.

Les projets d’avenir

Le port de Lomé ambitionne de doubler sur les 10 prochaines années, sa capacité actuelle notamment grâce au projet d’extension porté par LCT, filiale de l’armateur italo-suisse MSC (Mediterranean Shipping Company), à travers son véhicule dédié aux plateformes logistiques, TIL. 

Selon Ammar Kanaan, Ceo de MSC dans une interview de 2020, l’Italo-Suisse devrait investir 500 millions € pour doper la plateforme logistique sur les 10 prochaines années. Un premier plan d’investissement de 50 millions d’euros (32,79 milliards FCFA) dans l’extension du terminal est déjà en exécution. Les fonds vont entre autres, à l'extension de l'infrastructure, et à l’acquisition de matériels comme les grues et les camions. Le terminal devrait notamment se doter d’un espace de stockage sur une superficie de 5 ou 6 hectares servant à augmenter la capacité de stockage de conteneurs et la productivité du terminal, en prévision d’une croissance des conteneurs manutentionnés au Port autonome de Lomé.  

Le port sec pour relayer le PAL

Depuis janvier 2022, le Togo dispose d’un Port sec installé sur la Plateforme industrielle d’Adetikopé (PIA). L'infrastructure s’étale sur 20 hectares, avec une capacité de 12 500 conteneurs.

Il servira notamment de relais pour les containers, en attendant leur convoyage vers les pays enclavés que dessert Lomé depuis son port.

Son lancement permet notamment de décongestionner le Port de Lomé, en servant de plateforme de manutention et de transbordement des marchandises en provenance ou à destination du port, au profit des pays de l’hinterland.

Le départ de Bolloré 

La reprise par MSC, déjà très actif à Lomé, des activités de Bolloré - qui opère l’autre terminal - opération en passe de devenir effective d’ici mars 2023, est un événement marquant dans l’histoire du port togolais.  Avec cette opération, MSC détiendra le monopole de l’activité de manutention. Même si les Aponte, propriétaires de l'armateur, rassurent que peu de choses devraient changer, l’idée du monopole inquiète beaucoup d’observateurs.

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