Edem Awoudi, de gérant de cyber-café à entrepreneur agricole

Agro
jeudi, 25 novembre 2021 16:53
Edem Awoudi, de gérant de cyber-café à entrepreneur agricole

(Togo First) - Délaisser bureau, logiciel de gestion et claviers d’ordinateur pour embrasser la terre, adopter les bottes d’agriculteurs, c’est le choix qu’a fait Edem Awoudi. Ce jeune entrepreneur togolais originaire du Zio (préfecture située à 40 km au Nord de Lomé), nanti d’un brevet de technicien supérieur en comptabilité et d’un certificat en maintenance de réseaux informatiques, est aujourd’hui à la tête d’une exploitation mêlant agriculture et élevage. 

Avant de se lancer à bras le corps dans l’entrepreneuriat, Edem gérait un cybercafé combiné à un atelier de maintenance informatique. Une activité qui, bien qu’elle soit en phase avec sa formation, ne lui permettait pas de gagner autant qu’il voudrait. Alors quand en 2016 il participe à une conférence sur l’entrepreneuriat et comprend qu’il pourrait gagner plus, se produit un déclic. “C’était devenu pour moi une évidence après avoir suivi un séminaire sur l'entrepreneuriat et analysé mes propres forces, faiblesses et potentialités”

S’investir dans l’agriculture, une autre grande évidence pour le jeune homme né à Gapé-centre, un village d’agriculteurs situé à 80 km au nord de Lomé, et qui, plus grand, s’est engagé au sein de l’association Eco bio. “L’association disposait d'une ferme de production de légumes bio et donc j'allais sur le site les dimanches pour apprendre.” Aussi, c’est tout jeune, quand il avait à peu près 12 ans, qu’il acquit les b.a.-ba de l’élevage. A l’époque, l’élevage d’une poule pondeuse lui avait été confié par son père. Même s’il avait reçu des instructions et recommandations de ce dernier, l’enfant qu’il était, aurait appris les bons et les mauvais gestes, ce qu’il faut faire ou ne pas, en autodidacte par le contact quotidien avec sa toute première tête d’élevage.

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Pour se lancer, il a investi ses économies issues d’une expérience en tant qu’opérateur de saisie. Il démarre petitement par une phase pilote. Sur une petite parcelle située dans la banlieue nord de Lomé, il produit du maïs, de l’arachide, du manioc et du sésame. A ces cultures, qu’il revendique biologiques, s’ajoute l’élevage de volaille et de petits ruminants. L’objectif à terme est de réaliser une exploitation à plus grande échelle sur un terrain de plusieurs hectares, situé pas très loin de sa localité de naissance et hérité de son grand-père maternel. 

“Mon projet s’articule autour de la production et commercialisation de légumes et céréales bio ainsi que de volailles et ruminants. Il répond en premier lieu au besoin de consommation des produits locaux et aussi au besoin de consommation thérapeutique vu que c’est du bio”, nous explique t-il, ajoutant tout sourire que le projet vient aussi augmenter la surface agricole consacrée au bio sur l’échelle nationale. 

Cependant, l'enthousiasme du jeune entrepreneur se heurte rapidement aux difficultés du terrain. Si l’élevage des poules a donné des résultats encourageants, puisqu’ayant débuté avec 11 têtes de poules, il en a aujourd’hui 24 pour la production avec des ventes de plus de 200 têtes. L’agriculture, soumise aux aléas climatiques, a en revanche beaucoup moins bien marché. En cause, le dérèglement saisonnier des pluies que subit le climat ouest-africain depuis quelques années déjà. “Le maïs, l’arachide, le sésame n’ont pas bien réussi, seul le manioc a résisté mais avec ces pluies répétées ces temps-ci, il risque d’y avoir des répercussions sur sa récolte si les intempéries persistent, avec pour effet de faire absorber beaucoup d’eau à la terre”, explique-t-il. 

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Au-delà de la production, Edem rencontre également les difficultés classiques que subissent les entrepreneurs de l’écosystème togolais. Entre difficultés de pénétration du marché, qui, en ce qui concerne le bio, sont rendues plus complexes par le caractère mensonger de certains produits estampillés “Bio” qui ont sapé la confiance des consommateurs et l’épineuse question de l’accès au financement. “La principale difficulté, c’est l’accès aux crédits bancaires qui reste très difficile, le taux d’intérêt proposé est souvent trop élevé, au-delà de 15%, et à cela, s’ajoute la défaillance de certaines structures d’accompagnement”, conclut l’agripreneur. 

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Pour lui, ces difficultés qui entravent l’entreprenariat agricole seraient beaucoup moins prégnantes pour les petits producteurs si le gouvernement et ses structures d’accompagnement se rendaient plus accessibles à ces derniers. Il pointe notamment du doigt, les processus et mécanismes d'assistance de ces structures qu'il juge trop complexes et inadaptés. 

En attendant d’éventuelles réformes de ces dispositifs, l’entrepreneur se tourne vers des structures privées d'accompagnement pour faciliter la croissance de son activité, espérant notamment gagner en financements et en capacité de production pour accroître sa présence sur le marché. “Dans la perspective d’accroître mes capacités de production pour pouvoir couvrir tout le marché national, j’ai sollicité un financement de 10 millions auprès d’une institution financière de la place par le biais de l’incubateur CUBE à travers son programme K-pital Race”, nous apprend-il. 

Concrètement, ces fonds devraient lui servir à réaliser un forage d’eau pour le maraîchage et payer les services d’un agronome-conseil spécialisé. Il prévoit également de s’équiper d’une couveuse et d’un système d'énergie solaire pour assurer l’autonomie énergétique de la ferme. 

Klétus Situ

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