Kekeli Efficient Power : retour sur le montage financier derrière la centrale

Energies
mercredi, 28 avril 2021 17:11
Kekeli Efficient Power : retour sur le montage financier derrière la centrale

(Togo First) - Le Togo vient d’inaugurer la Centrale Kekeli Efficient Power, une infrastructure énergétique de 65 MW de capacité, censée produire annuellement 532 GWh d'énergie pour alimenter plus de 250 000 foyers togolais, soit plus de 1,5 million de personnes. Cette unité électrique, qui devrait augmenter de 50 % la capacité de production électrique du pays, constitue une étape décisive vers l’autonomie énergétique, ont régulièrement affirmé les autorités togolaises. 

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Inauguration de la centrale Kekeli Efficient Power

Mais, à côté de l'infrastructure énergétique qui a réuni plusieurs acteurs publics comme privés, se tient toute une infrastructure financière, qui a permis de mobiliser les ressources et lancer la machine, après quelque trois ans de négociations multipartites. Retour sur un montage financier qui a accouché d'une centrale.

Genèse

Tout commence en 2018, a confié à Togo First Marc Ably-Bidamon, alors ministre en charge de l’Énergie.

Le pays, pour concrétiser son projet, lance un appel à concurrence pour un dialogue compétitif, adressé alors à plusieurs acteurs privés, notamment l’Allemand Siemens, Eranove, le Turc Aksa, l’Italien Ascot, et l’Américain ContourGlobal. Ce dernier, qui a développé et exploite déjà une centrale dans la zone portuaire togolaise, va vite décliner l’offre.

Après tractations, le Groupe Eranove va remporter l’appel d’offres pour la conception, le développement, l’exploitation et la maintenance de l'infrastructure, qui entendait alors compter sur un apport en GNL (Gaz naturel liquéfié) de la Guinée équatoriale. Une option qui va vite tourner court.

Lire aussi : (Mai 2018) Togo : le gouvernement va installer une seconde centrale thermique en GNL de 60 Mw à Lomé

Les travaux démarrent officiellement en juin 2019, à la veille du Forum économique Togo-UE. Engagée sur le projet, Eranove, filiale du Fonds Emerging Capital Partners (ECP) va mettre à contribution sa sœur Oragroup (également filiale d’ECP), ainsi que la Banque ouest africaine de développement (BOAD). Une participation d’autant plus facilitée que les deux institutions, la première étant une multinationale bancaire privée, et la seconde une institution multilatérale sous-régionale, sont toutes basées à Lomé.

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Signature de convention de concession de production d’électricité pour la centrale électrique de Kékéli Efficient Power.

Les deux entités vont notamment mobiliser d’autres établissements bancaires et financiers de la sous-région, comme Africa Finance Corporation (AFC), la Banque Atlantique Togo, la Banque Internationale pour l’Afrique au Togo (BIA Togo) et NSIA Banque Bénin, réunis au sein d'un pool d’acteurs sous-régionaux.

Dans la mobilisation de ces institutions financières, le Marocain Attijariwafa Bank jouera le rôle d’agent de crédit du financement, et GuarantCo, un fonds de garantie détenu par le Private Infrastructure Development Group (PIDG) leur fournira la garantie d’extension de liquidité à hauteur de 14,2 milliards FCFA (23,8 millions USD). Ce matelas financier devrait permettre aux banques commerciales d'accorder des prêts à Eranove, pour une durée de 14 ans, en vue de l’aider à faire face à ses besoins en fonds de roulement.

Participation locale et une armée d’avocats

En l’absence de réponse convaincante du secteur privé, l’État va s’appuyer sur des entités publiques et parapubliques, comme la CNSS, l’INAM et la CCIT pour créer Kiféma, un véhicule d’investissement géré par Togo Invest.

De son côté, le gouvernement togolais va faire appel au secteur privé national en ligne avec le PND, et en réponse à un premier besoin de participation, pour mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation du projet dont le coût initial est estimé à 65 milliards FCFA.

Cependant, en l’absence de réponse convaincante, l’État va se retrousser les manches, en s’appuyant sur des entités publiques et parapubliques, comme la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale, de plus en plus engagée sur divers projets de développement), le tout jeune Institut national d’assurance maladie (INAM) et la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo (CCIT). Ces derniers vont créer, en collaboration avec le holding d’État, Togo Invest, Kifema Capital, un véhicule d’investissement.

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Lire aussi : Kifema Capital, un outil de financement de Togo Invest pour booster le Plan National de Développement (PND)

L’ensemble de l’opération aura mobilisé entre temps de grands cabinets d’avocats, de part et d’autre, pour monter les dossiers et conseiller les différents partenaires.

Le coût du projet est alors revalorisé, finalement estimé à 85 milliards FCFA, dont 75% de dette, soit 67 milliards de FCFA sans garantie souveraine, majoritairement mobilisés à travers des institutions financières panafricaines, emmenées par la BOAD et Oragroup en tant que chefs de file.

Ainsi, l’industriel Eranove s’est fait épauler d’une part, par le cabinet Orrick, spécialisé notamment sur les questions relatives aux technologies, énergies et infrastructures, pour l’élaboration et la négociation de l’ensemble des contrats. D’autre part, elle se fera conseiller par le cabinet Martial Akakpo & Associés, basé à Lomé, en matière de droit togolais. Puis, on a le géant juridique britannique, Allen & Overy, qui est intervenu aux côtés des parties financières et de GuarantCo, dans la mise en place de la garantie.

Enfin, de son côté, l’Etat togolais a notamment eu recours aux conseils d’Héctor Farina, expert en Énergie et Partenariats Public-Privé.

Ainsi, quand Eranove boucle la mobilisation des fonds fin 2019, l’État est co-actionnaire, à travers Kifema capital à hauteur de 25%. A côté, un institutionnel comme la BOAD va injecter 25 milliards FCFA dans les travaux.

Le coût du projet est alors revalorisé, finalement estimé à 85 milliards FCFA, dont 75% de dette, soit 67 milliards de FCFA sans garantie souveraine, majoritairement mobilisés à travers des institutions financières panafricaines, emmenées par la BOAD et Oragroup en tant que chefs de file.

Lire aussi :  ( Novembre 2019) L’État, co-actionnaire de la Centrale Kékéli Efficient Power à travers une prise de participation de Kifema Capital

« La centrale de Kékéli Efficient Power est la parfaite traduction du modèle proposé par Eranove afin de répondre au défi de l’accès à l’électricité en Afrique : un partenariat public-privé robuste et équilibré sur une durée de 25 ans englobant l’État du Togo et des acteurs internationaux de renom comme le groupe allemand Siemens (fourniture des turbines) et l’Espagnol TSK (construction de la centrale) », dira Marc Albérola, Directeur Général du Groupe Eranove.

Ayi Renaud Dossavi

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