Togo First

Togo First

Le Togo prévoit de mobiliser 20 milliards FCFA sur le marché des titres publics de l’UMOA, le jeudi 5 mai prochain. Le Trésor public vient de lancer à cet effet une émission de Bons assimilables du Trésor (BAT). 

Selon les détails communiqués par Umoa-titres, les titres seront émis sur la maturité de 182 jours, avec 1000.000 FCFA comme nominal. Ils seront rémunérés à taux multiples.

Les fonds attendus viendront participer au financement budget national pour l’exercice 2025, qui s’équilibre à 2397 milliards FCFA en recettes et dépenses.

Rappelons que depuis le début de l’année, Lomé a mobilisé 209,5 milliards FCFA sur le marché régional, soit environ 63 % de son objectif annuel fixé à 332 milliards FCFA.

Esaïe Edoh

Après la Turquie, l’Égypte sera le pays invité d’honneur de la 4e édition du Festival International d’Histoire d’Aného (FIHA), prévue du 20 au 23 novembre 2025. L’annonce a été faite le samedi dernier à Aného par le comité d’organisation présidé par Alexis Aquereburu, maire de la commune des Lacs 1.

Le pays des pharaons sera représenté par une forte délégation qui présentera sa richesse culturelle, historique et artistique à ce rendez-vous devenu un carrefour de valorisation du patrimoine et de la coopération culturelle. La ville togolaise de Bassar est également attendue en tant que ville invitée d’honneur.

Placée sous le thème « Diversité », cette nouvelle édition entend, selon les organisateurs, poursuivre la tradition d’un festival qui conjugue sciences, arts, culture et économie. Le programme prévoit des colloques scientifiques, des conférences-débats, des panels, mais aussi des manifestations artistiques et festives : concerts, carnaval international, spectacles vivants et prestations locales.

Pour Florent Tiassou, commissaire général du FIHA, « la tradition sera respectée », avec un contenu à la fois intellectuel et populaire, en phase avec les ambitions du festival. Le choix de l’Égypte, berceau d’une civilisation plurimillénaire et symbole de diversité culturelle, ethnique et religieuse, s’inscrit dans cette dynamique, a-t-il indiqué.

D’après l’ambassadeur d’Égypte au Togo, Ahmed Mohamed Eid, son pays répondra à l’invitation avec la participation d’une délégation variée composée de troupes de danse, de chefs cuisiniers, d’entrepreneurs et de cinéastes. « L’Égypte sera chez elle à Aného. Les festivaliers découvriront nos danses, nos saveurs et nos films », a-t-il déclaré.

La ville de Bassar, quant à elle, a été choisie pour sa richesse culturelle et linguistique. Connue pour sa tradition de la forge, de la culture de l’igname et de la danse du feu, elle incarnera l’héritage vivant du Togo dans toute sa diversité.

Esaïe Edoh

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Au Togo, Mansoor Hamayun a été nommé conseiller auprès du Président du Conseil, Faure Gnassingbé. L’annonce a été faite ce vendredi 30 mai 2025 à travers un communiqué officiel émanant de la Présidence du conseil.

Fondateur et président de Minexx, une entreprise spécialisée dans la mise en place de chaînes d’approvisionnement durables et transparentes pour les minéraux critiques, le nouveau conseiller apportera son expertise au service des ambitions nationales en matière de développement durable, d’entrepreneuriat et de promotion des partenariats public-privé à l’échelle continentale.

Sa nomination s’appuie sur une trajectoire entrepreneuriale remarquable sur le continent africain. Avant Minexx, Mansoor Hamayun a en effet cofondé BBOXX, une entreprise qui a contribué à électrifier des zones rurales non desservies grâce à des solutions d’énergie renouvelable. A la tête de la super plateforme présente dans une douzaine de pays, il a notamment permis à des millions d’Africains d’avoir accès à l’électricité, impactant ainsi les activités économiques locales.

Reconnu pour sa structuration de partenariats innovants avec des gouvernements africains, en appui à des politiques inclusives, durables et centrées sur les besoins des populations, le nouveau conseiller a levé à ce jour plus de 200 millions de dollars de capitaux de développement, pour financer des projets d’envergure. Sa nomination devrait contribuer significativement à la mise en œuvre des initiatives phares du pays.

Esaïe Edoh

En 2023, la valeur des réexportations de produits pétroliers depuis le Togo, essentiellement depuis son port, a atteint 122,8 milliards FCFA, contre 74,6 milliards un an plus tôt. Selon les données conjointes de la BCEAO et de l’INSEED compilées par Togo First, il s’agit d’une hausse de 64,6 %.  

La performance est tirée en grande partie par une explosion des réexportations de gas-oil, passées de 3,6 milliards en 2022 à 54,4 milliards FCFA en 2023, soit une croissance de près de 1400 %.

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À l'inverse, le bitume et les huiles moteur ont connu des baisses notables. Le carburéacteur, longtemps dominant, affiche une légère progression de 0,8 %, atteignant 42,8 milliards FCFA, principalement dans le cadre de l’avitaillement maritime et aérien.

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En matière de débouchés, le Togo a notamment exporté vers l’Inde, la France, le Nigeria, le Ghana, l’Angola et le Gabon, selon les données de la banque centrale. Ces activités permettent notamment au pays d’être l’un des principaux partenaires commerciaux de plusieurs pays sous-régionaux ces dernières années, en particulier le Gabon.

Si la compétition s’intensifie avec les plateformes portuaires voisines, Lomé continue de capitaliser sur sa position géographique et ses principaux atouts (port en eau profonde et capacités modernes), pour maintenir son rang de plateforme logistique sous-régionale.

Ayi Renaud Dossavi

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Le Togo vient de mobiliser de nouvelles ressources pour sa politique de transformation agro-industrielle. Le pays a en effet signé, le mercredi 28 mai à Abidjan, deux accords de financement d’un montant cumulé de 38,9 millions USD (environ 22,4 milliards FCFA) avec la Banque africaine de développement (BAD).

Ce financement, conclu en marge des Assemblées annuelles de l’institution de développement panafricaine, est constitué d’un don de 29 millions USD du Fonds vert pour le climat et d’un prêt de 9,9 millions USD de la BAD. Ces ressources sont destinées à soutenir les Zones spéciales de transformation agro-industrielle (ZSTA), en finançant des infrastructures agricoles résilientes aux changements climatiques.

« Ce projet incarne la volonté du Togo de bâtir une agriculture durable, à haute valeur ajoutée, tout en renforçant la résilience des petits producteurs », a souligné Essowè Georges Barcola, ministre togolais de l’Économie, à l’issue de la signature d’accords.

Pour Nnenna Nwabufo, vice-présidente de la BAD, il s’agit du premier financement du Fonds vert orienté vers une ZSTA sur le continent. L’accent est mis sur l’agroforesterie, les technologies d’irrigation à faible émission de carbone, et les systèmes d’alerte précoce.

Le programme, annonce-t-on, couvrira environ 10 000 hectares.

Ayi Renaud Dossavi

Le gouvernement togolais vient de franchir une nouvelle étape dans sa coopération avec le Fonds monétaire international (FMI). Un accord technique, dit « au niveau des services », a été conclu entre les deux parties au terme de la deuxième revue du programme économique appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC). Cet accord, obtenu après plusieurs semaines de discussions à Lomé et à Washington, ouvre la voie à un nouveau décaissement de 58,4 millions de dollars (environ 44 millions de droits de tirage spéciaux), sous réserve de validation par le Conseil d’administration du FMI.

Des fondamentaux économiques jugés solides

Le FMI se montre globalement satisfait de la trajectoire économique du Togo. Le pays a enregistré une croissance estimée à 5,3 % en 2024, portée par la performance des secteurs agricole et des services. L’inflation, quant à elle, a fortement reculé, pour s’établir à 2,6 % en avril 2025, après un pic post-pandémique qui dépassait les 7 %.

Toutefois, un point de friction demeure : le non-respect du critère de performance budgétaire, déjà soulevé lors de la précédente mission. Selon le gouvernement togolais, la hausse imprévue des dépenses publiques – liées à la gestion des inondations et à la subvention d’engrais agricoles – a contribué à un creusement du déficit et à une accélération de l’endettement.

Réformes structurelles et engagement en matière de gouvernance

Malgré ce défi budgétaire, le FMI salue les progrès réalisés sur le plan des réformes structurelles. Lomé a renforcé l’évaluation des risques budgétaires dans le cadre du budget de l’État et procédé à la recapitalisation de la dernière banque publique, qui répond désormais aux normes du régulateur bancaire de l’UEMOA.

Sur le volet gouvernance, plusieurs engagements ont été pris : révision du cadre légal des marchés publics, obligation de publier les bénéficiaires effectifs des contrats publics, et lancement d’un diagnostic de gouvernance en partenariat avec le FMI, dont les résultats seront rendus publics. Selon le FMI, le processus est enclenché. 

Pour rappel, le programme FEC, d’un montant total de 390 millions de dollars sur trois ans, vise à restaurer la viabilité de la dette et à renforcer les capacités de l’État à soutenir une croissance inclusive. Prochaine étape : la troisième revue, prévue pour le second semestre 2025.

Fiacre E. Kakpo

 

La filière cotonnière togolaise a connu une nouvelle baisse de production au terme de la campagne 2024-2025. Selon les données dévoilées par la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT), à l'occasion de la rencontre nationale de bilan tenue à Kara le mercredi 28 mai 2025, la production s’est établie à 60 403 tonnes de coton graine.

Ce volume représente une baisse de 8,4 % par rapport à la prévision initiale de 66 000 tonnes, et une diminution de 9,8 % comparativement aux 67 000 tonnes obtenues lors de la campagne précédente. Pour les acteurs de la filière, cette situation est essentiellement liée aux aléas climatiques, notamment aux irrégularités pluviométriques observées dans les zones de production.

Malgré ce repli, les responsables de la NSCT et les producteurs estiment que ces chiffres traduisent « la résilience de la filière », dans un contexte encore marqué par de nombreux défis.

Cette baisse constitue néanmoins un nouveau revers pour le groupe singapourien Olam, qui contrôle la filière depuis 2020. Depuis cette reprise par le groupe agroalimentaire, la production nationale franchit difficilement le seuil des 60 000 tonnes, à l’exception de la campagne 2023-2024 où un rebond à 67 000 tonnes avait été observé.

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Face à cette tendance préoccupante, les producteurs réunis à Kara se sont collectivement engagés en faveur d’une relance de la filière. Ainsi, pour la campagne 2025-2026, l’objectif est ambitieux : emblaver 110 000 hectares de terres pour atteindre une production de 93 000 tonnes de coton graine.

Pour soutenir cette ambition, l’État a décidé de maintenir les prix incitatifs malgré un contexte économique tendu. Le prix d’achat du coton graine est reconduit à 300 FCFA le kilogramme. Les prix des engrais (NPKSB et Urée) sont également maintenus à 14 000 F CFA le sac, a indiqué la NSCT, précisant que « cette décision vise à soulager les producteurs face à la hausse généralisée des coûts des intrants sur le marché international ».

Esaïe Edoh 

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Les prochaines élections municipales au Togo, initialement fixées au 10 juillet 2025, sont reportées au jeudi 17 juillet. L’annonce a été faite ce jeudi 29 mai par le ministère chargé de l’administration territoriale, à travers un communiqué relayant un décret pris par le Président du Conseil.

Selon le ministère, ce réajustement du calendrier électoral fait suite à des sollicitations formulées par les acteurs politiques, notamment ceux de l’opposition, qui ont unanimement plaidé pour un léger décalage afin de garantir une meilleure préparation des différentes parties prenantes.

La prorogation concerne également la période de dépôt des candidatures. Ainsi, la date limite autrefois arrêtée au 29 mai est repoussée au dimanche 1er juin 2025 à minuit. Cette extension offre un délai supplémentaire aux potentiels candidats pour finaliser leurs dossiers et se conformer aux exigences administratives.

Le calendrier révisé impacte également l’organisation du vote par anticipation des forces de défense, de sécurité, des corps paramilitaires. Celles-ci seront appelées aux urnes le lundi 14 juillet, soit trois jours avant le reste de la population. Cette disposition vise à leur permettre d'assurer le maintien de l’ordre et la sécurisation du scrutin le jour J.

S’agissant de la campagne électorale, elle s’ouvrira officiellement le mardi 1er juillet à 00h00 pour prendre fin le mardi 15 juillet à 23h59. Cette période permettra aux partis politiques, listes indépendantes et candidats de présenter leurs projets aux électeurs sur l’ensemble du territoire national.

Dans un second communiqué publié le même jour, le ministère est également revenu sur la question du nombre de sièges à pourvoir lors de ce scrutin. Le total des conseillers municipaux, qui avait été porté à 1667 par un décret du 21 mai dernier, est ramené à son niveau initial de 1527, conformément aux dispositions légales de 2018. 

Notons que ces élections municipales constituent le deuxième scrutin local organisé au Togo depuis la réintroduction des communes en 2019, dans le cadre de la décentralisation. 

Esaïe Edoh

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Une trentaine d'entrepreneurs togolais et turcs se sont réunis, le mardi 27 mai dernier à Lomé, dans le cadre d’un Forum d’affaires Turquie–Togo. Cette rencontre, placée sous le sceau de la coopération bilatérale, a été organisée par le World Cooperation Industries Forum (WCI Forum), avec pour objectif de renforcer les échanges économiques entre les deux pays.

Les participants, issus de secteurs variés tels que l’agroalimentaire, l’électroménager, le BTP, l’agriculture, le textile, les matériaux industriels ou encore le cosmétique, ont échangé autour des opportunités d’investissement qu’offre le Togo, et exploré les pistes de partenariat dans un contexte de diversification économique.

Pour les organisateurs, ce forum ne se limite pas à un cadre d’échanges commerciaux. Il ambitionne de devenir une véritable plateforme stratégique entre décideurs économiques et politiques, en vue de stimuler les investissements directs étrangers (IDE) et de consolider les relations économiques entre Lomé et Ankara.

« Notre secteur privé dynamique, appuyé par une vision stratégique, est prêt à nouer des partenariats solides. Le Togo est un hub stratégique, avec une Zone franche compétitive et un climat des affaires en amélioration continue », a déclaré José Symenouh, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Togo (CCI-Togo), à l’ouverture de la rencontre.

Dans cette dynamique, la CCI-Togo a présenté les principaux atouts du pays à ses partenaires turcs. Parmi eux : le Port autonome de Lomé, seul port en eau profonde de la sous-région capable d'accueillir des navires de grande capacité, et l’écosystème financier dense du pays, porté par la présence d’institutions régionales majeures telles que la BOAD, la BIDC ou encore le groupe bancaire panafricain Ecobank.

Ce forum de Lomé fait suite à une première rencontre économique organisée à Aného en novembre 2024, qui avait déjà permis à des opérateurs des deux pays de nouer un premier contact. Ces initiatives s’inscrivent dans une volonté de structurer durablement les échanges commerciaux entre le Togo et la Turquie, indique-t-on.

Notons qu’en 2023 le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint près de 300 millions de dollars cette année, selon l’ambassadrice de Turquie près le Togo, Muteber Kılıç.

Esaïe Edoh 

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Pour faire face à des pressions croissantes sur ses filiales et consolider ses ratios de solvabilité, Ecobank lance une levée de fonds hybride de 250 millions de dollars, sans dilution immédiate mais avec des risques de dilution à terme pour son petit actionnariat. Et ceci alors que le groupe a décidé de ne pas distribuer ses plus de 400 millions $ de bénéfice record de 2024. 

Après avoir levé 400 millions de dollars en octobre 2024 via une émission d’eurobond à cinq ans, puis 125 millions supplémentaires en mai 2025, Ecobank poursuit le renforcement de sa structure financière avec une nouvelle opération, cette fois sous la forme de fonds propres hybrides.

Le 28 mai 2025, le Conseil d’administration d’Ecobank Transnational Incorporated (ETI), maison mère du groupe bancaire panafricain basé à Lomé, a obtenu le feu vert de ses actionnaires, réunis en Assemblée Générale Extraordinaire, pour procéder à une levée de fonds de 250 millions de dollars. Cette levée prendra la forme d’un instrument de capital Tier 1 (AT1).

Un coussin prudentiel à effet différé

Le groupe ne procède pas à une augmentation de capital classique via émission d’actions ordinaires, clarifie son top management. Il a choisi un instrument hybride qualifié en fonds propres réglementaires, dont la conversion en actions ne serait activée qu’en cas de dégradation significative des ratios de capital, et uniquement à l’initiative du régulateur. Une approche prudente, à la fois défensive et prospective, face à la montée des risques et au durcissement des exigences réglementaires, tant sur le continent qu’au niveau mondial, dans un contexte marqué par les récents soubresauts des marchés financiers.

Ce mécanisme vise à éviter une dilution immédiate pour les actionnaires actuels, tout en donnant de la souplesse financière au groupe.

« Le projet d’émission de capital permettra de renforcer efficacement la base des fonds propres de catégorie 1 de la banque, ce qui améliorera notre ratio de solvabilité et consolidera notre capacité à soutenir une croissance durable de notre bilan », a déclaré Papa Madiaw Ndiaye, président du Conseil d’administration.

« Ce n’est pas un capital ordinaire. Cet instrument hybride est qualifié en fonds propres Tier 1 et ne deviendra dilutif que si nous n’arrivons pas à maintenir nos ratios de capital », explique à l’Agence Ecofin, Ayo Adepoju, directeur financier du groupe. 

Ce mécanisme vise à éviter une dilution immédiate pour les actionnaires actuels, tout en donnant de la souplesse financière au groupe. Selon le plan validé, les titres seront ouverts à 100 investisseurs prioritaires sur la base du principe "premier arrivé, premier servi", puis aux autres parties intéressées.

Selon le plan validé, les titres seront ouverts à 100 investisseurs prioritaires sur la base du principe "premier arrivé, premier servi", puis aux autres parties intéressées.

Malgré un total de capitaux propres consolidés de 1,18 milliard $ à fin décembre 2024 (dont environ 1,02 milliard attribuable aux actionnaires du groupe), Ecobank reste freiné par un report à nouveau historiquement négatif de 1,56 milliard USD (en raison des pertes dans le passé), ainsi que par des effets de change défavorables qui ont réduit la valeur de ses autres réserves. 

« Le capital que nous détenons actuellement soutient notre portefeuille d’actifs existant. Mais pour croître, nous devons l’augmenter », a confié à l’Agence Ecofin Ayo Adepoju. « Nous générons du profit, mais pas encore à un niveau suffisant pour financer seuls nos ambitions de développement. C’est pourquoi nous avons besoin d’un complément externe,» ajoute-t-il.  « L’objectif est de mettre Ecobank en meilleure posture sur le plan du capital, pour accompagner notre croissance future et maintenir la confiance des régulateurs », continue Ayo Adepoju. 

« Le capital que nous détenons actuellement soutient notre portefeuille d’actifs existant. Mais pour croître, nous devons l’augmenter », a confié à l’Agence Ecofin Ayo Adepoju.

ETI entend ainsi préserver sa capacité à financer l’expansion de ses activités – notamment l’intermédiation auprès des PME, des particuliers et des États – dans un environnement bancaire africain où les pressions concurrentielles et réglementaires s’accentuent. 

Pourquoi Ecobank veut se renforcer malgré des indicateurs flatteurs

Pour accompagner sa levée de fonds hybride, Ecobank a dû faire évoluer ses règles du jeu. Lors de l’Assemblée générale extraordinaire, le groupe a obtenu l’amendement de l’article 8.10b de ses statuts, qui jusque-là obligeait tout actionnaire qui franchit le seuil de 24,99 % du capital à lancer une offre publique d’achat (OPA) sur l’ensemble des actions restantes.

imag1Jusque-là la règle obligeait tout actionnaire qui franchit le seuil de 24,99 % du capital à lancer une OPA sur l’ensemble des actions restantes.

Une règle censée protéger les minoritaires d’une prise de contrôle rampante. Désormais, cette disposition ne s’appliquera plus si ce dépassement résulte de la conversion de titres hybrides, comme ceux de l’émission. Autrement dit, un investisseur qui verrait sa part bondir mécaniquement — sans rachat direct d’actions — ne sera plus contraint de déclencher une OPA.

Une dérogation technique ? Pas uniquement. Elle ouvre la voie à une montée en puissance potentielle de certains actionnaires stratégiques — comme le sud-africain PIC (15,03 %), Qatar National Bank (12,48 %) ou même Nedbank (4,45 %) — sans friction réglementaire. Il s’agit de rassurer les souscripteurs et d’éviter tout blocage juridique. Sur place, certains actionnaires y voient un assouplissement qui affaiblit les garde-fous de gouvernance et pourrait, à terme, favoriser une recomposition discrète de l’actionnariat. Un équilibre subtil entre flexibilité financière et pouvoir de marché, que le Conseil d’administration assume comme un passage obligé pour faire entrer ETI dans un nouveau cycle de consolidation.

Mais derrière cette révision statutaire, c’est une lecture plus fine de l’anticipation stratégique du risque qui se profile.

Sur le papier, les ratios de solvabilité du groupe semblent confortables, avec un CET1 supérieur aux exigences minimales dans la quasi-totalité des juridictions, et un Return on Tangible Equity (ROTE) à un niveau record de 32,7 %. « Les ratios d’Ecobank sont bons actuellement, ils semblent bénéficier d’un bon coussin. Ce qui rend d’autant plus intéressante la décision du top management d’anticiper un renforcement via capital hybride », estime un analyste financier basé à Abidjan.

Mais derrière cette robustesse apparente, plusieurs signaux de prudence transparaissent. Environ 70 % du portefeuille de crédits est jugé totalement sain, mais près de 30 % présentent divers degrés de risque, selon le rapport annuel. Et environ 9 % de prêts dits performants sont déjà placés sous surveillance étroite, signe que certaines poches de risque émergent, notamment dans des filiales exposées à une forte volatilité macroéconomique (Zimbabwe, Nigeria, RDC).

Environ 9 % de prêts dits performants sont déjà placés sous surveillance étroite, signe que certaines poches de risque émergent.

« Cela explique en partie la prudence du management. D’autant que les dépôts, qui représentent près de 63 % du passif total du groupe, sont sensibles à toute perte de confiance, surtout dans un environnement où la liquidité peut se tendre rapidement », ajoute la même source.

Retour d’ascension aux actionnaires institutionnels 

Autre élément important : le coût du capital. Ce type d’instrument AT1, bien qu’inscrit en fonds propres réglementaires, n’est pas gratuit. Les deux dernières émissions d’euro-obligations du groupe – 400 millions $ en octobre 2024 et 125 millions $ en mai 2025 – ont servi des coupons supérieurs à 9 %, ce qui donne une idée des rendements exigés aujourd’hui par les investisseurs pour financer le risque africain, même sur un acteur aussi bien noté qu’Ecobank.

«L’AT1 (Additional Tier 1) étant un instrument de capital plus risqué que la dette senior comme les eurobonds, il devrait logiquement offrir un rendement au moins équivalent, voire plus élevé que 10 %, pour attirer les investisseurs», ajoute notre analyste. Une opération qui pourrait créer de la valeur pour certains investisseurs stratégiques, sans nécessairement bénéficier à l’ensemble des actionnaires actuels.

Une opération qui pourrait créer de la valeur pour certains investisseurs stratégiques, sans nécessairement bénéficier à l’ensemble des actionnaires actuels.

« Même si ETI parle de 100 investisseurs stratégiques prioritaires, cela reste un placement privé dans un contexte africain complexe, où la profondeur du marché des AT1 est très limitée. Cela renforce le pouvoir de négociation des souscripteurs. »

Un retour attendu au dividende

Cette levée de fonds vise aussi à créer les conditions d’un retour progressif au versement de dividendes, en dents de scie depuis plusieurs années, malgré des résultats en forte amélioration, rassure le Président du conseil d’administration, Papa Madiaw Ndiaye, qui faisait son baptême de feu. En 2024, le groupe a affiché un bénéfice net record de 494 millions de dollars, mais aucun dividende n’a été versé aux actionnaires d’ETI, au grand dam de plusieurs investisseurs de longue date.

En 2024, le groupe a affiché un bénéfice net record de 494 millions de dollars, mais aucun dividende n’a été versé aux actionnaires d’ETI, au grand dam de plusieurs investisseurs de longue date.

« J’ai investi dans Ecobank dès 1984, je fais partie des fondateurs, mais depuis plusieurs années, nous ne recevons plus de dividendes. Je suis venue vous demander pardon, c’est l’argent de ma retraite », fustige une actionnaire togolaise. « Je ne suis pas venu ici vous féliciter », lance un autre actionnaire, tout nouveau retraité, visiblement irrité.

Papa Madaw Ndiaye a tenté de rassurer les participants : « Notre objectif n’est pas d’éviter les dividendes. Nous voulons les rétablir dès que possible, mais sans compromettre notre solidité financière. » Même son de cloche chez son Directeur Général, Jérémy Awori : «Nous sommes pleinement conscients des attentes de nos actionnaires. Notre ambition est de restaurer la capacité de distribution de dividendes de manière durable.»

Mais le mécontentement reste palpable. Une actionnaire sénégalaise, venue avec une délégation de Dakar, n’a pas caché son scepticisme face à la stratégie du groupe. Il faut dire que le manque de politique de redistribution a un impact direct sur la perception de la valeur du titre.

Et ce, malgré des fondamentaux solides : 22 filiales sur 33 ont versé un total de 217 millions de dollars de dividendes à la société mère en 2024, en hausse de 22 % par rapport aux 178 millions de dollars versés déjà en 2023. Et le ROTE (Return on Tangible Equity) qui mesure la rentabilité nette générée pour chaque dollar de fonds propres investis par les actionnaires a atteint un niveau record de 32,7 %, contre 24,9 % en 2023. Pourtant, la capitalisation boursière du groupe a chuté à 447 millions de dollars au 31 décembre 2024, en baisse de 21 % sur un an, notamment sous l’effet de la dévaluation du naira nigérian.

Pourtant, la capitalisation boursière du groupe a chuté à 447 millions de dollars au 31 décembre 2024, en baisse de 21 % sur un an, notamment sous l’effet de la dévaluation du naira nigérian.

Avec une valeur comptable des fonds propres de 1,08 milliard de dollars, le titre ETI se traite à une décote marquée, soit 0,43 fois sa valeur comptable, selon les données du rapport annuel. Une situation paradoxale, qui continue de nourrir le malaise d’une partie des plus de 600 000 petits porteurs.

Le cas Nigeria : un poids toujours problématique

L’annonce de la levée de fonds intervient alors que certaines filiales, notamment Ecobank Nigeria, continuent de poser problème. Bien que représentant environ 18 % du total des actifs du groupe, la filiale nigériane n’a versé aucun dividende depuis cinq ans et n’a dégagé en 2024 qu’un résultat avant impôt de 5 millions de dollars, contre 345 millions pour la seule zone UEMOA.

Bien que représentant environ 18 % du total des actifs du groupe, la filiale nigériane n’a versé aucun dividende depuis cinq ans et n’a dégagé en 2024 qu’un résultat avant impôt de 5 millions de dollars, contre 345 millions pour la seule zone UEMOA.

Pire : ETI a dû injecter 10 millions de dollars en urgence dans sa filiale nigériane afin de satisfaire aux nouvelles exigences de capital de la Banque centrale du Nigeria, bien avant l’échéance réglementaire de 2026. Le rapport annuel évoque une restructuration en cours, articulée autour de la réduction de l’exposition au dollar, du recentrage stratégique sur les PME et les clients particuliers, et de la digitalisation, avec le lancement d’une nouvelle application bancaire.

Mais les résultats de cette stratégie tardent à se concrétiser, et les coûts exceptionnels restent élevés : 159 millions de dollars de dépréciation de goodwill liée au rachat d’Oceanic Bank, 44 millions de frais juridiques et de restructuration à l’échelle du groupe, et 61 millions de pertes de change principalement dues à l’hyperinflation au Zimbabwe et au Soudan du Sud.

Fiacre E. Kakpo

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